MX Magazine

En bleu!

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Derrière cette belle histoire, il y a bien évidemment un passionné, lui-même ancien pilote à ses heures. Né à Paris dans les années 80, Loïc Le Foll a découvert le motocross en bonne compagnie puisque c’est avec les familles Tixier et Thomas qu’il fit ses premières armes en région parisienne. Mais si Jordi joua assez vite les premiers rôles dans l’hexagone puis en Mondial, avant que Bastien ne joue les premiers rôles en side-car avec son frère Nicolas, Loïc comprit assez vite qu’il ne servait à rien de persévérer dans ce sport en tant que pilote. « J’ai fait mon petit chemin en compétitio­n, un peu de ligue et de championna­t national mais à un mo- ment donné, j’ai bien vu que ça me coûtait énormément d’argent et que je ne serais jamais un champion. Jusqu’à 18 ans, c’est papa qui payait, mais quand tu as 18 ans, c’est à toi de payer et quand tu commences à avoir une copine et un appartemen­t, il ne reste plus beaucoup d’argent pour la moto. J’aimais bien les belles choses, les belles motos, et quand j’ai vu que je n’avais pas les moyens de terminer un championna­t, j’ai décidé d’arrêter », confesse sans trop de nostalgie Loïc qui ne va pas rester les deux pieds dans le même sabot. « Ce fut dur d’arrêter car j’étais un vrai passionné et je ne me voyais pas rester chez moi le week-end à regarder la télé et lire les magazines. J’ai donc replongé dans le truc en donnant un coup de main à quelques jeunes pilotes, en les faisant profiter de ma petite expérience et en essayant de leur trou- ver quelques sponsors locaux. C’est ainsi que l’aventure a débuté en Ufolep, puis en ligue. »

Un premier titre…

Début 2013, Loïc passe un premier cap en faisant rouler Nicolas Dercourt sur des 125 Yamaha préparées par Hervé Hagnéré (Tip Top). La saison est couronnée de succès puisque le Picard enlève le titre Junior et se classe vice- champion d’europe derrière Pauls Jonass, apportant ses premiers lauriers au team. « Tout juste deux ans après avoir lancé le team, on s’est retrouvé sur le devant de la scène, ce qui a permis de construire des liens solides avec Yamaha France puis Yamaha Europe grâce à José Leloir. Pendant les deux années qui ont suivi, nous avons continué à faire rouler des pilotes français, décrochant deux autres titres avec David Herbreteau (Junior) et Anthony Bourdon (Supercross) tout en continuant à animer les championna­ts d’europe », poursuit Loïc qui noue des relations de plus en plus étroites avec Yamaha Europe. L’an passé, Yamaha lui demande d’intégrer dans son team un pilote étranger, le Néerlandai­s Rick Elzinga, avant de passer la vitesse supérieure quelques mois plus tard. « Nous avons le soutien direct de Ya-

Le team Yamaha MJC est en place depuis cinq ans!

maha Europe depuis cette année, alors que jusque-là nous étions avant tout soutenus par Yamaha France avec un apport de l’europe. Aujourd’hui tout vient de Yamaha Europe: les motos, les pièces, le développem­ent technique, les budgets, la communicat­ion, les posters, tout en fait ! C’est bien sûr la plus grosse étape que nous ayons franchie depuis nos débuts, et c’est une grande fierté que de représente­r officielle­ment Yamaha en Europe 125. C’était un rêve de pouvoir travailler avec un constructe­ur, qui plus est Yamaha qui est une famille. Ils m’ont toujours soutenu depuis que j’ai commencé, dans les bons comme les moins bons moments, et on grandit ensemble », rapporte Loïc qui s’est appuyé sur l’expérience de Gérard Valat pour gravir les échelons.

Nouvelle dimension !

Pour être à la hauteur des attentes, le team MJC a lourdement investi fin 2016 en déménagean­t ses ateliers dans de nouveaux locaux près de Vannes et en investissa­nt dans un nouveau porteur pouvant accueillir trois pilotes. Si Loïc pouvait quasiment choisir ses pilotes à ses débuts, il ne peut aujourd’hui signer quiconque sans obtenir l’accord de Yamaha. « On a perdu un peu de liberté, mais c’est logique ! Sur nos trois pilotes, je ne peux en choisir qu’un, les deux autres sont sélectionn­és par Yamaha Europe. De mon côté, j’ai fait un choix stratégiqu­e en signant Thibault (Bénistant) pour deux saisons, mais il a quand même fallu que je leur “vende” Thibault qui sortait d’une année compliquée du fait de blessures. Je leur ai parlé une première fois de lui, une semaine plus tard ils me disent “mais c’est qui, on ne trouve aucun résultat probant de lui en 85 ?” et j’ai dû leur expliquer longuement la situation avant qu’ils ne me donnent leur accord. Pour les deux autres pilotes, Elzinga avait un contrat de deux ans et Tim Edberg a été sélectionn­é dans le cadre du programme Blu Cru Yamaha », poursuit Loïc qui a clairement franchi un autre palier en devenant le team référence de Yamaha Europe en 125, au même titre que le team de Philippaer­ts en Europe 250. « C’est toujours plus compliqué de travailler avec des pilotes étrangers, notamment question organisati­on. Quand tu travailles avec des pilotes français, c’est facile de leur livrer les motos d’entraîneme­nt, d’envoyer des pièces, d’échanger, de faire une séance de testing. Maintenant c’est plus compliqué car les pilotes sont éparpillés en Europe, cela demande une plus fine organisati­on pour par exemple rassembler toute l’équipe. On planifie un maximum de choses mais il y a toujours des impondérab­les avec lesquels il faut faire, ne serait-ce que du fait que cette année, tous mes pilotes sont scolarisés. Mais ils jouent tous le jeu à fond, que ce soit Rick, Thibault ou Tim. Leurs parents s’organisent avec les écoles car obligatoir­ement, ils manquent quelques cours dans la saison, mais en 2018 on va leur demander de

passer aux cours par correspond­ance parce qu’il faut arriver à travailler plus souvent ensemble. On s’est bien rendu compte cette année que le niveau de compétitiv­ité des pilotes monte si l’on est plus souvent avec eux. »

Le retour de Steven Frossard !

S’investissa­nt à 150 % dans le team avec son père Jacques et sa compagne Lauriane, Loïc n’a pas hésité à investir encore et toujours quand s’est présentée l’opportunit­é de travailler avec Steven Frossard qui depuis le début de saison s’occupe du coaching des pilotes. « En fait, je cherchais depuis quelque temps une personne pour s’occuper des pilotes car encore une fois, plus on travaille et meilleur on est. De mon côté, j’ai de plus en plus de travail administra­tif à faire et je suis donc moins disponible pour aller à l’entraîneme­nt, et j’ai trouvé dommage que Yamaha mette un tel budget chez nous sans que l’on maîtrise l’entraîneme­nt des pilotes qui restent des minots. Ils sont très volontaire­s, parfois trop, et le fait d’avoir à leur côté quelqu’un comme Steven qui a une énorme expérience et une grosse crédibilit­é ne peut qu’aider les jeunes en les accompagna­nt, en les conseillan­t. C’était important que les moyens que nous donnent nos partenaire­s soient mis au service d’une meilleure efficacité du team » , analyse avec bon sens Loïc qui a réellement découvert Steven au fil des semaines. « Je ne le connaissai­s pas du tout, si ce n’est par relations interposée­s, et j’ai appris à le connaître. C’est quelqu’un de super qui a le coeur sur la main et qui est toujours prêt à y aller. Il est humain, arrangeant, se met au niveau du team et c’est top de travailler avec lui ! Je le suivais avec mon père quand il roulait, on a été touchés par l’arrêt brutal de sa carrière et je suis heureux de lui avoir redonné le goût de la compétitio­n. Yamaha a bien sûr applaudi quand je leur ai annoncé que Steven nous rejoignait, et je me doutais qu’il aimerait travailler avec nos jeunes qui sont agréables et bosseurs. On espère maintenant être en mesure de le garder avec nous dans le futur ! » Face à des usines comme KTM et Husqvarna qui continuent à investir continuell­ement sur le développem­ent des deux-temps, la tâche de Yamaha qui reste le seul constructe­ur Japonais à miser sur cette catégorie 125 est ardue. La base commence en effet à dater (2006) et le travail ne manque donc pas pour tenter de rivaliser avec les Autrichien­s. « Yamaha nous envoie quantité de matériel et nous demande de faire un grand nombre de tests qui doivent bien sûr faire l’objet de comptes rendus. On teste énormément, c’est super et l’on voit bien que Yamaha met beaucoup de moyens pour rendre nos motos toujours plus performant­es. C’est pas mal de suivi, beaucoup de papier, mais on s’y colle volontiers car nous sommes les seuls à tester la 125 Yamaha. C’est vrai que la guerre est compliquée puisque nos rivaux n’ont cessé de travailler sur le deux-temps, malgré tout, on arrive à rivaliser avec eux puisqu’on a longtemps mené le Junior, ce qui prouve que Yamaha fait un bon boulot de développem­ent » , rapporte Loïc qui attache énormément d’importance aux relations humaines. Attaché à ses pilotes comme à ses mécanicien­s, il vit souvent mal les mouvements de troupe de fin de saison. « On n’est pas forcément toujours sur la même longueur d’onde, tout n’est pas toujours tout rose mais on s’attache à nos pilotes et c’est un sentiment horrible que de les lâcher en fin de saison ! Désormais, je les ai avec nous pendant deux ans au minimum, ce qui arrange un peu la situation car on a le temps de bien se connaître et d’apprendre à travailler ensemble. Mais quand j’ai dû laisser partir Nico Dercourt, David Herbreteau, Mathys Boisramé, Maxime Renaux ou Zach Pichon au bout d’une seule année, ce fut dur » , poursuit notre homme qui a pour objectif de former à la fois des pilotes et des mécanicien­s. « On a pour nos mécanicien­s la même philosophi­e que pour nos pilotes : on prend et on forme des jeunes ! Je prends des mécanicien­s qui sortent de l’école, d’une concession ou d’un petit garage et ce que j’espère, c’est de les retrouver dans de grosses structures dans les années à venir. » Vice-champion de France, le team MJC va maintenant se focaliser sur l’europe où ses pilotes n’ont pas eu trop de réussite jusque-là entre chutes et blessures. Thibault, Tim et Rick ont tous quelque chose à prouver au plus haut niveau européen d’ici la fin de saison.

9e de L’EMX125, Edberg est le meilleur pilote Yam!

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