MX Magazine

72h au Canada avec

CP377

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L’entraîneme­nt le jeudi avant la course…

« Je roule au moins une fois par semaine entre les courses, en général le mardi. Les circuits où se déroulent les courses ferment 72 heures avant l’épreuve et le mardi est donc le der- nier jour où l’on peut y aller. Je fais un ou deux tours d’essai et deux manches de 30 minutes. Ça me permet d’apprendre la piste en même temps que je travaille mon physique. »

La coupe du monde de VTT de descente en spectateur…

« Il y avait une épreuve de Coupe du monde de DH à une heure du circuit, on en a profité pour y faire un tour. J’ai bien aimé. C’est impression­nant de voir des gars aller aussi vite sans moteur. Là, t’entends surtout le bruit des pneus sur la terre, la chaîne… C’est vraiment beau, technique, rapide. »

Ton nouveau joujou…

« J’ai découvert le vélo électrique cet hiver et j’ai fait tout mon entraîneme­nt avec ça cette année. Je faisais 3/4 sor- ties par semaine avant la saison et trois entraîneme­nts moto. Pendant la saison, comme je passais pas mal de temps en voyage, je roulais le mardi et je faisais du VTTAE le mercredi et le jeudi. J’ai été surpris du résultat de cette méthode d’entraîneme­nt. Je n’ai pas eu un coup de pompe de la saison durant les manches. C’est vraiment génial, tu retrouves les sensations de la moto, mais en fonction du mode d’assistance que tu choisis, il faut pousser quand même pas mal sur les jambes. C’est idéal pour respecter parfaiteme­nt les intensités de travail que tu t’es fixé. »

La petite soirée le vendredi avant la course…

« Ça nous arrivait de le faire aux US, mais c’est sûr que là, sur ce championna­t, c’est encore plus relax. On a bien mangé, on a bu un peu de vin. Le tout dans une super ambiance. C’est sûr que j’ai rarement fait ça dans d’autres teams. Ça se fait surtout parce que Bobby Hewitt n’est pas seulement mon boss mais aussi mon ami. »

Bobby Hewitt le boss du team…

« C’est un ami et l’on se régale tous les deux. C’est vraiment agréable d’avoir quelqu’un comme ça à tes côtés qui te supporte dans les bons mais aussi les mauvais moments. Il a compris qu’avec mes soucis de cervicales, il y a eu des périodes où ce n’était pas facile pour moi de rouler. Bobby se met vraiment à ma place et c’est top ! Il sait que je fais de mon mieux. On se régale quand il vient sur les courses. On passe pas mal de temps ensemble. Il ne te juge pas directemen­t. On a eu une bonne relation dès le début. On a encore fait de belles choses ensemble cette année. Les bonnes personnes sont difficiles à trouver dans ce milieu et il est clairement la meilleure de toutes celles avec qui j’ai été amené à travailler. Chez PC, je n’ai jamais eu de problème. Dans les plus petits teams, ça a été parfois plus compliqué. Les gens ne te donnent pas toujours l’argent qu’ils te doivent. »

Les rapports avec les autres pilotes US…

« On est au Canada, c’est assez cool, c’est un peu comme sur le championna­t de France. Comme je pourrais parler à Soubeyras, là, je parle à Mike Alessi, à Kyle Chisholm. Ça se passe bien. On déconne même des fois un peu sur la grille. C’est super. En piste,

« J’ai tellement d’années de MX derrière moi que je pourrais partir direct pour une manche… »

c’est plus calme. On a tous passé l’âge de faire n’importe quoi et de se faire mal. Kyle habite à une heure de chez moi en Floride, je le connais bien. On se retrouve assez souvent ensemble à l’entraîneme­nt. »

Adrien De Alexandris, un Français à la tête d’husqvarna Canada…

« Quand on a décidé de faire le championna­t du Canada, je ne savais même pas qu’il y avait un Français à la tête de la marque ici. Les budgets pour moi viennent des US. C’est avant le début du championna­t qu’adrien m’a appelé. C’est lui qui m’a mis en contact avec Jean-sébastien Roy. C’est en partie grâce à lui que l’on a passé de si bons moments au Canada. C’était une bonne surprise. »

La boue…

« La boue ne me dérange pas, ça m’a plutôt réussi dans ma carrière. Mais c’est vrai que jusqu’à ce que je fasse le tour de la piste à pied, ici à Deschambau­lt, je ne pensais pas que c’était si mou. C’est plus le côté aléatoire de ces conditions qui me gêne surtout qu’au Canada sur le sec, je sais que je suis régulièrem­ent dans le top 3. »

La séance unique d’essai…

« En principe, il y a deux séances d’essai, une libre et une chrono. Mais la première ne sert en fait pas à grandchose et là, comme il y avait beaucoup de boue, il n’y a eu que les chronos. J’ai fait un tour doucement, un tour vite d’entrée et j’ai signé direct la pôle. J’ai refait un deuxième tour pour le fun, mais je n’ai pas amélioré. J’aurais pu arrêter après le deuxième tour. J’avais déjà roulé sur cette piste deux semaines avant. Je la connaissai­s bien. Je n’avais pas besoin de faire beaucoup de tours même si les conditions n’avaient rien à voir. Ça peut paraître incroyable pour un amateur mais dans la boue, il n’y a généraleme­nt qu’une trace. Il n’y a qu’à suivre cette ligne et si tu ne te loupes pas et que tu ne te fais pas gêner, ça marche. De toute façon après, la moto se charge et tu ne peux plus améliorer. J’avais fait mes deux manches le jeudi, je savais que je les tenais et que je n’avais pas besoin de faire vingt tours aux essais. J’ai tellement d’années de moto derrière moi que je pourrais partir direct pour les manches sans aucun tour d’essai. »

Le produit que tu te mets régulièrem­ent sur les cervicales…

« C’est un anti-inflammato­ire. Mes cervicales sont consolidée­s mais les douleurs persistent, c’est normal. Il y a beaucoup d’inflammati­on autour des disques à cause des impacts de la moto. Je me passe de cette crème après chaque roulage, je me fais masser et je m’étire… Ça me soulage mais malgré tout, ça reste sensible, il va falloir un an ou deux pour que je ne ressente plus rien. Depuis mon grave ac-

cident en 2007, je n’ai jamais roulé à 100 %. J’ai gagné mes championna­ts aux US alors que je n’étais pas au top ! J’avais mal au ventre, j’avais pas mal de problèmes de santé. Mais j’arrive à rouler vite sans utiliser beaucoup mon physique. L’année dernière, je me suis par deux fois blessé aux cervicales et j’ai senti que je n’étais pas passé loin de la catastroph­e. Au début, je ne pouvais plus trop bouger. Il ne faut pas pousser trop loin la limite. J’ai pris de sacrés coups et il n’y a pas que la moto dans la vie. C’est parce que je suis capable de rouler devant sans prendre de risques que je suis encore là. »

L’analyse des manches MX2…

« Que ce soit aux US sur les SX, les outdoors ou là au Canada, je regarde toujours avant de partir pour ma manche le live des courses MX2 sur mon téléphone. Tu vois beaucoup mieux qu’en allant sur la piste. Tu peux analyser les différente­s traces, ça m’aide vraiment. Je regarde généraleme­nt la manche en entier et comme ça, une fois que je me retrouve sur la moto pour ma course, je connais vraiment la piste par coeur. Ça m’aide à trouver tout de suite les bonnes lignes. Aux US, on regardait les manches MX2 avec Jason Anderson mon coéquipier. Mais lui partait toujours se préparer avant la fin. Moi j’étais relax et je regardais vraiment jusqu’au bout. »

La première manche…

« Je ne suis pas super bien parti. C’est dommage parce que dans la boue, un bon départ c’est 80 % du résultat. Je me suis battu pour remonter mais ce n’était pas évident. Il n’y avait qu’une trace. C’était compliqué. J’en prenais plein les lunettes. Il y avait 5/6 pilotes qui roulaient bien. Certains connaissen­t les pistes par coeur. Les pistes ne se défoncent pas trop, c’est pas facile de faire la différence. Même quand je pars devant, j’ai souvent du mal à creuser l’écart. Les gars se battent. »

La 2 e manche…

« J’ai gardé la même place sur la grille complèteme­nt à l’intérieur et je suis parti un peu mieux. Je partais bien au

« Goerke est le pire pilote avec lequel je me suis battu sur un championna­t… »

début du championna­t et moins bien à la fin. Il aurait fallu que j’en refasse à l’entraîneme­nt pour peut-être ajuster un peu ma position et les réglages du kit de départ. Comme je n’étais pas dans une période où je réussissai­s mes départs, ma place à l’intérieur était la plus sûre. Sur cette 2e manche, je suis parti 4, j’avais la possibilit­é de gagner mais ça roulait bien devant et c’était compliqué à dépasser. »

Le gros saut…

« Je l’avais fait sur le sec à l’entraîneme­nt, ça passait bien. Là, il fallait un peu plus tirer dans le gras. Il faisait bien 35 mètres. Tant qu’il n’arrive rien sur ce genre d’obstacle c’est beau, mais c’est vrai que c’était un peu chaud. C’est un des plus gros sauts que j’ai fait cette saison. Il y a un risque à sauter, c’est évident, mais si je ne saute pas, je perds trop de temps pour espérer me battre pour le podium. Ça ne sert à rien de rouler si je ne suis pas capable de prendre ce genre de risque. En même temps, par rapport à mon niveau de pilotage, je ne prenais pas tant de risques. J’enclenchai­s la trois longtemps avant l’appel, il y avait donc peu de risque pour que la vitesse saute. Je savais que c’était à fond trois et sans souci mécanique, il n’y avait pas vraiment de danger. C’était un truc tout droit un peu bourrin. »

La rivalité avec Matt Goerke…

« Ça a été assez chaud avec lui. C’est même le pire pilote avec lequel je me suis battu dans un championna­t. Il n’a aucun respect pour moi. Il ne m’a jamais parlé, jamais serré la main sur un podium. C’est vraiment pas un mec sympa. Je l’ai un peu touché lors d’un dépassemen­t sur cette avant-dernière épreuve et il a pété un câble. Il a traité ma mère de tous les noms, il m’a insulté au passage, c’est vraiment inac-

ceptable. On s’est retrouvé ensemble le lendemain à l’aéroport puisqu’on était sur le même vol et il a voulu me taper dessus à l’arrivée. Je ne voulais vraiment pas me battre sur le sol US, je ne veux pas avoir de soucis, surtout pour un championna­t canadien. Aux US, si tu te bats tu peux te retrouver en prison. Et si tu te bats dans un aéroport, tu ne peux pas prendre l’avion pendant cinq ans. J’ai essayé d’être plus intelligen­t que lui. »

Ton mécano Damon…

« Mon mécano US voulait continuer aux US alors le team a embauché un nouveau mécano, Damon Conkright, pour me suivre sur ce championna­t. J’avais déjà travaillé avec lui en 2009 chez Pro Circuit. Il s’occupait alors du banc d’essai chez Mitch. Je le connaissai­s donc pas mal. Je savais qu’il était super cool. Il bossait dans un team en SX US qui ne faisait pas l’outdoor, alors il était libre pour l’été. »

Les fans au Canada…

« Les Canadiens francophon­es me suivent un peu plus que les anglophone­s. Ça fait plaisir. Mais c’est vrai qu’il y a bien moins de fans de motocross qu’aux US. On a donc plus le temps pour répondre à leurs demandes. Surtout que les courses sont plus relax. On a plus de temps entre les manches. On a pris l’habitude de donner le kit plastique à la fin de chaque épreuve. Les enfants adorent récupérer les plastiques au Canada. »

La complicité avec Sam, ta femme…

« Elle était plus investie dans le team sur ce championna­t. Elle connaît tout le monde. Elle m’aide aussi bien sûr. Elle gère mes rendez- vous. C’est énorme d’avoir quelqu’un sur qui tu peux compter pour y arriver. Et puis, il y a beaucoup de parcs nationaux à visiter au Canada, on en a profité pour faire un peu de tourisme. On a vraiment passé du bon temps. Entre deux week- ends de course, on a vu des beaux endroits, des lacs, des montagnes, de la neige… »

Le Canada…

« J’ai vraiment visité des endroits magnifique­s. La forêt de Banff, il y avait de la neige, des lacs, on a fait du vélo… Ça reste l’un des meilleurs endroits que j’ai visités. Québec, c’était aussi super. Tu peux trouver des trucs français. Tu te croirais un peu en France dans les petites villes. Mais il arrivait aussi qu’on débarque dans des villes pas terribles où il était difficile de dénicher autre chose que des fast-foods pour manger. Mais c’était globalemen­t super relax. On pouvait faire du tou- risme toute la semaine. Je prenais mon VTTAE pour visiter les parcs tout en faisant mon physique. À l’entraîneme­nt moto, chaque piste était nouvelle pour moi. Tout ça est hyper intéressan­t. »

Le titre pour Kurki…

« Je m’en fous que ce soit lui qui soit champion. Il a bien roulé. Ça fait plusieurs années qu’il fait ce championna­t. Il est costaud. Il a dû bien se préparer. Moi j’ai été malade sur une course, je suis tombé sur une autre, je me suis fait aussi disqualifi­er et au final, il n’a gagné qu’avec trois points d’avance alors qu’il n’a commis aucune erreur. Ce n’est pas un mauvais pilote, après son caractère, c’est autre chose. Il voulait absolument me couper en deux lors de la dernière course. J’étais deuxième au championna­t, je n’avais rien à perdre. Lui avait plus à perdre que moi à ce jeu. Au final, il a rien fait, il s’est dégonflé pour assurer son avance. Ce n’est pas comme ça que j’aurais roulé à sa place. Il gagne pour trois points. Il est content, il a eu son titre, mais il n’y a rien d’exceptionn­el. Mais je ne suis pas rancunier. J’ai terminé deuxième, j’ai quand même fait une belle saison. Économique­ment, ça ne change rien pour moi puisque les bonus étaient accordés jusqu’à la deuxième place. Je vais toucher quand même un peu moins que si j’avais eu le titre, c’est normal. Et puis c’est sûr que sportiveme­nt, j’aurais préféré gagner. »

La suite…

« Je n’ai pas encore pris ma décision. J’ai l’opportunit­é de repartir l’année prochaine sur ce championna­t canadien. Il pourrait y avoir en plus au programme des Arenacross et des endurocros­s au Canada. Je vais prendre le temps de me poser pour décider. Quand tout va bien, que mes cervicales ne me font pas souffrir, je me fais encore bien plaisir sur les courses. Mais il y a des jours où c’est plus compliqué parce que j’ai mal. J’ai fait beaucoup de bonnes choses dans ma carrière. J’ai gagné la dernière épreuve du championna­t cette année. J’aimerais bien terminer sur une bonne note. J’ai déjà eu mon compte de blessures, je ne veux pas prendre la décision d’arrêter sur un lit d’hôpital. Je vais bien peser le pour et le contre pour ne rien regretter. Arrêter les US a déjà été une décision difficile à prendre. Je sais que je serai encore compétitif l’année prochaine et c’est pour ça que ce n’est pas facile de prendre la décision d’arrêter. Il y a plein de belles choses à faire dans la vie sans la moto, je ne suis pas inquiet pour ça. Mais c’est vraiment difficile d’être sûr du bon moment pour arrêter. »

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 ??  ?? L’épreuve de la coupe du monde de DH du Mont Saint Anne s’est déroulée près du circuit.
L’épreuve de la coupe du monde de DH du Mont Saint Anne s’est déroulée près du circuit.
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 ??  ?? CP a arpenté de long en large la ville de Québec qu’il a particuliè­rement appréciée. C’est là qu’il s’est fait sa petite soirée sympa avec le boss du team.
CP a arpenté de long en large la ville de Québec qu’il a particuliè­rement appréciée. C’est là qu’il s’est fait sa petite soirée sympa avec le boss du team.
 ??  ?? Christophe Pourcel ne descend plus de son VTT électrique qu’il utilise pour son entraîneme­nt et le tourisme.
Christophe Pourcel ne descend plus de son VTT électrique qu’il utilise pour son entraîneme­nt et le tourisme.
 ??  ?? CP réussissai­t plutôt pas mal ses départs en début de saison, ça a été plus compliqué sur la fin du championna­t.
CP réussissai­t plutôt pas mal ses départs en début de saison, ça a été plus compliqué sur la fin du championna­t.
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 ??  ?? Au Canada, sans stress, CP a eu le temps de profiter de ses fans.
Au Canada, sans stress, CP a eu le temps de profiter de ses fans.
 ??  ?? Sam et Christophe sont désormais mariés. Une raison de son bien-être…
Sam et Christophe sont désormais mariés. Une raison de son bien-être…

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