MX Magazine

Blockpass

L’oeil de dirt dictator…

- Par Xavier Audouard

L’ élite actuelle de notre sport tient clairement la comparaiso­n avec les meilleures génération­s passées. La preuve, côté GP, deux pilotes – Antonio Cairoli et Jeffrey Herlings – sont en chasse des records « historique­s » de Stefan Everts. Et côté US, les observateu­rs débattent du fait qu’eli Tomac soit le pilote le plus rapide de l’histoire – Ricky Carmichael mis à part, bien entendu… Une certitude, l’évolution des motos et circuits modernes fait que jamais les meilleurs n’ont tourné aussi vite autour d’un circuit de cross qu’aujourd’hui. Mais qui sont-ils ? Tentative de « top 10 du MX » au coeur de l’été 2018… Au top du top, il y a un « monstre » de chaque côté. Lorsque « tout se passe normalemen­t » (y compris en cas de mauvais départ, voire de chute), Herlings en GP et Tomac aux US s’imposent à tous leurs adversaire­s. Ils dis- posent en général d’un surcroît de vitesse pure (à l’occasion phénoménal­e) et d’une capacité à « pousser » jusqu’au drapeau à damiers les rendant quasiment imbattable­s. Leur style, similaire, est un mélange explosif d’agressivit­é (envers le terrain et, le cas échéant, leurs adversaire­s) et de technicité de pilotage. Plus « battants » que « stylistes » ils pilotent à l’énergie, à l’instinct et à l’ego (ce qui peut leur jouer occasionne­llement des tours). La prise de risque, parfois époustoufl­ante, fait partie intégrante du package. Ce sont des « tueurs » dotés d’une volonté en acier trempé : Herlings tentant de sauver un titre en roulant avec une fracture du fémur non consolidée, ça vous classe son gladiateur ! Et le retour de Tomac suite à deux épaules démolies lors du même crash (!) aussi. Lequel des deux est le meilleur ? Je vote Herlings. Tous deux n’ont pas de point faible connu par rapport au terrain de jeux mais Herlings est “next level” dans le sable, « le meilleur de tous les temps » Tous deux sont capables de grosses « cagades » en course mais il peut arriver à Tomac de, ponctuelle­ment, flancher mentalemen­t. Herlings, jamais. Lorsque le Batave est venu sur le terrain du Yankee lors de la finale de l’outdoor 2017, il a aussi démontré une vraie supériorit­é. Enfin, sa domination actuelle du classement mondial, en dépit d’une opération à la clavicule lui ayant fait rater un GP, surpasse celle de Tomac aux US qui a dû brièvement concéder sa plaque rouge à Marvin Musquin suite à divers soucis mécaniques et courses ratées. De toute évidence, leur rencontre au sommet et avec enjeu maximum sera un des pics des Nations de Red Bud en octobre prochain. D’autant que la quasi-totalité de nos top 10 devraient s’y retrouver ! À commencer par Cairoli qui, en réalité et compte tenu de son palmarès, pourrait joindre le duo de monstres ci-dessus et en faire un trio. Mais le serial world champ’ a dû peu à peu se plier, fut-ce sans abdiquer, à la supériorit­é de vitesse pure de son rivalcoéqu­ipier. Comme Marvin avec Tomac, il ne peut qu’occasionne­llement faire face à celle-ci, même en profitant de ses départs-canon. Depuis l’indonésie, il paraît plus handicapé par son pouce qu’herlings ne l’a été par sa clavicule depuis son retour (gagnant). Supérieure­ment solide, expériment­é et rusé, Tony me paraît assez clairement demeurer le 3e meilleur pilote de la planète. Hors Herlings, il domine le reste du pack GP. Derrière, je classe MM25. Je ne le vois pas moins rapide qu’antonio mais son palmarès reste vierge de titre(s) en 450. Ceci dit, lui aussi a su prendre l’ascendant sur le reste du plateau (US). Il n’a pas encore le brûlant fighting spirit de ceux qui le précèdent à mon classement mais il a sensibleme­nt haussé le ton cette saison. Sa technique ultra-fine est unique, y compris au sein de cette élite. Marvin est un merveilleu­x pilote qui tombe sur un os. Un truc à là Tortelli-carmichaël. Pour clore le top 5, le choix entre Ken Roczen et Tim Gajser relève de l’arbitraire. Deux pilotes au style très proche, les plus fluides et « classieux » du lot sans conteste. Tous deux reviennent aussi de lourdes blessures et se reconstrui­sent, course après course, à portée de fusil des meilleurs, parfois à leur contact. Tous deux sont d’excellents « starters » et ont une marge de progressio­n leur permettant d’envisager à terme ( mais quel terme?) recoller le top du podium. Du coup, nous sommes déjà au #7 et ça devient infernal ! Car forcément Romain Febvre est là, en attente du petit déclic qui remettra le chouïa de magie perdu au fil des blessures dans son pilotage. Idem pour Blake Bagett aux US. Et puis, si on a la vague sensation d’avoir vu le meilleur d’un Clément Desalle voire d’un Gautier Paulin, pour peu que les planètes s’alignent, ils restent de sacrés clients ! Pour Jason Anderson, c’est un peu l’inverse. Sa blessure a stoppé l’élan suscité par son titre SX mais son pilotage flamboyant a le potentiel pour le hisser plus haut à l’avenir en MX. Voilà qu’on a dépassé le top 10 ! Sans même évoquer un Justin Barcia ni un Jeremy Van Horebeek mais aussi bons soient-ils, je ne les vois pas supérieurs aux noms cités jusqu’ici. En termes de stats, ce top… 11 contient six pilotes du Mondial et cinq des US. Mais deux de ces derniers sont des « Euros », formés en GP. Tout comme le meilleur et le troisième au « scratch » qui courent le Mondial. L’amérique reste forte mais elle ne domine objectivem­ent plus le MX mondial, quand bien même elle reste favorite pour reconquéri­r les Nations.

« Les meilleurs n’ont jamais tourné aussi vite autour d’un circuit de cross qu’aujourd’hui. »

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France