MX Magazine

En quête de rebond!

Champion MX2 2015, vainqueur du MXGP l’année suivante et premier rider de l’histoire à faire triompher la 450 CRF, Tim Gajser sort de deux saisons bien moins productive­s. Entre blessures et manque de constance, le Slovène a perdu le contact avec Herlings.

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En 2016, Tim Gajser est entré dans l’histoire du MX mondial pour plusieurs raisons. Premier pilote à s’offrir le doublé MX2/MXGP dans la foulée, premier rider slovène à glaner un titre mondial en motocross, il s’est également illustré en étant l’homme qui a fait gagner le HRC dans la catégorie reine. Ce qui n’est pas rien pour un gamin de dix-neuf ans à l’époque ! Vite prolongé avec un contrat longue durée chez les reds, Tiga s’impose alors comme le nouveau phénomène du cross mondial. Son départ aux USA est déjà quasiment acté et son plan de carrière validé. Troisième rookie de l’histoire après Cairoli et Febvre à s’offrir le titre suprême en 450, son chemin vers la gloire sem- ble tout tracé. Notre homme va malheureus­ement déchanter lors des mois suivants…

Fin de la dynamique…

L’an dernier, après une préparatio­n sans anicroche, il aborde sa seconde saison MXGP en pleine confiance. Conforté dans son rôle de number one chez Honda, Gajser quitte la structure Gariboldi pour intégrer le HRC aux côtés d’evgeny Bobryshev. Deuxième derrière Cairoli au Qatar pour débuter son championna­t, septième de la manche unique disputée dans la boue indonésien­ne, il claque ensuite deux doublés consécutif­s en Argentine et au Mexique, avant de prendre la seconde place du GP d’italie et la cinquième à Valkenswaa­rd. Après six rounds, le champion en titre mène aux points devant son grand rival italien. Sur la lancée de son sacre, l’officiel Honda assume avec assurance son nouveau statut. Malheureus­ement pour lui, cette belle dynamique positive s’arrête brutale-

Champion du monde MXGP 2016, l’officiel HRC reste sur deux saisons décevantes…

ment dans les sables lettons de Kegums. Quatorzièm­e de la première manche après s’être pris une grosse tôle, il boucle dix tours dans la seconde puis abandonne après un nouveau crash violent. Signe du destin, ce jourlà, le 7mai 2017, Jeffrey Herlings remporte le premier GP de sa carrière en 450 en claquant un doublé imparable. On ne le sait pas encore, mais un passage de témoin vient de s’effectuer. En quittant la Lettonie, Gajser n’est plus en rouge et accuse un déficit de dix-sept points sur le nouveau leader Cairoli. Quelques heures plus tard, Honda communique sur la situation physique de son champion du monde. Le garçon est froissé, mais plus de peur que de mal, il sera au départ du GP d’allemagne quinze jours plus tard. Victime d’une nouvelle chute lors des qualifs, TG243 serre les dents sans pouvoir faire mieux que douzième et septième des deux manches. Présent en France mais loin d’être à 100 %, le pilote Honda chute de nou- veau le samedi et doit en rester là pour le week-end. Touché à l’épaule, il déclare également forfait pour le GP de Russie. Ses espoirs de conservati­on de titre s’envolent en fumée à l’heure où Herlings prend son envol ! Depuis cette blessure, Gajser n’a jamais retrouvé le feu sacré. De retour l’an passé pour disputer les neuf derniers rounds, il réussira finalement à gagner trois manches et le GP de Suède avant de conclure sur une seconde place à Villars-sous-écot. Cinquième du Mondial, l’officiel Honda a prouvé une fois de plus que le plus dur était toujours de confirmer. Auteur dans la foulée d’un MXDN correct (2/5), il s’envole ensuite vers les USA pour s’aligner au départ de la Monster Cup. Une expérience qui va se terminer plus vite que prévu après une nouvelle grosse erreur sur un enchaîneme­nt. Sa saison 2017 s’arrête là-dessus…

Mâchoire cassée pour débuter !

Revanchard après une saison finalement très loin de ses objectifs, Gajser attaque 2018 avec l’ambition de retrouver le haut du tableau. Là encore, une grave blessure lui coupe l’herbe sous le pied avant même le premier GP. Sonné lors d’une chute en championna­t d’italie, il se relève avec une mâchoire fracturée quelques jours seulement avant l’ouverture de la saison en Argentine. La messe est dite, le double vainqueur du GP de Neuquen ne pourra pas défendre ses chances. Pour lui comme pour le HRC, le pire scénario se produit. La saison n’a pas commencé que le Slovène sait déjà qu’il ne pourra pas jouer le titre mondial 2018. Sur le podium pour la première fois de l’année au Portugal (3e) lors du cinquième GP, il récidive ensuite en Allemagne (2/2) en terminant à 16 puis 28 secondes d’herlings. Il y a du mieux, mais sa vitesse de pointe n’est pas suffisante pour inquiéter le nouveau monstre de la catégorie, d’autant qu’il chute encore trop souvent que ce soit aux essais ou en course. Plutôt bon depuis l’indonésie, Gajser roule de nouveau devant sans pour autant sembler capable d’élever son niveau pour contrer la KTM #84 sans parler de la #222. À seulement 22 ans, tous les espoirs sont toujours permis, mais il ne faut plus perdre de temps et surtout sortir de cette mécanique de pépins physiques. L’an prochain, TG243 attaquera donc sa quatrième année de MXGP au guidon de la CRF HRC avec son père

omniprésen­t dans les pattes ! Si Bogo a permis à Tim d’arriver au plus haut niveau au prix d’incroyable­s sacrifices d’une famille qui a tout misé sur lui, il garde la main sur son fils qui ne parvient pas à prendre son indépendan­ce à un âge où l’on aimerait être autonome. Surtout quand on a trouvé l’âme soeur. Tim n’aura pas d’autre choix que de rebondir. Et après avoir mis ses envies américaine­s entre parenthèse­s pour l’instant, c’est bien au départ du Mondial qu’il sera dans six mois. Le principal intéressé reste confiant : « J’ai retrouvé peu à peu ma vitesse et je pense que je peux encore monter de rythme. Je commence à revenir régulièrem­ent sur le podium, je continue à bosser fort et je vois que les résultats suivent. Ce qui est encouragea­nt. Chaque année le niveau du MXGP monte. Et à chaque fois qu’un top pilote MX2 arrive dans la catégorie, il participe à cette élévation du niveau et c’est vraiment dur d’être devant. Jeffrey a vraiment haussé le niveau du MXGP. Personnell­ement, je pense que j’ai la vitesse pour arriver à le contrer. Mais pour cela, il faut être très fort mentalemen­t et c’est un point sur lequel on doit continuer à travailler. Physiqueme­nt, je me sens bien, je n’ai toujours pas de feeling au niveau de la mâchoire puisque les nerfs ont été touchés, mais cela est plus une gêne qu’autre chose dans la mesure où ce n’est pas douloureux. »

Que faire pour rebondir?

En 2019, Gajser n’aura pas le choix, il faudra repartir de l’avant et de nouveau se positionne­r comme un vrai candidat au titre MXGP, d’autant qu’on commence à s’impatiente­r du côté du HRC qui n’a plus gagné un GP depuis la Suède en août 2017. Pour cela, il faut que Tim retrouve à la fois cette confiance en lui qui a semblé s’évaporer au cours des deux dernières saisons, et un soupçon de réussite ; on se souvient qu’à ses débuts en 450 il se relevait toujours indemne de ses crashs, ce qui n’est plus forcément le cas désormais. Herlings a fait tellement monter le niveau de la catégorie qu’il faut être constammen­t sur le fil du rasoir pour espérer tenir sa cadence, sans oublier ce diable de Cairoli qui, dans sa trente-troisième année, a lui aussi élevé son niveau de jeu. En 2019, sa mauvaise chute en Italie ne devrait plus être qu’un mauvais souvenir et un bon hiver devrait lui permettre de jouer à nouveau la gagne. Nicolas Noge, son mécanicien français, y croit : « Après un début de

saison compliqué, il a retrouvé la confiance petit à petit. Ça va de mieux en mieux, en Turquie par exemple, il s’est même montré très rapide, ça fait du bien. On est tous contents dans le team. Le plus important maintenant, c’est de se projeter sur 2019 et bien se préparer. Par rapport à 2016, quand il est arrivé en MXGP et s’est offert le titre, ça roule vraiment plus fort. Cairoli est remonté d’un cran, sans parler d’herlings. Pour aller chercher Herlings à la régulière, il faut que Tim gagne en régularité sur tous les tours d’une manche. La confiance, elle est là, ce n’est pas un problème. Tim est vraiment un gros bosseur, il ne lâche jamais rien la semaine, il n’a pas changé à ce niveau-là. Il s’est même encore amélioré dans son implicatio­n. Au niveau de la moto, c’est facile de bosser avec lui. On met la CRF au point l’hiver et ensuite, on ne touche plus à grand-chose. Il sait ce qu’il veut et s’y tient. »

 ??  ?? Cette saison, Tim Gajser s’est offert plusieurs podiums en MXGP mais aucune victoire.
Cette saison, Tim Gajser s’est offert plusieurs podiums en MXGP mais aucune victoire.
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 ??  ?? En 2019, Tiga aimerait être celui qui se mettra en travers de la route d’herlings!
En 2019, Tiga aimerait être celui qui se mettra en travers de la route d’herlings!
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 ??  ?? Absent du MX des Nations, Gajser a terminé sa saison 2018 du côté d’imola.
Absent du MX des Nations, Gajser a terminé sa saison 2018 du côté d’imola.
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