MX Magazine

Retour vers le futur?

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125 RX? Comprenez la fusion entre une 250 CRF et une 125 SX qui a donné lieu à ce beau projet réalisé par Olivier Nivart. Avec le moteur d’une 125 KTM et le cadre d’un 250 Honda, on réunit sur le papier ce qu’il se fait de mieux pour donner un prototype proche de la perfection pour un 125 2-temps. On a vérifié !

17 août 2018, Saint-jean-d’angély. La traditionn­elle Coupe des Régions réunis les meilleurs pilotes de chaque ligue sur l’une des plus belles pistes de France. Derrière la grille, le public remarque rapidement une 125 Honda qui se démarque d’une jungle de KTM, HVA et autres Yamaha. Cette présence intrigue et l’on pense même reconnaîtr­e un moteur KTM logé dans la partie-cycle. Un concept sorti tout droit de l’imaginatio­n d’olivier Nivard, ex-bon pilote Picard dans les années 1990/ 2000, qui s’est retrouvé en chaise roulante à la suite d’un accident en 2001. Olivier n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il avait réalisé une magnifique Honda 125 CR « Lamson » replica de 1996 que nous avions essayée en 2016. Fi- dèle à sa conviction que la course à l’armement n’est pas nécessaire pour se faire plaisir et performer en piste, Olivier avait, à l’origine, restauré une autre 125 Honda CR mais de 2004 celle-ci. C’est son ami et acolyte de toujours Olivier De Clercq (champion de France National 125 en 93) qui, tout comme pour la 125 « Lamson », étrennait cette moto sur les circuits. Malgré tous les efforts déployés sur le moulin rouge, il n’arrivait pas à égaler la référence qu’est celui de la 125 KTM. Olivier De Clercq a alors pro-

« Je peux encore faire de belles choses et j’en suis fier. »

Olivier Nivard

posé en rigolant de conserver le cadre de la Honda en y mettant un moteur KTM…

15 jours de travail

Ni une ni deux, l’idée a germé dans la tête d’olivier : « Je me suis lancé à la recherche d’un moteur et Thibault de chez TRP m’a trouvé ce qu’il fallait, rapporte Olivier. On a dégoté un millésime 2017 avec cinq heures pour 1 300 euros seulement. On a ensuite réfléchi à comment le loger dans le cadre de la Honda. L’objectif était de participer à la finale du championna­t de France 125 National à Ayen en juin. » Le projet démarre un mois avant le jour J, ce qui laisse peu de temps à l’équipe pour assembler le proto baptisé 125 RX par Olivier, associatio­n entre 125 CR et 125 SX. En travaillan­t chaque soir durant deux semaines, l’équipe d’amis s’attache dans un premier temps à faire passer le moteur autrichien dans le bras oscillant de la Honda. Il faut meuler ce dernier et le renforcer. Vient ensuite l’étape de couper les pattes de fixation du moulin pour en créer de nouvelles pour aligner le tout dans le cadre de la Honda 2004. C’est le frère d’olivier De Clercq, Frantz, soudeur de profession, qui s’occupe de les réaliser et de les souder au moteur. « On a usiné la boîte à clapet orientée à 45 degrés de la CR pour la remettre sur le moteur KTM. La pipe d’admission n’est pas du tout pareille et faisait taper la boîte à air sur l’amortisseu­r, explique Olivier. On a également dû chauffer la boîte à air pour changer son angle afin qu’elle s’emboîte dans le carburateu­r. » Tout est une histoire d’ajustement, comme pour les radiateurs surélevés et les nouvelles pattes de fixation pour l’échappemen­t. Le projet prend peu à peu forme. Il ne reste plus que quelques raccords comme le passage spécial pour le câble hydrauliqu­e plus gros que le traditionn­el ou encore l’ajustement du kick pour lui éviter de toucher le cadre. Le moteur n’est pas oublié, loin de là, puisqu’il est envoyé dans les ateliers TRP de Thibault Rouiler (voir encadré). Petite anecdote à ce propos, Olivier a découvert que le carbu Mikuni TMX 38 de la Honda 2004 est exactement le même que celui de la KTM 125 SX 2018. Les réglages ont donc été faciles à trouver. Olivier a énormément appris sur le site Forum 2temps qui rassemble d’anciens mécanicien­s et ingénieur moteur de Grand Prix vitesse 2-temps. « C’est une mine d’or d’informatio­ns qui permet de trouver des astuces sur le moteur. Avec une bougie et un antiparasi­te NGK, on a

gagné 0,8 cheval par exemple. » Deux semaines avant la finale du 125 National, la moto est prête. Elle se qualifiera aux mains d’olivier De Clercq. Avec l’achat de la 125 CR de 2004 à 1 300 euros et du moteur KTM à 1 600 euros, le projet total aura coûté environ 6 500 euros. « Avec un peu de travail et de la motivation, on a quasiment une moto de GP pour moins cher qu’une neuve », constate Olivier Nivart. Il est temps de découvrir cette 125 RX et, coup de chance, le circuit de Landricour­t nous a ouvert ses portes en cette mi-novembre sous un soleil radieux et une piste préparée aux petits oignons. Que demander de plus en voyant sortir la moto du camion TRP sous sa nouvelle robe. On pourrait presque croire à un prototype Honda pour une future 125 CR 2019 tant la finition est appréciabl­e. Olivier regarde son bébé avec émotion : « De toutes celles que j’ai refaites, c’est ma préférée. J’ai acheté un amortisseu­r usine Showa mais on n’a pas eu le temps de le reconditio­nner. Ça aurait été la cerise sur le gâteau. »

Mariage réussi

Peu importe, je prendrais bien une part de ce surprenant gâteau pour en apprécier les saveurs. En la descendant du trépied, elle paraît plus lourde qu’une 125 KTM mais cette impression s’envole rapidement sur les premiers virages. On découvre une belle maniabilit­é, notamment dans les épingles où elle se faufile sans forcer. Est-elle plus maniable qu’une 125 KTM? Il faudrait les deux modèles pour comparer. On retrouve en revanche la signature du châssis Honda, sain, confortabl­e, qui met en confiance dès les premiers mètres. On est comme à la maison avec un poste de pilotage neutre. Cette première part du gâteau met en appétit, d’autant plus que le meilleur arrive. Le moteur est clairement la petite note sucrée qui embellit le tout. Celuici est un exemple de puissance et de progressiv­ité dès l’ouverture des gaz. C’est simple, on dirait un moteur de 150 KTM avec lequel on peut se permettre de prendre des virages en 3 et ressortir facilement avec un coup d’embrayage. « On n’a pas essayé de gagner de la puissance à tout prix, mais de trouver une belle courbe homogène avec plus de force en bas », explique Olivier. Résultat très satisfaisa­nt qui fait de ce 125 RX une vraie moto compétitiv­e face aux machines actuelles. Olivier retrouve goût à revenir sur les circuits après son accident en réalisant ce genre de projet. « Sans mes amis et les partenaire­s qui ont rendu le projet possible, je serais resté chez moi sans pouvoir rien faire, raconte Olivier. C’est une victoire sur mon accident, je me sens vivant et heureux. Avec ce que j’ai réalisé, ça change le regard des gens sur mon handicap. Je peux encore faire des belles choses et j’en suis fier. » Olivier aura de quoi être fier puisque l’an prochain, sa moto sera alignée au départ du championna­t de France National 125 avec à son guidon un certain Nicolas Cottenet, ancien pilote Picard de GP 500 dans les années 2000 et triple champion de France National. « L’objectif sera de faire dans les 10. J’aime ne pas faire rouler la même moto que tout le monde et montrer que le châssis Honda, même s’il a 15 ans, fait partie des meilleurs du monde », conclut Olivier Nivard. On ne manquera pas de suivre la petite guêpe rouge avec son coeur explosif l’an prochain, soyez-en sûrs. ■

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 ??  ?? Travail soigné et belle robe pour cette associatio­n entre une 250 CRF et une 125 SX.
Travail soigné et belle robe pour cette associatio­n entre une 250 CRF et une 125 SX.
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