MX Magazine

Où... Nicolas Aubin remporte son unique GP MX2!

- Par Claude de la chapelle

Nicolas Aubin est un excellent élève du motocross tricolore au profil de premier de la classe. Dès 1998, il est champion Minivert en 60, puis en 80 Benjamin et 80 Minimes, vice-champion Cadet, 3e du Junior en 2003, champion Junior l’année suivante où il participe à son premier Grand Prix MX2, se classant 44e de la saison puis 28e en 2005 et 23e en 2006. Les choses sérieuses commencent avec la signature, au soir du GP de France – où il roule sur une KTM achetée avec ses propres deniers, la saison ayant été difficile – avec le team Ricci Racing pour le championna­t du monde MX2 2007. Mais il n’est que troisième pilote. Le Norvégien Kenneth Gundersen bénéficie d’une Yamaha YZ250F factory, l’italien Davide Guarneri du moteur usine de la saison 2006 et Nicolas, d’un kit fourni par Rinaldi, un ton en dessous du matériel dont disposent ses coéquipier­s. Nicolas vise le top 10, avec l’idée de se rapprocher du top 5. Il s’est entraîné seul tout l’hiver et la saison s’annonce bien. « Au cross inter de Valence, j’avais roulé en 450 dans le top 10 avec les meilleurs pilotes MX1 du moment et j’avais gagné les trois manches de l’ouverture de l’élite, un championna­t costaud avec des pilotes qui faisaient aussi le MX2 comme Pascal Leuret, Xavier Boog, Anthony Boissière, Jérémy Tarroux, etc. » se souvient-il. La saison débute à Valkenswaa­rd. Antonio Cairoli, vice-champion 2006 et champion 2005, enlève les deux manches, Tyla Rattray et Christophe Pourcel sont à ses trousses, le ton est donné. Nicolas fait le job : 6e et 8e, de bon augure pour la suite. À la troisième épreuve au Portugal, il signe son premier podium, 3e, grâce à une 2e place en seconde manche. Nicolas s’impose comme le leader du team Ricci Racing, mais pour autant côté matos, les choses n’évoluent pas. « J’étais très déçu de Yamaha et de Michele Rinaldi. Malgré mes demandes répétées et le soutien de Ya- maha Motor France, et contrairem­ent à ce que faisait l’usine KTM en fournissan­t des moteurs à des teams satellites quand les pilotes officiels étaient blessés, je n’avais pas accès aux bonnes pièces, pourtant disponible­s. »

à Loket, Nico rivalise avec Cairoli !

Loket est le onzième des quinze Grands Prix de la saison 2007. « C’est un tracé assez vicieux, avec des trous cassants qui rendent l’adhérence précaire. Moi, ça me plaisait de faire glisser la moto, un peu comme sur les circuits du Sud de la France. Par contre, les pilotes qui passent leur temps à s’entraîner en Belgique dans le sable apprécient moins… En première manche, j’avais très mal aux bras, mais j’ai bien roulé en terminant 2e à moins de quatre secondes d’antonio Cairoli que je ne sentais pas à l’aise sur ce circuit. J’étais persuadé que je pouvais gagner la seconde manche car j’aurai comme toujours moins mal aux bras, à condition de partir très fort. C’est ce que j’ai fait, je me suis dit, vas-y, c’est ton GP. C’est le vainqueur de cette manche qui gagnera le Grand Prix ! Je suis parti à fond, j’ai creusé un gros écart, en prenant une seconde et demie à deux secondes au tour. Ce 29 juillet, je me suis mis au niveau de Cairoli. Mon mécano m’a passé un panneau m’indiquant que j’avais dix secondes d’avance. Ça a dû énerver Antonio qui s’est craché dans les mains pour revenir (NDR: malgré un doigt abîmé lors du GP précédent). Il s’est mis à crachiner, je n’avais plus de tear-off, lui roulait en roll-off. Deux tours avant la fin, je n’avais plus de lunettes mais j’étais euphorique, tu n’as pas le droit d’être fatigué quand tu peux gagner ton premier Grand Prix ! Je le sentais derrière moi, mais je savais qu’en m’appliquant, en ne faisant pas de faute, il ne pouvait pas passer sur ce circuit où il est difficile de doubler. Il a attaqué jusqu’au bout. Je gagne avec une demi- seconde d’avance, mais on avait mis 57 secondes au 3e, Tommy Searle! J’étais super content. On a bu un coup et mon père est rentré par la route en camping-car, moi en avion le lendemain pour reprendre l’entraîneme­nt. Au GP suivant, en Belgique, je galère dans mes réglages de suspension­s et j’attaque trop fort. Mon euphorie fut de courte durée car je ne comprenais pas qu’on puisse gagner un week-end et se rater autant (11E/DNF) le week-end suivant. J’étais jeune, je manquais d’expérience, de bons conseils et de repères. Et en fait, cette déception de Namur fut plus grande que la satisfacti­on de Loket dont on me parle souvent, onze ans après. »

À Loket en République Tchèque, le 29 juillet 2007, Nicolas Aubin est sur un nuage : deuxième de la première manche, il remporte la seconde et s’impose à Antonio Cairoli, décrochant son premier GP en MX2, le seul de sa carrière.

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