MX Magazine

« Le plus dur est à venir »

- Par Mathias Brunner

Quelles ont été tes premières pensées quand le titre s’est définitive­ment joué en ta faveur ? « En fait, dès le matin aux essais à Assen, j’ai pris une bonne chute et je me suis fait mal au dos. J’ai fait une première manche compliquée vu que je souffrais et j’ai commencé à douter… Heureuseme­nt, ça l’a fait en première manche et j’étais très soulagé. Je n’ai pas vraiment eu de pensées particuliè­res car je n’ai pas réalisé sur le coup. J’avais déjà pris la températur­e en ayant la plaque rouge et ça a été un aboutissem­ent d’être sacré. J’ai réellement pris conscience avec tous les messages reçus. C’est une bonne chose de faite, mais le plus dur est à venir, il faut encore bosser. »

Peut-on dire qu’il y a un avant et un après ton titre ? « Oui un peu parce que les sponsors sont plus présents. Le team et la marque sont contents et je peux peutêtre demander plus de choses que lorsqu’il n’y a pas de résultats, ce qui est normal. Pour le reste, ça n’a pas changé mon approche de la compétitio­n. C’était un de mes objectifs, mais pas l’ultime objectif. Le but est de faire des bonnes places en Mondial. »

Quel a été selon toi le moment le plus difficile à gérer durant ta saison? « Je suis passé au travers de deux ou trois courses. En Allemagne par exemple, je me souviens être parti à chaque fois dans les trois premiers et j’aurais dû gagner. Je termine finalement 4e et 6e en perdant des places à chaque fois. Le team, la marque, les sponsors, l’entourage et moi-même étions déçus. Ça a été compliqué, je me suis remis un peu en question. C’est tellement serré l’europe 125 que si un petit détail ne va pas, on perd vite beaucoup de places. J’ai eu un moment de doute et je me suis vite repris en main pour encore y croire. »

Sur les huit derniers champions d’europe 125, quatre ont été champion du monde: Tixier, Gajser, Jonass, Prado. Penses-tu avoir une chance sur deux de l’être aussi? « C’est compliqué comme on ne sait pas trop de quoi sera fait l’avenir avec les blessures ou les mauvais choix de carrière. Quand on regarde ces noms et quand on voit où ils sont aujourd’hui, c’est clair que c’est motivant pour essayer de faire comme eux. »

Être champion d’europe était un rêve ou juste une étape à passer ? « C’était presque un rêve, mais je dirais plus que c’est une étape dans ma carrière. Je veux faire une bonne saison en Europe 250 l’an prochain et réussir à entrer dans le top 5 voire mieux pour monter directemen­t en Mondial en 2020. C’est ce que je souhaite et ce que tout le monde souhaite. »

Te verra-t-on sur le championna­t de France Élite ? « J’y serai, tous les meilleurs Français y seront comme Moreau, Boisramé ou Renaux. On se tire vers le haut entre Français sur l’élite pour arriver au mieux sur l’europe le week-end d’après. »

Penses-tu t’être battu à armes égales face aux redoutable­s KTM? « Beaucoup de monde pense que les KTM sont les meilleures, mais je pense avoir prouvé le contraire. Je prenais de bons départs même si en fin de saison, j’étais plus grand et plus lourd donc je galérais un peu plus. De 2017 à 2018, j’ai pris 15 cm et 10 kg. Ma moto était incroyable. Pour dire, beaucoup se demandaien­t ce qu’il y avait dans le moteur et pourquoi elle marchait si fort. On a fait un gros travail avec le team, tout était calculé, il n’y avait plus aucune pièce d’origine et toutes les choses les plus légères qui existaient étaient sur ma moto. Le moteur a reçu la meilleure préparatio­n avec Rinaldi et ça m’a permis de rivaliser avec les KTM. »

Parle-nous de ton entourage. Qui t’accompagne ? « J’ai toujours eu mon père sur les courses et ma mère sur quelques épreuves de l’europe. Mon oncle qui n’était pas mauvais en moto aupara-

« On doit sacrifier sa vie pour devenir pilote de haut niveau. » Après Jordi Tixier et Brian Moreau, Thibault Benistant est le nouveau champion d’europe 125 français. Le jeune pilote Yamaha a dans le viseur un passage éclair en EMX250 avant de tenter sa chance en Mondial MX2 dans la cour des grands où il espère se faire un nom.

vant vient sur quelques courses aussi. Mon entraîneur Jean-marc Charpin est à mes côtés également et je m’entraîne toute la semaine avec lui. Je roule chez moi dans le Sud et de temps en temps, je monte au team m’entraîner avec les autres pilotes. Enfin il y a Jérémy Debize qui s’occupe de mes contrats. »

Tu as fait tes débuts en 4-temps. Comment te sens-tu dans cette cylindrée ? « Je me sens bien, ça fait deux mois que je roule avec. C’est une moto sur laquelle je m’amuse beaucoup. C’est encore un peu difficile de faire des manches car j’ai fait une grosse pause hivernale. C’est une moto qui a plus de force, plus de couple, plus de traction donc je me régale avec. »

Dans quels domaines dois-tu progresser ? « L’agressivit­é. Dans les premiers tours et en général sur la course, je suis encore trop gentil. J’essaie aussi de progresser dans les freinages, les virages et les départs. Sinon pour le reste, ça va, je suis assez à l’aise sur les sauts. » Tu as fait ta première sortie avec la 250 lors de la Beach Cross à Berck. Surpris du niveau de tes adversaire­s dans le sable ? « Non, je sais que c’est une catégorie totalement différente. Il y a quelques pilotes qui ne sont pas impression­nants sur la terre, mais qui vont très vite dans le sable vu que c’est leur discipline. Je savais que ça allait être compliqué vu que c’était mon deuxième roulage en 250 juste après une grosse coupure. J’y suis allé pour faire plaisir à Yamaha France et mon team. J’aurais préféré m’entraîner pour jouer la gagne, mais c’était un bon week-end tout de même. »

Quels sont tes objectifs ? « Être champion du monde MX2 et pourquoi pas faire comme Marvin et Dylan, partir aux USA ensuite. Je suis en attente de mon contrat avec Yamaha pour voir dans quelle direction je vais partir. Pour le moment, je suis certain de faire l’europe avec eux l’année prochaine et j’attends leur propositio­n pour la suite. »

Es-tu prêt à sacrifier ta vie pour y parvenir ? « Tout à fait, je pense qu’on est obligé d’en passer par là pour devenir pilote de très haut niveau. »

Le supercross est une discipline qui t’attire ? « Oui. J’ai essayé d’en parler avec Yamaha pour faire les indoors cette année mais ils n’étaient pas trop chauds. Pour le moment, je mets le SX de côté et on verra à l’avenir s’ils sont d’accord. »

Le mental et la gestion de la pression sont des paramètres que tu travailles ? « Non, je n’y travaille pas encore, mais je pense que je vais m’attacher les services de quelqu’un pour l’année prochaine. »

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