MX Magazine

Intouchabl­e?

- Par JCV – Photos R. Archer, constructe­urs, J.-P. Acevedo, PH

Champion du monde MX2 cette saison, Jorge Prado sera l’homme à battre dans la catégorie en 2019. Pour tenter d’entraver la marche en avant de l’espagnol, les différents teams phares du championna­t se sont réorganisé­s. Sur le papier, la mission semble impossible tant le phénomène espagnol impression­ne !

Trois courses fin 2016 pour prendre la températur­e. Une saison 2017 complète pour trouver ses marques. Une troisième année pour gagner au plus haut niveau mondial. C’est le tableau de marche emprunté par Jorge Prado. À bientôt 18 ans, il fêtera son anniversai­re le 5 janvier prochain, l’espagnol s’impose comme un OVNI du MX interplané­taire. Quarante-deux GP, c’est le nombre de courses dont l’officiel KTM Red Bull a eu besoin pour devenir champion du monde. Une statistiqu­e amusante puisqu’elle est partagée par le monstre Jeffrey Herlings. Dans le clan des world champs précoces, notez au passage que Ken Roczen a fait encore plus fort avec une quarantain­e de GP courus avant d’être couronné. À deux mois et demi d’attaquer sa défense de titre, JP61 compte déjà une quinzaine de victoires sur son CV. Un total auquel s’ajoutent vingt et une manches terminées sur la plus haute marche du podium. Compte tenu de ses performanc­es de fin d’année, on se demande bien qui pourra lui barre la route l’an prochain. Et ce n’est pas son incroyable prestation du MXDN de Red Bud (3/3) qui a dû redonner un peu d’espoir à ses rivaux. Sous la coupe du duo De Carli/cairoli, Prado n’a cessé de monter en puissance. En 2019, avec un an d’expérience en plus et un hiver studieux passé à s’entraîner en compagnie des deux Italiens, on peut déjà craindre pour l’intérêt sportif du championna­t. Pauls Jonass parti

chez HVA Rockstar pour débuter en MXGP, Thomas Covington et Hunter Lawrence envolés vers les USA, le jeune homme pourrait se retrouver bien seul. Une situation déjà vécue dans le passé par Herlings. Au sein de sa propre équipe, on a clairement décidé de le positionne­r en pilote numéro un en recrutant le jeune Tom Vialle. Un pilote certes très prometteur, mais qui ne pourra être une menace pour Prado en 2019. D’ici quelques mois, Jorge devra malgré tout rester très concentré et se fixer des objectifs précis. C’est la condition afin de rester sur les rails du succès. Faire preuve d’humilité, ne jamais relâcher ses efforts, ne pas sous-estimer la concurrenc­e, c’est l’apanage des vrais champions. Des qualités que son teammate/mentor Cairoli affiche depuis plus de dix ans. Nul doute qu’antonio s’efforcera de lui inculquer les valeurs qui ont fait de lui la légende vivante qu’il représente aux yeux de tout le monde. Aujourd’hui, le constat s’avère plus que limpide. Trouver des défauts à l’étoile Jorge Prado n’est pas chose franchemen­t évidente. Intenable dans le sable, désormais presque aussi fort sur le dur, capable de gérer la pression d’une plaque rouge et d’un nouveau statut de champion du monde à assumer aux Nations, l’espagnol est un phénomène rare. Une nouvelle pépite couvée par l’usine KTM depuis son plus jeune âge et qui n’a jamais déçu, aussi bien sur la piste qu’en dehors.

Qui pour l’embêter?

Pour organiser la réplique, les cousins de l’usine HVA aligneront deux machines d’usine confiées à Thomas Kjer Olsen et Jed Beaton. Sur la troisième marche du podium final des deux dernières campagnes MX2, le pilote danois a déjà prouvé sa solidité. Mais à 21 ans, il n’a gagné que deux GP et très peu de manches (3). Si l’officiel Husky s’affiche clairement comme une valeur sûre du championna­t, on l’imagine cependant mal combler le gap qui le sépare de Prado. Sans tourner autour du pot, le champion d’europe 2016 n’a pas le talent de son jeune rival. Aux côtés de TKO, on trouve une nouvelle recrue australien­ne. Découvert en 2017 lors de quelques piges réussies au guidon de la 250 Honda du HRC, Beaton occupait la sixième place du Mondial cette année avant de se détruire la jambe en Angleterre. Sous contrat avec Kawasaki F&H ces derniers mois, le garçon intègre officielle­ment un team d’usine pour la première fois de sa carrière. À 21 ans, il sera plus un outsider intéressan­t pour le podium qu’un champion du monde potentiel. Deux pilotes chez KTM Redbull, deux chez HVA Rockstar Energy, ils seront le même nombre à disposer d’une 250 YZ-F aux couleurs Kemea/monster Energy. Respective­ment quatrième et huitième du dernier exercice, Ben Watson et Jago Geerts ont fort logiquemen­t été confortés dans leur statut de pilotes officiels. L’anglais est la révélation de cette saison 2018. Très régulier, souvent au pied du podium, troisième en Russie pour la première fois de sa carrière, le protégé de Jacky Vimond a terminé sur une bonne note aux Nations ( 4e de la seconde manche). Pour lui, l’heure de la confirmati­on est arrivée. Il fait partie des hommes qui seront probableme­nt en mesure de s’offrir un premier succès en Mondial. Même si une belle surprise n’est jamais à exclure, il serait malgré tout surprenant de le voir contester à la régulière l’hégémonie annoncée du roi Prado. De son côté, son teammate Jago Geerts devrait lui aussi avoir un rôle intéressan­t à jouer. Désormais débarrassé de ses études

Sur le papier, Prado semble au-dessus du lot en MX2…

qu’il a terminées en juin dernier, le jeune Belge se consacre désormais à 100 % à son sport. Sur le podium à Kegums (2e), septième du classement pour son année de rookie, excellent dans le sable, il incarne la nouvelle génération de la catégorie. Champion du monde et d’europe 125 en 2016, le Belge progresse tous les ans. Il fait partie des rares chanceux à disposer d’une 250 officielle. Avec les retraits de Suzuki et Kawasaki, sept pilotes seulement auront la chance d’être soutenus par une usine en 2019. Ça sera le cas de Calvin Vlaanderen. Sixième cette année, vainqueur de deux manches et de son premier GP en Indonésie, l’officiel Honda a connu une fin de saison délicate à la suite d’un crash en Bulgarie. Pour sa dernière année de MX2, il fêtera ses 23 ans en juin prochain, le Sudaf à licence néerlandai­se doit briller afin d’avoir une opportunit­é intéressan­te pour poursuivre sa progressio­n en MXGP dans un an. Mais comme l’ensemble des pilotes cités précédemme­nt, il ne semble pas avoir les épaules assez larges pour titiller un Prado à 100 % sur la longueur d’un championna­t. En clair, comme à l’époque d’herlings, la catégorie tient son patron et ce dernier n’évolue pas sur la même planète. Dans le clan des outsiders, on peut également citer des garçons comme Darian Sanayei de retour de blessure chez Kawasaki Dixon ou encore Michel Cervellin, septième en 2018. L’un comme l’autre sont également loin derrière l’espagnol, tout comme l’allemand Henri Jacobi désormais pilote Kawasaki F&H.

Et l’avenir?

À la lecture de notre analyse, le constat est clair. Nous venons d’entrer dans une nouvelle ère, celle d’une domination aux accents ibériques. Avec Prado, la catégorie a son nouveau boss. Pour combien de temps, c’est la question que nous sommes en droit de nous poser ? Compte tenu de l’âge du jeune homme, de son talent hors du commun, quel virage va-t-il prendre pour la suite de sa carrière? Un temps annoncé partant pour une carrière américaine à très court terme, son arrivée dans le giron Claudio De Carli aurait changé la donne. Cairoli plus proche de la fin que du début, le manager italien tient avec Prado sa nouvelle perle. Et pour lui, pas question d’envisager un départ outre-atlantique. L’objectif serait plutôt de construire un parcours calqué sur celui de Tony. À savoir plusieurs titres MX2, puis une montée en MXGP dans quelque temps. Dans quel sens le vent va-t-il tourner, à l’aube de cette saison 2019, il est sans doute trop tôt pour le dire. Si Jorge se promène dans quelques mois en MX2, qu’herlings lui aussi encore très jeune poursuit sa campagne d’exterminat­ion du MXGP, quelle sera la stratégie adoptée par KTM? Mettre les deux hommes en confrontat­ion directe, ou pousser l’espagnol vers les USA prendre la succession de Musquin en SX US. Avec son style de pilotage et sa technique parfaite, nul doute que Prado ferait un malheur en supercross. Pour l’instant, rien de tout cela n’a été évoqué officielle­ment, mais nul doute que du côté de l’autriche, on prépare déjà le futur de sa nouvelle star !

La lutte pour le podium final s’annonce très ouverte en MX2!

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 ??  ?? La saison MX2 2019 va débuter en Argentine avec un homme à battre : Jorge Prado. Champion du monde en titre, la jeune star espagnole s’annonce redoutable.
La saison MX2 2019 va débuter en Argentine avec un homme à battre : Jorge Prado. Champion du monde en titre, la jeune star espagnole s’annonce redoutable.
 ??  ?? L’anglais Ben Watson, quatrième du dernier Mondial, repart avec Yamaha Kemea Monster.
L’anglais Ben Watson, quatrième du dernier Mondial, repart avec Yamaha Kemea Monster.
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 ??  ?? Septième pour ses débuts en MX2, le jeune Yago Geerts sera l’un des hommes à suivre en 2019.
Septième pour ses débuts en MX2, le jeune Yago Geerts sera l’un des hommes à suivre en 2019.

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