ADRIEN VAN BEVEREN GAGNE SON PREMIER ENDUROPALE !
Adrien Van Beveren, meilleur pilote français du Dakar, sur le podium en 2024 avec Honda, fut aussi l’un des meilleurs au Touquet, triple vainqueur de l’épreuve. Retour en 2014, il y a dix ans, pour sa première victoire sur une Yamaha dans des conditions apocalyptiques!
Le dimanche 9 février 2014, le ciel est tombé sur la tête du millier de pilotes transis de froid, glacés jusqu’aux os, affrontant pluie, grêle et bourrasques dépassant les 100 km/h… Le pire temps de chien jamais enregistré sur cette épreuve organisée depuis 1975. Adrien Van Beveren, en Nordiste pour qui le rendezvous annuel du Touquet revêt une importance particulière, s’y prépare avec intensité depuis six mois dans les conditions éprouvantes de Loon-Plage, avec son complice Sébastien Sagot, animé par un goût puissant de l’effort et de la gagne transmis par ses parents. Adrien est lucide, une tête bien faite. Il se dit « sérieux faute d’être doué », ses propres termes. C’est grâce à une charge de travail importante, avec assiduité, en repoussant ses limites physiques, en allant loin dans la douleur à l’entraînement depuis l’âge de 14 ans, qu’il s’est construit le package nécessaire pour désormais ambitionner le podium. Depuis sa 6e place en 2009 à 18 ans et le support officiel de Yamaha en 2010 où il se classe 2e, Adrien est en capacité de remporter la course (4e en 2012 et 3e en 2013). Cette année, le circuit est écourté de trois kilomètres en raison des pluies abondantes qui ont fragilisé la digue de Merlimont, obligeant à repenser le tracé. Le départ est donné dans des conditions épouvantables et Adrien qualifie son début de course de « terrible », souffrant même de crampes au ventre, de muscles tétanisés empêchant de maîtriser totalement la moto. Aux avantpostes, Antoine Méo sur sa KTM 450 d’usine imprime un gros rythme, en bagarre avec Richard Fura (Kawasaki), Arnaud Degoussée (Honda), Camille Chapelière (Yamaha), Steve Ramon (Suzuki), Nicolas Aubin (Honda)… Au gré des incidents de course, les rangs s’éclaircissent, tel Richard Fura (carter de pompe à eau cassé après une collision) et la course en tête se dessine avec les hommes forts du jour : Antoine Méo et Steve Ramon. Adrien est dans le coup mais n’est pas encore au contact direct des leaders, naviguant à une minute aux côtés d’Arnaud Degoussée. Les choses vont se décanter au jeu des ravitaillements. Antoine Méo a fait le choix de trois arrêts au stand pour remplir son réservoir de 12 litres. Pour autant, l’obligation des trois stops n’étant plus en vigueur, chaque marque, team ou pilote adopte sa propre stratégie et celle d’Adrien est de deux arrêts seulement, fort d’un bidon d’une contenance de 15 litres. Après un premier ravitaillement un peu longuet, Antoine Méo est en mesure de s’imposer. Il est le plus rapide en piste mais ce choix tactique de trois passages au stand va finalement se montrer moins pertinent que celui mis en place par le staff entourant Adrien. À mi-course, Antoine Méo caracole en tête et Adrien se rapproche à moins d’une minute, puis une trentaine de secondes alors qu’il reste moins d’une heure de course. Alors qu’Antoine Méo effectue son troisième ravitaillement, avec la perte de temps inhérente à l’opération, Adrien en profite et s’empare du commandement de la course. Une demi-heure avant que le drapeau à damiers ne s’abaisse, il possède 40 secondes d’avance sur l’officiel KTM, un écart qui se réduira quelque peu, mais pas suffisamment pour inverser la vapeur, Adrien ne commettant pas de fautes, malgré la pression de Méo. Pour Van Beveren, le jour de gloire est arrivé ! Au moment de boucler cet Enduropale qui aura largement éprouvé hommes et machines, 26 secondes séparent les deux hommes qui s’imposent à Steve Ramon, Arnaud Degoussée, Jean-Claude Moussé (Yamaha), Marc de Reuver (Honda), Milko Potisek (Yamaha)…
À 23 ans, Adrien Van Beveren est le second plus jeune vainqueur de l’Enduropale derrière un autre pilote Yamaha, une référence de l’épreuve, Arnaud Demeester. « C’est le plus beau jour de ma vie, cette victoire, c’était une obsession, une raison de vivre. » déclara-t-il. L’année suivante, au même endroit, à la même heure, sur la même course, il remportera son deuxième succès, puis en 2016, le troisième d’affilée, le 31 janvier, un début d’année exceptionnel car, deux semaines plus tôt, pour son premier Dakar, il se classait 6e et meilleur Français ! ■
« LA STRATÉGIE YAMAHA À DEUX RAVITAILLEMENTS FUT LA BONNE ET ADRIEN A FAIT PREUVE D’UN MENTAL D’ACIER DANS DES CONDITIONS EXTRÊMES. »