Au plus près des Roches rouges
Un air de Far-West maritime ! Praticables uniquement par beau temps, les calanques rouges du massif de l’Estérel sont un régal pour les plaisanciers qui apprécient sa nature sauvage et tourmentée.
Heureux plaisanciers de Port-Fréjus ! Blottie au fond de la baie du même nom, la marina fut inaugurée en grande pompe le 12 juillet 1989, Construit autour d’un programme immobilier qui a plutôt bien vieilli, le port se prolonge par un canal de 700 m. « La mairie de l’époque souhaitait pouvoir le prolonger jusqu’aux portes de Fréjus où se trouvent les vestiges du port romain raconte Laurent Stanozlian, le fondateur de la marque Expression. Malheureusement, cela n’a pas été possible. » Tant pis pour le symbole. La marina de Port-Fréjus a d’autres atouts. Les plus beaux sites de la région sont vite accessibles.
L’Estérel plonge dans la mer
Thomas, notre jeune guide pour la journée, a l’habitude de se rendre avec ses copains du côté de la Nartelle, entre les Issambres et Sainte-Maxime, à un quart d’heure de route avec son Expression 32. Saint-Tropez n’est qu’à 11 milles de Port-Fréjus. Sa préférence va néanmoins aux Roches rouges qui s’étendent du cap Dramont au Cap Roux. C’est ici que le massif de l’Estérel plonge dans la mer. Moins de 5 milles séparent Fréjus des premières falaises ro-
cheuses. Cap au sud-est ! La côte défile à vive allure. En quelques minutes, nous sommes au Lion de Mer, face à Saint-Raphaël. Les bateaux de plongée sont déjà à l’oeuvre. « C’est ici que l’on peut se retrouver nez à nez avec les plus beaux spécimens de dentis et de mérous de la Côte d’Azur » nous confie Thomas. L’île d’Or marque le début de la corniche de l’Estérel (lire le « Au fait » page suivante). Quelques bateaux se sont ancrés devant le petit ponton privé. Au sommet de la tour érigée en 1910, le drapeau hissé signifie que la famille Bureau, propriétaire des lieux depuis 1962, est sur l’île. L’endroit insolite prend toute sa dimension lorsque le monumental cap Dramont apparaît en arrière-plan. On découvre ici une succession de calanques, quelques plages minuscules protégées par des barrières de roches à fleur d’eau. C’est le domaine réservé des plongeurs, des pêcheurs et des pe-
tits bateaux. On peut mouiller l’ancre bien sûr, mais par beau temps uniquement. Et si par malheur le vent d’est, même léger, se lève, mieux vaut quitter les lieux et gagner la grande baie d’Agay, parfaitement protégée mais qui a perdu de son charme à force d’urbanisation mal maîtrisée. Pour retrouver un littoral plus sauvage, il faut longer la calanque d’Anthéor et poursuivre sa route jusqu’à la calanque du Petit Caneiret. Les constructions s’arrêtent brutalement pour laisser place à une côte dentelée sur un mille jusqu’au cap Roux. Peu d’abris naturels sur ce
L’île d’Or, royaume d’Auguste I
L’île d’Or serait restée un gros rocher bien anodin émergeant à 200 mètres du cap Dramont si son propriétaire, le Docteur Auguste Lutaud, n’avait eu l’idée d’en faire son royaume. L’histoire raconte que ce dernier l’aurait acquise en remboursement d’une dette de jeu. Toujours est-il qu’il démarre immédiatement après la construction d’une tour crénelée. Lors de l’inauguration, le 19 septembre 1910, le Docteur Lutaud est sacré « roi de l’île d’Or ». Le nouveau souverain émet des timbres à l’effigie de l’île, crée son propre blason. Il organise de somptueux banquets en l’honneur de son île. La guerre de 14 met fin à cette joyeuse pitrerie. « Auguste Lutaud meurt en 1925, sans avoir abdiqué » raconte Laurence Lagane dans son livre consacré à l’île d’Or.
segment mais un décor grandiose dominé par le sommet du cap Roux culminant à 453 m. Si l’on se décide à longer le littoral à faible distance. on se déplacera avec une extrême prudence, par mer plate de préférence. La calanque de Saint-Barthélemy est la perle de cette côte sauvage. On y trouve un îlot derrière lequel on peut s’amuser à se faufiler dans un boyau de 10 m de large. On pourrait presque se croire dans la réserve corse de Scandola. La route départementale n’est en revanche jamais loin. Construite en 1903, la départementale D559 suit au plus près le littoral accidenté. On l’appelle encore la corniche d’Or.