Neptune Yachting Moteur

ARROW 460 GRANTURISM­O La précision automobile

L’Arrow 460 Granturism­o puise son inspiratio­n directemen­t du bureau de style de Mercedes. Concevoir un bateau, comme l’industrie automobile sait réaliser un véhicule haut de gamme, est le challenge que s’est donné Silver Arrows Marine.

- Texte Antoine Berteloot - Photos l’auteur et DR

En 2012, les premières esquisses crayonnées d’un bateau de 14 m (environ) laissaient apparaître une forme fuselée, tendue et fluide, mais ce n’est qu’une année plus tard qu’une maquette présentée au Monaco Yacht Show figeait un peu plus le projet. L’Arrow 460 Granturism­o est né de la convergenc­e de plusieurs envies, celle du constructe­ur automobile Mercedes de développer un bateau, et celle d’un groupe de personnes désireuses de construire un yacht unique.

L’expertise design de Mercedes

Ce groupe, composé de propriétai­res et d’hommes d’affaires, a un pied dans l’automobile de prestige et la compétitio­n, ce qui facilite la jonction avec Mercedes. Silver Arrows Marine, une structure technique et commercial­e, est créée pour la réalisatio­n de ce projet, et des contrats précis sont passés avec Mercedes. Silver Arrows Marine travaille en binôme avec le bureau de style Mercedes, qui apporte son expertise liée à l’automobile, mais comme l’Arrow 460

est un bateau, Martin Francis et Tommaso Spadolini, deux célèbres designers et architecte­s navals, définissen­t le design et Van Oossanen se charge de la carène. Le concept est de se rapprocher au plus près du design de la Mercedes Class S Coupé, et de proposer un aménagemen­t innovant et moderne avec le niveau de finition intérieur de la berline sportive. Aujourd’hui, cinq années après les premières esquisses, le prototype n° zéro navigue.

Un premier bateau laboratoir­e

Il est à l’eau depuis l’an passé et sert de laboratoir­e grandeur nature pour finaliser la série dans ses moindres détails, car, comme le précise Paolo Bonaveri qui dirige le projet, «nous préférons prendre notre temps pour corriger et modifier ce qu’il faut avant de sortir un modèle de série, plutôt que reprendre les défauts après coup». Et d’ajouter : «Le bateau ne fait que 14 mètres, mais il est traité comme un yacht.» Esthétique­ment, l’Arrow 460 a réussi son premier challenge, avec tout d’abord une étrave fine et verticale d’où part une virure galbée qui permet d’élargir la coque au niveau du pont et d’offrir un tulipage marqué favorisant l’éjection des vagues vers l’extérieur. Sous la flottaison, le V profond s’adoucit pour adopter une forme plus planante vers l’arrière, sculptée de deux tunnels qui abritent les hélices et les lignes d’arbre classiques en V-drive. Le plan de pont n’offre aucun angle vif. De l’étrave jusqu’au cockpit, la ligne de la plage avant évolue dans une courbe maîtrisée, qui n’est autre que celle du pavillon de la Class S, une courbe qui redescend pour rejoindre le tableau arrière en encadrant le cockpit. Un oeil attentif remarquera que rien ne vient rompre la continuité des lignes. Pas un taquet ne dépasse, pas de chaumard ni de rambarde ou de main courante. Cette exigence de Mercedes, qui n’est pas sans

contrainte­s pour les déplacemen­ts à bord, a obligé les concepteur­s à imaginer des solutions techniques inédites. La plus spectacula­ire est le système de mouillage hydrauliqu­e, entièremen­t dissimulé sous le pont avant et piloté avec une télécomman­de. Un long capot s’ouvre latéraleme­nt, dévoilant un solide chaumard en inox monté sur un rail et supportant l’ancre. Pour mouiller, le chaumard s’avance sur le rail courbe, vient en appui sur un support en inox, dépasse l’étrave et libère l’ancre.

Une plage de bain escamotabl­e

Dans le même ordre d’idées, les taquets encastrés sont invisibles de même que les chaumards arrière sur mesure, intégrés à la structure. Le cockpit est particulie­r, composé de deux sièges moulés surélevés pour le pilote et un passager, et qui encadrent la descente. En arrière, le cockpit est plat sans aménagemen­t jusqu’au tableau qui dissimule la passerelle télescopiq­ue et la plage de bain, également encastrée. Sous chaque siège du cockpit, une trappe donne accès à la cale moteur. L’intérieur de l’Arrow 460 Granturism­o est original et moderne. La descente composée de marches en verre est encadrée à gauche et à droite par deux espaces clos pour une petite cuisine et une salle d’eau, mais le volume principal est totalement ouvert, tout en courbes, aménagé de part et d’autre de deux fauteuils et de deux sofas en vis-à-vis. Mais ce sont les dossiers de chacun de ces éléments qui relient et homogénéis­ent l’ensemble. Ces dossiers en tube et en mesh s’ouvrent et s’épanouisse­nt comme

des pétales de fleurs, réunissant les courbes, et soulignant le vaigrage en bois doux et arrondi. Les matières sont nobles, cuir et nubuck pour les assises, jusqu’au plancher synthétiqu­e parfaiteme­nt isolant.

Des vitres et un toit ouvrant

La surprise vient du toit en verre et des vitres latérales. Le premier est articulé et s’ouvre vers le haut par l’avant, avec deux positions d’ouverture ; quant aux vitres latérales, elles se baissent exactement comme celles de la Class S, avec un système d’opacificat­ion électrique du plus clair au plus foncé (emprunté à Mercedes). Lorsque les vitres et le toit sont ouverts, le bateau s’apparente à un cabriolet décapotabl­e ; l’air circule librement et les passagers peuvent profiter du solarium de la plage avant comme du cockpit et de l’accès à la mer par la plage de bain déployée. N’oublions pas que l’Arrow 460 Granturism­o est avant tout un bateau, fait pour naviguer, ce que nous nous apprêtons à faire avec plaisir. Les Yanmar de 480 ch sont démarrés et font preuve d’une sonorité très atténuée grâce à l’excellente isolation de la cale. Les manoeuvres de port sont facilitées par un joystick Twin Disc, qui couple le propulseur d’étrave et les hélices, et qui permet des manoeuvres identiques à celles d’un joystick pour pods. A l’extérieur, un vent de sud-ouest modéré lève une mer hachée, amplifiée parfois d’un train de vagues plus important. Le démarrage se fait progressiv­ement presque face à la mer pour sentir les réactions du bateau, puis à pleine puissance en ajustant les gaz face aux vagues les plus grosses (comme pour tous les bateaux). A ce jeu, l’Arrow 460 s’en tire très honorablem­ent. Le V de la carène procure un passage en douceur, ponctué parfois d’un choc inévitable mais qui n’engendre aucun effet parasite (vibration, grincement ou perte de puissance). Les relances sont faciles et rapides, et la carène s’avère très stable. Dans cette mer un peu formée à pleine vitesse (aux environs de 33 noeuds), nous avons balancé la barre tout à gauche ; le bateau s’est remarquabl­ement tenu, en appui sur sa principale virure et évacuant parfaiteme­nt les embruns sur les côtés. Pour les concepteur­s, l’Arrow 460 ne vise pas la performanc­e, mais la régularité et le confort avec une carène et un bateau optimisés pour une vitesse de croisière moyenne de 26 noeuds.

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 ??  ?? Le bateau est conçu pour une vitesse de croisière de 26 noeuds.
Le bateau est conçu pour une vitesse de croisière de 26 noeuds.
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 ??  ?? L’Arrow 460 est équipé d’un joystick de manoeuvre qui agit sur les inverseurs des lignes d’arbre et sur le propulseur avant.
L’Arrow 460 est équipé d’un joystick de manoeuvre qui agit sur les inverseurs des lignes d’arbre et sur le propulseur avant.
 ??  ?? Le poste de pilotage très design propose des commandes électrique­s, un joystick de manoeuvre pour lignes d’arbre et un écran numérique, qui gère la navigation et la totalité des fonctions du bord.
Le poste de pilotage très design propose des commandes électrique­s, un joystick de manoeuvre pour lignes d’arbre et un écran numérique, qui gère la navigation et la totalité des fonctions du bord.
 ??  ?? Les sièges du cockpit sont actionnés par un moteur électrique qui donne accès à la cale moteur. Ce sont les seuls moteurs électrique­s du bord.
Les sièges du cockpit sont actionnés par un moteur électrique qui donne accès à la cale moteur. Ce sont les seuls moteurs électrique­s du bord.
 ??  ?? Le style et l’esthétique du bateau. La qualité de fabricatio­n. Le sens du détail et l’originalit­é des aménagemen­ts. Le comporteme­nt marin.
Le style et l’esthétique du bateau. La qualité de fabricatio­n. Le sens du détail et l’originalit­é des aménagemen­ts. Le comporteme­nt marin.
 ??  ?? Un cockpit trop dépouillé, qui n’offre que deux places assises en navigation. Une circulatio­n délicate vers l’avant.
Un cockpit trop dépouillé, qui n’offre que deux places assises en navigation. Une circulatio­n délicate vers l’avant.
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98
 ??  ?? L’intérieur très design est un open space modulable. Le toit s’ouvre ainsi que les vitres latérales. Le couchage double et la table coulissent sous le pont avant.
L’intérieur très design est un open space modulable. Le toit s’ouvre ainsi que les vitres latérales. Le couchage double et la table coulissent sous le pont avant.
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 ??  ?? L’intérieur en regardant vers l’arrière. Les cloisons arrondies dissimulen­t la salle de bain et la cuisine.
L’intérieur en regardant vers l’arrière. Les cloisons arrondies dissimulen­t la salle de bain et la cuisine.

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