ARROW 460 GRANTURISMO La précision automobile
L’Arrow 460 Granturismo puise son inspiration directement du bureau de style de Mercedes. Concevoir un bateau, comme l’industrie automobile sait réaliser un véhicule haut de gamme, est le challenge que s’est donné Silver Arrows Marine.
En 2012, les premières esquisses crayonnées d’un bateau de 14 m (environ) laissaient apparaître une forme fuselée, tendue et fluide, mais ce n’est qu’une année plus tard qu’une maquette présentée au Monaco Yacht Show figeait un peu plus le projet. L’Arrow 460 Granturismo est né de la convergence de plusieurs envies, celle du constructeur automobile Mercedes de développer un bateau, et celle d’un groupe de personnes désireuses de construire un yacht unique.
L’expertise design de Mercedes
Ce groupe, composé de propriétaires et d’hommes d’affaires, a un pied dans l’automobile de prestige et la compétition, ce qui facilite la jonction avec Mercedes. Silver Arrows Marine, une structure technique et commerciale, est créée pour la réalisation de ce projet, et des contrats précis sont passés avec Mercedes. Silver Arrows Marine travaille en binôme avec le bureau de style Mercedes, qui apporte son expertise liée à l’automobile, mais comme l’Arrow 460
est un bateau, Martin Francis et Tommaso Spadolini, deux célèbres designers et architectes navals, définissent le design et Van Oossanen se charge de la carène. Le concept est de se rapprocher au plus près du design de la Mercedes Class S Coupé, et de proposer un aménagement innovant et moderne avec le niveau de finition intérieur de la berline sportive. Aujourd’hui, cinq années après les premières esquisses, le prototype n° zéro navigue.
Un premier bateau laboratoire
Il est à l’eau depuis l’an passé et sert de laboratoire grandeur nature pour finaliser la série dans ses moindres détails, car, comme le précise Paolo Bonaveri qui dirige le projet, «nous préférons prendre notre temps pour corriger et modifier ce qu’il faut avant de sortir un modèle de série, plutôt que reprendre les défauts après coup». Et d’ajouter : «Le bateau ne fait que 14 mètres, mais il est traité comme un yacht.» Esthétiquement, l’Arrow 460 a réussi son premier challenge, avec tout d’abord une étrave fine et verticale d’où part une virure galbée qui permet d’élargir la coque au niveau du pont et d’offrir un tulipage marqué favorisant l’éjection des vagues vers l’extérieur. Sous la flottaison, le V profond s’adoucit pour adopter une forme plus planante vers l’arrière, sculptée de deux tunnels qui abritent les hélices et les lignes d’arbre classiques en V-drive. Le plan de pont n’offre aucun angle vif. De l’étrave jusqu’au cockpit, la ligne de la plage avant évolue dans une courbe maîtrisée, qui n’est autre que celle du pavillon de la Class S, une courbe qui redescend pour rejoindre le tableau arrière en encadrant le cockpit. Un oeil attentif remarquera que rien ne vient rompre la continuité des lignes. Pas un taquet ne dépasse, pas de chaumard ni de rambarde ou de main courante. Cette exigence de Mercedes, qui n’est pas sans
contraintes pour les déplacements à bord, a obligé les concepteurs à imaginer des solutions techniques inédites. La plus spectaculaire est le système de mouillage hydraulique, entièrement dissimulé sous le pont avant et piloté avec une télécommande. Un long capot s’ouvre latéralement, dévoilant un solide chaumard en inox monté sur un rail et supportant l’ancre. Pour mouiller, le chaumard s’avance sur le rail courbe, vient en appui sur un support en inox, dépasse l’étrave et libère l’ancre.
Une plage de bain escamotable
Dans le même ordre d’idées, les taquets encastrés sont invisibles de même que les chaumards arrière sur mesure, intégrés à la structure. Le cockpit est particulier, composé de deux sièges moulés surélevés pour le pilote et un passager, et qui encadrent la descente. En arrière, le cockpit est plat sans aménagement jusqu’au tableau qui dissimule la passerelle télescopique et la plage de bain, également encastrée. Sous chaque siège du cockpit, une trappe donne accès à la cale moteur. L’intérieur de l’Arrow 460 Granturismo est original et moderne. La descente composée de marches en verre est encadrée à gauche et à droite par deux espaces clos pour une petite cuisine et une salle d’eau, mais le volume principal est totalement ouvert, tout en courbes, aménagé de part et d’autre de deux fauteuils et de deux sofas en vis-à-vis. Mais ce sont les dossiers de chacun de ces éléments qui relient et homogénéisent l’ensemble. Ces dossiers en tube et en mesh s’ouvrent et s’épanouissent comme
des pétales de fleurs, réunissant les courbes, et soulignant le vaigrage en bois doux et arrondi. Les matières sont nobles, cuir et nubuck pour les assises, jusqu’au plancher synthétique parfaitement isolant.
Des vitres et un toit ouvrant
La surprise vient du toit en verre et des vitres latérales. Le premier est articulé et s’ouvre vers le haut par l’avant, avec deux positions d’ouverture ; quant aux vitres latérales, elles se baissent exactement comme celles de la Class S, avec un système d’opacification électrique du plus clair au plus foncé (emprunté à Mercedes). Lorsque les vitres et le toit sont ouverts, le bateau s’apparente à un cabriolet décapotable ; l’air circule librement et les passagers peuvent profiter du solarium de la plage avant comme du cockpit et de l’accès à la mer par la plage de bain déployée. N’oublions pas que l’Arrow 460 Granturismo est avant tout un bateau, fait pour naviguer, ce que nous nous apprêtons à faire avec plaisir. Les Yanmar de 480 ch sont démarrés et font preuve d’une sonorité très atténuée grâce à l’excellente isolation de la cale. Les manoeuvres de port sont facilitées par un joystick Twin Disc, qui couple le propulseur d’étrave et les hélices, et qui permet des manoeuvres identiques à celles d’un joystick pour pods. A l’extérieur, un vent de sud-ouest modéré lève une mer hachée, amplifiée parfois d’un train de vagues plus important. Le démarrage se fait progressivement presque face à la mer pour sentir les réactions du bateau, puis à pleine puissance en ajustant les gaz face aux vagues les plus grosses (comme pour tous les bateaux). A ce jeu, l’Arrow 460 s’en tire très honorablement. Le V de la carène procure un passage en douceur, ponctué parfois d’un choc inévitable mais qui n’engendre aucun effet parasite (vibration, grincement ou perte de puissance). Les relances sont faciles et rapides, et la carène s’avère très stable. Dans cette mer un peu formée à pleine vitesse (aux environs de 33 noeuds), nous avons balancé la barre tout à gauche ; le bateau s’est remarquablement tenu, en appui sur sa principale virure et évacuant parfaitement les embruns sur les côtés. Pour les concepteurs, l’Arrow 460 ne vise pas la performance, mais la régularité et le confort avec une carène et un bateau optimisés pour une vitesse de croisière moyenne de 26 noeuds.