Une certaine idée de la navigation hauturière
Même silhouette équilibrée et compacte, même qualité de confort à bord… Un peu plus grand, mais nettement plus cher, le modèle amiral de Sirena Yachts se démarque assez peu du Sirena 58.
D’un regard porté sur le Sirena 64, on est assuré d’entrer dans le registre du navire d’expédition haut de gamme contemporain, aux formes rondes et pleines, et aux lignes fluides et équilibrées. L’inspiration avec les bateaux de voyage contemporains, notamment la gamme Magellano d’Azimut, est ici manifeste. Mais si le Sirena 64 n’invente rien, on ne peut que saluer la maîtrise d’ouvrage et la réussite esthétique du dernier opus hauturier du chantier turc Sirena Yachts. Un bateau qui plaît déjà beaucoup, puisque déjà 24 unités auraient déjà été vendues à travers le monde. Il se dégage une évidente puissance de ce grand voyageur de plus de 20 m de long. La vigueur se manifeste par sa haute carène à étrave droite et ses superstructures compactes. Un ensemble robuste allégé par les nombreuses ouvertures en verre fumé et le dynamisme du pont supérieur, protégé par un toit en dur. La silhouette extérieure et la coque ont été conçues par un as de la plaisance, le célèbre yacht designer argentin German Frers. La carène a été soumise à des tests opérés par l’université de Southampton, comprenant trois séries d’essais de remorquage. Conçue pour être à l’aise en mode petite croisière mais capable de planer à grande vitesse, la coque équipée de stabilisateurs gyroscopiques offre douceur en navigation et confort au mouillage. Dotée de 2 x 1 000 ch CAT associés à des commandes ZF lors de notre essai en septembre 2017 au salon de Cannes, elle s’affirme en mer, démontrant robustesse et souplesse, réactivité et sécurité. A la vitesse douce de 10 noeuds/h répond une consommation raisonnable de 44 l/h. Les hauts régimes conduisent à 27 noeuds en pointe, propulsant également la consommation à 380 l/h. Depuis le fly-bridge, on apprécie le pilotage en position debout, ainsi que la gîte sous contrôle lors des virages serrés. Le grand salon aménagé sur le pont avant est une des belles réussites de ce bateau accueillant, avec sa grande banquette qui fait face à la table intégrée, un ensemble complété par les deux bains de soleil. Outre la marque de German Frers, le Sirena 64 profite de la signature d’une
autre pointure de la plaisance actuelle : celle de l’Italien Tommaso Spadolini, qui s’est chargé de la décoration et des aménagements intérieurs .« La lumière et le confort sont les deux éléments que nous avons privilégiés dans la conception
desespaces», confie le studio de design. Pour obtenir l’ambiance élégante et raffinée des spacieux espaces de vie, le designer italien a utilisé un camaïeu de teintes blanches et claires, rehaussées par les touches plus sombres qui
définissent les cadres et les panneaux. Un joli contraste renforcé par les chaleureux tons des huisseries en chêne et en wengé, tandis que les sols sont recouverts de moquette. Le résultat esthétique est réussi, et les volumes de vie sont spacieux et fonctionnels. Nous noterons cependant, en étant sévère, que le manque de finitions pour certains détails (joints, petites installations électriques), le choix de matériaux ou la décision d’installer la cuisine de façon bloc, empiétant sur la moitié du salon, attestent de la relative jeunesse de la marque. Ne serait-il pas judicieux de créer une ouverture entre cette cuisine centrale et le poste de pilotage, pour alléger l’ensemble ? Est-il également nécessaire d’avoir une cuisine de cette taille, en sachant qu’elle ne sera - en définitive - que peu utilisée ? Néanmoins, la double signature Frers-Spadolini est un gage de sérieux. Et le rapport qualité-prix plaide en faveur du bateau turc.