Anthenea
Né de l’imagination d’un architecte visionnaire, le premier modèle de cette capsule à propulsion électrique est amarré dans le port de Trébeurden, dans les Côtes-d’Armor. Neptune est parti visiter cet habitat flottant futuriste.
Cette soucoupe flottante à propulsion électrique accueille ses invités dans une ambiance loft au plus près de la nature.
Qui eût cru qu’un voyage vers le futur pouvait commencer à la gare Montparnasse, a fortiori en compostant son billet pour monter dans un train partant pour Guingamp ? C’est pourtant bien dans les Côtes-d’Armor que nous nous rendons sous un soleil automnal pour découvrir Anthenea, une étonnante soucoupe flottante, au design rappelant immanquablement un certain esprit d’anticipation propre aux années 1970. « L’architecte, Jean-Michel Ducancelle, ne cache pas s’être ins- piré de la capsule visible dans “L’Espion qui m’aimait ”, l’un des James Bond emblématiques de cette décennie », confie Jacques-Antoine Cesbron, le financier du projet, en nous conduisant vers la côte de granit rose, où est amarré depuis un an le premier exemplaire. Sur la route, à Lannion, Jacques-Antoine nous montre au passage où se situera le futur outil de production de la jeune entreprise, un bâtiment de 1 500 m dédiés à la fabrication des modèles à venir. « La capsule que vous allez découvrir a été fabriquée à Angers et assemblée en Bretagne, mais nous vou- lons disposer de notre propre atelier pour poursuivre l’aventure. » Arrivé sur le quai du port de Trébeurden, impossible de manquer l’objet de notre visite. En bout de ponton – la seule place possible avec ses neuf mètres de diamètre – Anthenea attire le regard avec son design tout en rondeur et avantgardiste.
Dans l’esprit du Palais Bulles
Difficile en effet de ne pas songer aux images de villes du futur en découvrant cette demi-bulle
pleine de surprise. « Vous ne serez sans doute pas étonné d’apprendre que Jean-Michel Ducancelle a participé à la décoration du Palais Bulles de Pierre Cardin », confie d’ailleurs Jacques-Antoine en nous invitant à monter à bord. S’il peut parfois sembler difficile de s’en convaincre, l’une des premières choses que l’on réalise est que cette capsule habitable de 50 m demeure bien un bateau.
Plus stable qu’un bateau classique
Equipée d’un moteur électrique Torquedo de 4 kW – les versions futures seront propulsées par deux pods développant chacun une puissance de 4 kW afin d’améliorer la manoeuvrabilité – Anthenea peut se déplacer à la vitesse de quatre noeuds pour trouver le mouillage de ses rêves. L’alimentation des trois batteries lithium du moteur électrique étant assurée par des panneaux solaires, la capsule dispose de six chaumards autour de sa plateforme afin d’optimiser son orientation par rapport au vent et au soleil. «Anthenea est un bateau, c’est vrai, mais elle est beaucoup plus stable qu’une embar-
cation classique », ajoute Murielle Cheftel, en charge de la communication. « C’est un bateau pour les terriens. » Affichant sept tonnes à vide sur la balance et 18 tonnes ballasts pleins, la capsule présente en effet une stabilité de masse venant s’ajouter à une stabilité de forme qui ne lui fait pas craindre le clapot et les vagues de sillage. Si l’apparence extérieure ne laisse pas indifférent, que dire une fois passé la porte papillon, mue par deux vérins électriques ? Dans son antre, Anthenea révèle un visage à la fois protecteur et ouvert sur l’environnement qui l’entoure avec ses larges ouvertures panoramiques. Plusieurs espaces de vie cohabitent : une zone dédiée au couchage, une cuisine, une salle de bain avec jacuzzi et un confortable salon. Cerise sur le gâteau, un large panneau offre une vision sous-marine – facilement nettoyable par un plongeur amateur – et l’on trouve au centre de la capsule un accès sous-marin. « Il s’agit d’une version de démonstration », rappelle Jacques-Antoine
Cesbron. « L’agencement peut naturellement évoluer en fonction des choix de la clientèle. » Tout le mobilier intérieur est en effet modulaire, car construit en polystyrène recouvert d’une couche de béton mince. Précisons que la domotique présente à bord permet de contrôler l’ouverture de la porte, l’éclairage mais également la maintenance du bateau. La visite se poursuit en empruntant les six échelons menant à une terrasse panoramique circulaire de 14 m . Celle-ci apparaît en faisant monter sur un axe central la partie supérieure de la demi-sphère.
La chambre d’hôtel du futur ?
Depuis la mise à l’eau de ce premier modèle, l’équipe d’Anthenea a enchaîné présentations et salons pour faire connaître ce produit novateur. Un tour d’horizon qui a
recentré les objectifs de vente vers l’hôtellerie de luxe plutôt que vers les particuliers. « Nous avons eu de nombreuses demandes de devis » confirme Murielle Cheftel. La Polynésie, les Bahamas, les Maldives et plus globalement les mers du Sud apparaissent comme la destination privilégiée pour cette capsule commercialisée au prix de 420 000 euros HT. « Mais pas seulement car l’alcôve peut très bien supporter une grande amplitude thermique », explique Jacques-Antoine. On peut très bien imaginer Anthenea sur un lac l’été et sous la neige en hiver en Suisse ou en
Scandinavie. » L’entrepreneur précise qu’avec une homologation en catégorie C pouvant accueillir jusqu’à cinquante personnes à son bord, la capsule pourrait aussi être livrée pour des boîtes de nuit ou en version restauration. Pour l’heure, les objectifs portent sur la construction – et la vente – de deux modèles en 2019, de dix en 2020 et de vingt-et-un en 2021, avec, à terme, près d’une cinquantaine de salariés. Une affaire à suivre…