Que du bonheur ?
Naviguer propre, sans consommer de carburant et sans polluer : c’est un rêve désormais accessible mais à certaines conditions...
Pas d’émission, plus de vidange ni de carburant à la pompe… Le bateau électrique est-il la panacée, le yacht de demain ? Pour ceux qui acceptent de croiser à une vitesse modérée – 5 noeuds – et à limiter la consommation d’énergie – réfrigérateur coupé la nuit, usage restreint de la climatisation –, assurément. A cette vitesse, certes limitée, le Silent 55 est capable de traverser l’Atlantique sans consommer une goutte de gazole. Le 55 démontre qu’un bateau propre n’est plus une vue de l’esprit. Sans le nier, nous ne rentrerons pas ici dans le débat du bilan carbone total d’un panneau solaire et des batteries lithium ; ce n’est pas l’objet de notre essai du Silent 55. Reste qu’un générateur reste indispensable à bord d’un yacht hauturier. Autant il est possible de prévoir les recharges d’une voiture électrique en fonction des itinéraires prévus, autant la navigation et l’ensoleillement sont des données forcément plus difficiles à anticiper, surtout au large… On conserve donc un moteur à bord, avec à la clé moins de carburant puisque le générateur ne sert que d’appoint, mais toujours de l’entretien. Deuxième sujet de questionnement : le parc de batteries. Il est ici garanti huit ans. Mais quid quelques années plus tard ? Le coût de l’achat d’un parc neuf pourrait être rédhibitoire, même si les technologies évoluent avec une baisse des prix probable (en tout cas si l’énergie électrique s’impose pour de bon sur le marché auto). En ce qui concerne les panneaux solaires, Silent Yachts considère qu’il est nécessaire de les remplacer au bout de 25 ans – c’est mieux ! Sachant que l’espérance de vie d’un bateau est proche de 40 ans, la durée de vie de ce matériel onéreux est une donnée à considérer, ne seraitce que pour la valeur d’un bateau électrique sur le marché de l’occasion. Un dernier point : le feu à bord. Les récentes études sur les voitures électriques tendent à prouver – on manque évidemment de recul – que la motorisation électrique présente deux fois moins de risques de provoquer un incendie qu’une propulsion thermique. C’est rassurant. Mais un départ de feu « ménager » (le gaz, responsable de nombreux sinistres, est d’ailleurs proscrit à bord des Silent Yachts) ou dû à un autre bateau tout proche peut se solder par un incendie pratiquement impossible à maîtriser dès lors que le parc de batteries est touché. Au-delà de ces légitimes interrogations, la motorisation électrique est séduisante à condition d’accepter un nouveau mode de croisière : moins de vitesse, une navigation en accord avec les conditions de vent et de mer, mais un bateau sans émissions. Un yacht qui ne pollue pas l’environnement et qui pourra donc naviguer dans les plans d’eau les plus protégés.
puissants promettent vingt noeuds. De toute façon, nos dix noeuds ne sont pas vraiment compatibles avec zéro émission du bateau : à ce régime, les batteries ne tiennent que deux heures. Le générateur prendrait donc rapidement le relais nous autorisant, avec les réservoirs optionnels de notre Silent 55 (1 735 litres en tout), une autonomie réduite à 800 milles. Le jeu est plutôt d’exploiter la météo – c’està-dire d’éviter vagues et vent de face – et même de baisser, dans ces conditions, le T-top pour réduire le fardage.
Un plan de pont dédié au farniente
Evidemment, inutile d’évoquer le plaisir de barre – le pilote automatique prend vite la main. Amateurs de longs sillages et de virages serrés à pleine puissance, passez votre chemin – ou intéressez-vous éventuellement à la version thermique. Reste que la visibilité depuis le poste de barre du fly deck est excellente – idem pour la timonerie. Et que les quelques sillages traversés, sans tangage excessif ni chocs, démontrent des carènes bien dessinées – avec fond de nacelle en aile de mouette – et un judicieux centrage des poids. Le principal intérêt d’un catamaran, en plus de la faible traînée, c’est la largeur qu’offre la plate-forme ; du coup, la nacelle peut préserver des passavants fréquentables sans rogner sur la surface habitable. Le passage est d’autant plus sécurisé que le bastingage en inox ceinture le livet de pont, lui-même bordé par un pavois conséquent. A l’avant, l’ouverture dans les filières permet de gérer au mieux les opérations de mouillage. Le cockpit, parfaitement protégé par le fly
deck, propose une table extérieure décalée sur bâbord, de nombreuses assises et deux accès directs à la mer grâce à des jupes larges et bien étudiées. Un solarium suspendu masque habilement les bossoirs de l’annexe. Des réserves dans la nacelle proposent des assises originales. Le pontage avant, entre les coques, offre deux bains de soleil qui se prolongent sur les trampolines. Quant au fly deck, facilement accessible, il comporte, en plus d’un vaste solarium arrière, une longue banquette en L et une autre table. A l’intérieur, le propriétaire profite – à l’instar de la motorisation – d’un très large choix d’emménagements puisque le Silent 55 peut être équipé de trois, quatre, cinq ou encore six cabines. Seules les trois premières déclinaisons préservent une immense master cabin (plus de sept mètres de largeur, cabinet de toilette compris) avec un lit queen size. Evidemment, cette largeur exceptionnelle est directement liée à la configuration catamaran. La version présentée ici est la 4/4 – comprenez quatre cabines et quatre cabinets de toilette. La zone de vie d’une surface de 40 m rassemble la cuisine, qui jouxte le cockpit, le carré (taillé confortablement pour huit personnes) et le coin timonerie/navigation. Ces deux derniers sont légèrement surélevés.
Confort et bonne habitabilité
La vue panoramique est imprenable grâce aux larges ouvertures. L’accès est très large, de plain-pied vers le cockpit. A défaut d’une finition parfois imparfaite, comme mentionné plus haut, les matériaux utilisés sont flatteurs – cuir, alcantara, bois précieux, inox. Dans toutes les cabines, l’aération est bien pensée, même si la climatisation réversible fait partie de l’inventaire du bord. La hauteur sous barrots reste généreuse avec toujours plus de deux mètres. On trouve un peu partout des prises USB et 220 V. La nuit, l’ambiance est chaleureuse grâce à un éclairage qui exploite habilement les leds. Alors, paré pour une transat en mode slow life ?