Un laboratoire grandeur nature
Faire voler les bateaux au-dessus de l’eau est une tendance lourde initiée par les voiliers de compétition. Bénéteau relève le défi des foils pour le moteur.
Qui d’autre que le Groupe Bénéteau pouvait se lancer dans l’aventure des bateaux à moteur volants ? Certes, ils ne sont pas les premiers à faire voler un bateau de plaisance a moteur, mais la puissance du deuxième constructeur mondial laisse présager un futur aérien. Ce premier bateau, long de 9,70 m, a été développé en interne par le bureau d’étude du groupe (Patrick Tableau, Olivier Fougère) en collaboration avec DMS Sarrazin Design, Noval pour les systèmes mécaniques de verrouillage et relevage des foils et des moteurs, avec Suzuki et avec SeAir, la start-up lorientaise, qui met au point des systèmes de foils
pour différents types de bateaux. Tous ces acteurs sont partis d’une page blanche il y a neuf mois, car il fallait dessiner le bateau, les foils, la motorisation. La coque de ce prototype est moulée en sandwich mousse/verre sous infusion. La carène particulière présente deux V, presque deux carènes : une pour naviguer normalement, l’autre pour voler. Les quatre foils sont fixes, articulés autour d’un axe et se manoeuvrent automatiquement, alors que les moteurs sont montés sur une chaise hydraulique qui s’abaisse en mode foil. Patrick Tableau, architecte du groupe Bénéteau, précise qu’il n’a souhaité qu’un minimum de réglages, «seulementavecletrimdesmoteurs, pourqu’ilsoitaussisimpleàutiliserqu’un bateausansfoils». Les premiers essais sont concluants puisque, avec 2 x 200 ch Suzuki, le foiler atteint 40 noeuds avec une consommation réduite de 25% à 25 noeuds. Ce bateau laboratoire est encore en phase de développement et il reste encore beaucoup à défricher, mais Bénéteau a prévu de destiner ce foiler à être un bateau média qui suivra les courses importantes comme la Coupe de l’America où les catamarans (à foils évidemment) dépassent les 40 noeuds, en attendant de voir voler un Cap Camarat, une Flyer ou une Antarès.