Introduction
Lâchez les chevaux !
Vitrine de la production motonautique made in USA, le salon de Miami s’est tenu du 14 au 18 février. Il confirme le règne sans partage du hors-bord adopté par la majorité des chantiers et le déclin inexorable de la transmission Z-drive sur le segment des 9/13 mètres
Des hors-bord fixés au tableau arrière d’un Hinckley. C’est l’image forte de cette cinquantième édition du Miami Boat Show (lire le test page 80). Le choix de ce chantier emblématique de la plaisance chic et classique made in USA illustre bien la mutation profonde que vit la plaisance à moteur dans le monde. Produire des bateaux en hors-bord est devenu tendance en dépit du défi esthétique que cela représente.
Le hors-bord largement plébiscité
La conversion touche tous les modèles de 10 à 15 mètres de long. Le chantier américain Formula, spécialiste du sportboat à motorisation in board, est l’un des derniers à avoir viré sa cutie. Sur la douzaine de modèles exposés sur son stand à Miami, les trois-quarts étaient affublés de hors-bord rutilants. Quelle métamorphose ! D’autres constructeurs au style très conservateur comme Tiara, Back Cove ou MJM développent leur propre gamme. Il faut recon
naître qu’il y a urgence. Le marché du moteur stern-drive s’effondre. La faute au hors-bord. Ce dernier a tous les avantages auprès d’une clientèle qui plébiscite la facilité d’utilisation et la maintenance simplifiée. L’augmentation des puissances et une mécanique toujours plus fiable ont fait le reste. Le phénomène a donné naissance à un nouveau type de bateau qui combine plan de pont walkaround et zone de vie intérieure. Le Tiara 38 LS (page 82) est un bon exemple de ce concept hybride. D’autres modèles comme le Hinckley 40 justement, le Regal 38 XO ou le Four Winns V355 surfent sur la tendance avec toujours, comme point de convergence, la présence de deux, trois voire quatre hors-bord à la poupe.
Une course effrénée au gigantisme
Ce sont des vedettes performantes taillées pour la balade à la journée entre amis ou pour la petite croisière en autonomie de quelques jours. La polyvalence du programme est la priorité du client. Parallèlement à cette nouvelle offre, la catégorie des méga opens continue de prospérer. Le constructeur floridien HCB (en HydraSport) en a même fait son nouveau cheval de bataille. Chaque année, la marque dévoile un modèle avec lequel elle est sûre de faire le buzz. Pour l’édition 2019, les visiteurs du Boat Show ont pu découvrir l’Estrella 65 qui succède au Suenos 53 lancé deux ans auparavant. Cette coque à console centrale de 21 mètres de long décroche le titre du plus grand open du monde. Dans cette course au gigantisme, HCB fait cavalier seul devant d’autres chantiers comme Cigarette ou Scout et son nouveau 530 LXF (lire page 90). L’Estrella 65 arbore une brochette spectaculaire de cinq blocs Seven Marine de 627 chevaux chacun, mais le bateau pourrait supporter davantage. Quel sera le prochain navire amiral HCB ? Y aura-t-il un jour une taille plancher pour ce genre d’unité ? Michael Yobe, le vice-président d’HCB, répond à ce questionne
ment avec pragmatisme : «Tant que les motoristes parviendront à intégrer dans leur mécanique toujours plus de puissance, les méga opens n’auront pas achevé leur croissance.» De tels engins sont produits au compte-gouttes mais, à 4,4 millions de dollars l’unité, le chantier est loin d’être perdant. Pour HCB, c’est aussi le moyen de s’ouvrir à des marchés hors USA et notamment les pays du Golfe, très fans de bateaux hors-norme. Le HCB Estrella 65 exposé à Miami devrait quant à lui naviguer aux Bahamas. Son acheteur serait un tennisman connu. Michael Yobe n’a pas souhaité révéler son nom.