• Fortier 42
Construit à partir d’un plan des années 60, le Fortier 42 s’inscrit dans le style traditionnel et indémodable des vedettes dites «Downeast».
Sur les pontons du Miami Boat Show, le Fortier 42 fait presque figure d’intrus au milieu des grands opens hors-bord made in Florida. Cette jolie vedette classique de 13 m de long a fait le voyage depuis son Massachusetts natal, à une petite centaine de kilomètres au sud de Boston. «C’est le bateau d’un client, précise le sympathique Rod Fortier, patron du chantier éponyme qui nous accueille à bord. J’ai mis
huit jours non stop pour descendre jusqu’à Miami via l’intracoastal. Le propriétaire me l’a prêté le temps du salon. Il part juste après en croisière
dans les Caraïbes.» C’est la première fois que le chantier participe au salon de Miami. Selon Rod, le salon draine une clientèle premium qui peut être intéressée par ses unités au look spécifique de la Nouvelle-Angleterre. «Tousmes bateaux sont des plans signés Eldridge-Mcinnis, précise le boss. C’était l’égal de Dick Bertram dans les années 1960. Le plan du 42 pieds date, lui, de 1964.» La fidélité à cet architecte naval de renom se confond avec la belle histoire du chantier Fortier. Tout commence en 1976. Le père de Rod travaille dans la construction de maison comme maître d’oeuvre mais sa véritable passion, c’est le bateau à moteur qu’il pratique au sein du yacht club local. L’homme est habile de ses mains. L’idée de construire son propre
bateau lui vient naturellement. Il achète les plans d’un 26 pieds chez l’architecte Mcinnis dont il apprécie le travail. Rod, tout juste 16 ans, lui file un coup de main. Le day-boat voit le jour dans le garage familial et est aussitôt revendu à un voisin bluffé par la qualité de cette fabrication amateur. Père et fils décident alors d’en faire un business. Deux ans plus tard, Fortier expose au salon de Boston. Onze unités sont commandées. Trente ans et des poussières plus tard, 500 Fortier
naviguent aux Etats-Unis. Le petit chantier fonctionne en direct, sans aucun intermédiaire. Le 26 pieds est toujours au catalogue et n’a pas changé d’un pouce «si ce n’est la forme des
hublots» plaisante Rod. Trois autres modèles de 30, 33 et 42 pieds ont rejoint la famille, tous pourvus d’une carène à bouchains vifs dessinée par Mcinnis. Lancé il y a peu, le Fortier 42 bénéficie d’une finition artisanale impeccable. Le constructeur taille lui-même ses planchers en teck. L’importante menuiserie des aménagements intérieurs en merisier satiné est aussi faite maison, ce qui permet à Rod et son équipe d’imaginer des solutions de rangements inédites et astucieuses. En dépit de son enveloppe «tradi», le Fortier 42 est équipé de Volvo IPS 500 qui vont comme un gant à cette carène conçue à l’origine pour un sportfishing. Les blocs moteurs (2 x 370 ch) sont néanmoins centrés sous la timonerie et un long «jackshaft» (arbre de transmission) les relie aux pods. La coque se révèle être particulièrement planante et maniable. La vitesse maxi flirte avec les 35 noeuds à plein régime. Deux grands écrans Garmin investissent un tableau de bord ergonomique agrémenté sur la gauche d’un joystick de manoeuvre. L’agencement intérieur recherche la fonctionnalité avant tout. Le carré pour quatre sur le côté bâbord fait face à une cuisine munie d’un grand plan de travail. Le plainpied est garanti d’un bout à l’autre de la timonerie. Le niveau inférieur dispose de deux cabines, dont une dans le triangle avant entièrement latté de bois. Rod Fortier tient à nous préciser que les aménagements sont customisables. Le prix du bateau tel que présenté s’élève à 1,1 million de dollars. Presque raisonnable au regard de la qualité du travail.