Iguana Yachts
Dix ans après avoir vu le jour, le chantier normand exporte ses opens amphibie aux quatre coins du globe et s’apprête à lancer un deuxième modèle. Neptune a rendu visite à ce constructeur plein d’ambitions. Texte et photos Marc Fleury
«Bien sûr que nous restons une start-up !» Julien Poirier, directeur des opérations chez Iguana Yachts, semble surpris par la question en nous guidant vers les ateliers du chantier. Avec près de 40 modèles vendus à travers le monde, la marque spécialisée dans la construction d’opens amphibie haut de gamme semble pourtant avoir décollé depuis belle lurette... « Nous sortons aujourd’hui un bateau par mois, mais les choses vont s’accélérer cette année. L’objectif est
de doubler la production. » Clairement, le constructeur implanté à Caen ne fait pas mystère de ses ambitions et se donne les moyens pour atteindre ses objectifs
Un chantier en pleine croissance
Petit retour en arrière. En 2008, Antoine Brugidou, rompu aux navigations au large des côtes de la Manche, se met en tête de construire un bateau à l’aise sur l’eau comme sur le sable. En collaboration avec le designer Antoine Fritsch et l’architecte Tanguy Le Bihan, il donne naissance à l’Iguana, dont le prototype affiche déjà des contours proches de ceux que nous lui connaissons aujourd’hui. Dix ans plus tard, l’histoire s’est muée en une véritable success story à la française. Entretemps, il aura fallu faire fi du scepticisme ambiant et faire preuve de beaucoup d’abnégation. Mais de prototype en évolution et au prix d’innom
brables heures de recherche et de mises au point, la marque au lézard s’est taillé une place au soleil sur le secteur pourtant ultra exigeant du tender de luxe. Ses bateaux, dotés de chenilles en caoutchouc rétractables, se retrouvent aujourd’hui sur les plages et les eaux de Méditerranée, des Caraïbes, du Golfe Persique ou d’Australie, mais également dans les garages à annexes de super
yachts. «Notre orientation luxe est gage de qualité, mais cela pose aussi des limites en termes de développement», explique Julien Poirier. Raison pour laquelle nous lançons cette année un semi-rigide, certes moins luxueux, mais aussi moins cher et plus facile à entretenir.» L’arrivée du X-100 (voir encadré page suivante), et la densification du carnet de commandes qui en découle, ira de pair avec un agrandissement du chantier, dont la surface atteindra 5 000 m en fin d’année. Les équipes vont également s’accroître, pour atteindre
trente personnes en décembre contre vingt-deux aujourd’hui. Dans les ateliers, l’activité témoigne d’une entreprise ayant atteint une certaine maturité. Trois bateaux y sont en production et une reprise récente s’apprête à être repeinte avant d’être livrée à son nouveau propriétaire.
Huit stations de montage
Iguana Yachts est d’ailleurs l’un des rares chantiers hexagonaux à disposer d’une cabine de peinture
à température et hydrométrie contrôlée, qui lui permet de garantir des finitions irréprochables. La fabrication des nouveaux modèles suit une chaîne de huit stations de montage. Un processus de fabrication qui permet à chaque poste de travailler en complète indépendance. Dans cet univers de haute technologie, où les coques construites en époxy sous infusion sont associées à des pièces en infusion carbone et parcourues d’innombrables faisceaux électriques, le travail à la main demeure omniprésent. «On peut résumer cela comme une forme d’artisanat avec une organisation industrielle, précise Julien Poirier. Iguana Yachts est en cela à l’image d’un certain savoir-faire à la française, même si nous véhiculons une image très internationale.» Élément central à bord de ces bateaux pas tout à fait comme les autres, le système de chenilles rétractables, fonctionnant avec un moteur thermique ou électrique, est aussi la meilleure preuve de la capacité d’innovation du chantier normand. «C’est un mécanisme très technologique, qui a nécessité de nombreuses heures de recherche et de mises au point. À l’opposé, ce système a aussi l’avantage d’être très robuste et d’une grande facilité d’entretien.»
Un produit unique sur le marché
En dehors d’un rinçage après chaque sortie, les propriétaires n’ont pas trop de souci à se faire. «Tout dépend bien sûr du type de sol et de l’usage que l’on en fait, mais les lames de suspension, en carbone et en caoutchouc, étant là pour absorber les vibrations, il n’est pas nécessaire de prévoir autre chose qu’un changement des roues et des flexibles tous les cinq ans.» Proposant un produit unique sur le marché, bénéficiant de plus de dix années d’expérience, Iguana Yachts ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Nul doute que ce savoir-faire à la française devrait continuer à s’exporter.