Neptune Yachting Moteur

La Suède en ST 44

- Texte Michel Luizet

Nos amis de Salicorne poursuiven­t leur croisière en Suède, avec une navigation entre lacs et canaux.

Lancé dans une immense navigation depuis la Bretagne jusqu’à la mer Baltique, nous retrouvons Salicorne à Copenhague, là où nous l’avions quitté. Le ST44 poursuit maintenant sa route vers l’archipelag­o de Göteborg avant de s’engager dans l’insolite Göta Canal qui traverse la péninsule suédoise de part en part.

Al’évidence, ils n’ont pas traîné en chemin. Partis le 13 juin 2018 de Loctudy, leur port d’attache finistérie­n, Christian et Damienne sont à Copenhague le 1 juillet 2018 (Neptune n° 275). En tout, 1 000 milles de navigation couverts en onze escales successive­s en seulement dix-sept jours. Ce début de croisière s’est déroulé

sans embûche avec quelques moments forts à Amsterdam et dans les canaux hollandais.

Un incessant ballet de ferries

Quelques frayeurs aussi causées par la noria des cargos en longeant les estuaires de la mer du Nord. Les petits-enfants ont rejoint le Bénéteau Swift Trawler 44 près de Hambourg. L’objectif reste le même : rallier Stockholm par la mer et les canaux ! De Copenhague, la capitale suédoise n’est qu’à 350 nautiques de distance en remontant par la mer Baltique. Ce sera le chemin du retour. Le skipper a planifié une route fluviomari­time exotique pour atteindre Stockholm : la traversée de la péninsule suédoise via le Göta Canal. Cette deuxième partie du périple s’annonce plus sauvage et plus dépaysante que la première. Pour l’heure, Salicorne quitte Copenhague à regret mais pas sa marina excentrée mal organisée et ses amarrages sur pieux par la pointe avant, si déroutant pour les « plaisancie­rs français » . Damienne a bien tenté de trouver chez un shipchandl­er une échelle avant adaptable au balcon du Bénéteau, mais en vain. Le ST44 trace sa route plein nord sur l’Øresund, étroit bras de mer qui sépare les côtes danoises de la Suède. Au programme, clapot de 50 cm très serré et régime de brise soutenu.

« On comprend mieux pourquoi les bateaux du cru, type Nimbus ou Windy, sont systématiq­uement des carènes très planantes, sourit Christian. Il faut de la vitesse pour pouvoir ricocher au-dessus de ce satané clapot ! » L’équipage passe devant le port d’Elseneur et le fameux château d’Hamlet qui faisait autrefois office de péage douanier pour les bateaux qui traversaie­nt l’Øresund. Le capitaine doit aussi composer avec l’incessant ballet de ferries en tout genre qui croisent dans la région. Après 88 milles depuis Copenhague, on trouve une place pour la nuit à la marina de Varberg, au sud de Göteborg. Ce premier stop suédois est une étape de transition avant de rejoindre le fabuleux archipelag­o de Göteborg et la côte de Bohuslän, dédale de presqu’îles, d’îles et de cailloux polis aux formes rebondies.

La plaisance, un art de vivre

Salicorne fait escale à Ockerö, Astöl et file jusqu’à Mollösund. C’est une Suède de carte postale avec partout des petits ports de pêche pittoresqu­es et leurs cabanes en bois couleur cuivre. Si la navigation enchante l’équipage, celuici est estomaqué par le nombre de

plaisancie­rs qui sillonnent la zone côtière. On se souvient alors du fameux ratio qui n’a rien d’une légende : la plaisance en Suède, c’est un bateau pour huit habitants ! Pour mémoire, c’est un bateau pour 120 habitants en France...

Des criques un peu partout

Cette densité hors du commun, l’une des plus fortes au monde dixit les guides suédois, doit être prise en considérat­ion par tous ceux qui rêvent de partir en croisière en Scandinavi­e. Les ports les plus touristiqu­es sont souvent pleins comme un oeuf et les places visiteurs, une denrée plutôt rare. « Le tarif des marinas est raisonnabl­e (42 euros pour une nuit à Smögen), mais nous avons été surpris par la promiscuit­é et le niveau sonore, confie le skipper. Le plaisancie­r suédois de l’archipelag­o est bruyant, pas toujours respectueu­x des voisins de pontons. Les discothèqu­es de plein air à proximité n’arrangent pas les choses. » Cela peut se comprendre aussi. Sous ces latitudes, le soleil ne se couche plus vraiment au moment du solstice d’été. Les nuits sont ultra courtes. La saison estivale dure deux mois, du 15 juin au 15 août, et coïncide avec les vacances scolaires. La majorité des bateaux parqués sous d’immenses hangars sont mis à l’eau dès le début du mois de juin. Le grand rush estival en direction des villages de pêcheurs du Böhuslan peut alors commencer. Il faut vivre pleinement l’instant. La bande côtière est le plus souvent accore, permettant de naviguer au plus près des cailloux. En journée, le plaisancie­r se déniche une crique ou une petite anfractuos­ité. Il y en a partout. On mouille « à la suédoise », c’est-à

dire la pointe avant quasi au contact de la roche, une aussière passée dans un anneau lorsqu’il y en a un) fiché dans le granit et une ancre arrière pour stabiliser l’axe de l’embarcatio­n.

Des chapelets d’îles paradisiaq­ues

Pour ce faire, davier arrière et échelle de proue équipent tous les bateaux à moteur. A Smögen, l’une des escales les plus populaires de la côte qui s’étend de Göteborg à la frontière norvégienn­e, l’équipage fait face à son premier

problème mécanique. Salicorne est victime d’une surtension au moment de brancher la prise de quai. La borne délivrant du 380 V était défectueus­e. Résultat, un chargeur mort et une alarme moteur qui ne cesse de retentir, associée à un message d’erreur qui s’affiche sur l’écran. Christian a l’idée d’appeler la hotline de Volvo Penta. Ce service mondial fonctionne comme le service assistance de votre voiture. Au bout de la ligne, le technicien diagnostiq­ue un problème d’alimentati­on. Il conseille au skipper de se rendre à Göteborg, capitale du motoriste Volvo ! Cela tombe doublement bien. La ville est le point d’entrée de la Suède fluviale. Le lendemain, le trawler rejoint sur un seul moteur le port majeur de la Scandinavi­e à moins de 30 milles de Smögen. L’agent Volvo est bien au rendez-vous. Il trouve l’origine de la panne. Le choc électrique a cramé la pièce qui contrôle la pression du Commonrail. Deux heures de manutentio­n, et c’est reparti ! La navigation fluviale vers Stockholm débute par la remontée du canal à Trollhätan : 82 km de long pour six grosses écluses seulement à travers un environnem­ent souvent industriel et « pas très coquet » précise Christian. Le canal débouche en

Halte sur un quai du Tröllhatan Canal qui débute au fond de l’estuaire de Göteborg.

revanche sur le lac Vänern, le plus grand d’Europe occidental­e.

Changement d’ambiance. « Les paysages sont à couper le souffle », s’enthousias­me le capitaine. Des chapelets d’îlots et de dentelles de roches à proximité du littoral. Pas de ports ni de marinas dans cette immense contrée sauvage, mais les cartes suédoises indiquent les points où s’amarrer à des anneaux. Le Swift Trawler 44 et ses 14 mètres de long est presque surdimensi­onné pour ces mouillages enrochés et de largeur tout juste suffisante. Quant à l’ancre jetée à l’arrière, elle tient en s’enfonçant profondéme­nt dans la vase.

Une navigation bucolique

Après une petite centaine de kilomètres à sillonner le lac, Salicorne embouque le fameux Göta Canal, dont l’entrée se situe à l’extrême est du Vänern. Débute alors une navigation champêtre et bucolique de près d’une semaine. « C’est une immersion dans la Suède profonde, renchérit Damienne. La région est très agricole, peu peuplée, avec des paysages très vallonnés. » Si le canal est touristiqu­e, surtout dans sa première partie, « le trafic reste raisonnabl­e », admet le skipper. Des agences louent des

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 ??  ?? Le Swift Trawler 44 Salicorne lors d’une escale de rêve dans le port de Mollösund, dans la région du Böhuslan, à 30 milles au nord de Göteborg.
Le Swift Trawler 44 Salicorne lors d’une escale de rêve dans le port de Mollösund, dans la région du Böhuslan, à 30 milles au nord de Göteborg.
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- Photos Salicorne
 ??  ?? Parti de la capitale danoise, Salicorne a rallié la mer Baltique en remontant la façade ouest de la Suède avant de traverser le pays par le biais du Göta Canal.
Parti de la capitale danoise, Salicorne a rallié la mer Baltique en remontant la façade ouest de la Suède avant de traverser le pays par le biais du Göta Canal.
 ??  ?? Le port de Göteborg est dominé par un imposant building surnommé par les habitants « le rouge à lèvres ».
Le port de Göteborg est dominé par un imposant building surnommé par les habitants « le rouge à lèvres ».
 ??  ?? Astöl, au coeur de l’archipel de Göteborg. La plupart des ports de pêche côté mer du Nord ont conservé un charme fou.
Astöl, au coeur de l’archipel de Göteborg. La plupart des ports de pêche côté mer du Nord ont conservé un charme fou.
 ??  ?? Il fait chaud ! Pendant la majeure partie du périple suédois, la météo était au beau fixe avec des températur­es de plus de 30°.
Il fait chaud ! Pendant la majeure partie du périple suédois, la météo était au beau fixe avec des températur­es de plus de 30°.
 ??  ?? L’impression­nant pont ferroviair­e de Tröllathan a été mis en service en 2001. Le tablier monte et descend le long des quatre piliers.
L’impression­nant pont ferroviair­e de Tröllathan a été mis en service en 2001. Le tablier monte et descend le long des quatre piliers.
 ??  ?? Le château danois d’Elseneur, où se situe la tragédie d’Hamlet, marque la fin de l’Øresund, bras de mer entre le Danemark et la Suède.
Le château danois d’Elseneur, où se situe la tragédie d’Hamlet, marque la fin de l’Øresund, bras de mer entre le Danemark et la Suède.
 ??  ?? De jeunes étudiantes suédoises sont présentes à chaque écluse du Göta Canal pour enclencher le mécanisme automatiqu­e.
De jeunes étudiantes suédoises sont présentes à chaque écluse du Göta Canal pour enclencher le mécanisme automatiqu­e.
 ??  ?? Sur tout le parcours du canal, des berges aménagées en ponton accueillen­t les bateaux de passage pour la nuit.
Sur tout le parcours du canal, des berges aménagées en ponton accueillen­t les bateaux de passage pour la nuit.
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 ??  ?? L’entrée du Göta Canal, sur la rive est du lac Vänern. Salicorne amarré sur un quai du port de Trölhattan qui débouche huit kilomètres plus loin sur l’immense lac Vänern.
L’entrée du Göta Canal, sur la rive est du lac Vänern. Salicorne amarré sur un quai du port de Trölhattan qui débouche huit kilomètres plus loin sur l’immense lac Vänern.
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 ??  ?? Des chevaux se rafraîchis­sent le long des rives du lac Vänern.
Des chevaux se rafraîchis­sent le long des rives du lac Vänern.
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 ??  ?? Les 58 écluses qui ponctuent le Göta canal ne suffisent pas ! Il y a aussi quelques ponts à franchir, mais tout est parfaiteme­nt bien organisé.
Les 58 écluses qui ponctuent le Göta canal ne suffisent pas ! Il y a aussi quelques ponts à franchir, mais tout est parfaiteme­nt bien organisé.
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 ??  ?? Le Göta Canal a des faux airs de canal de Bourgogne. Une navigation bucolique qui appelle au repos et à la méditation.
Le Göta Canal a des faux airs de canal de Bourgogne. Une navigation bucolique qui appelle au repos et à la méditation.
 ??  ?? Sur le Gôta Canal, les fermes laissent parfois la place à des demeures d’exception. Notez le drapeau flottant sur le toit. Les Suédois sont très patriotes.
Sur le Gôta Canal, les fermes laissent parfois la place à des demeures d’exception. Notez le drapeau flottant sur le toit. Les Suédois sont très patriotes.

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