• Princess R35
Bijou technologique et avant-gardiste, cet open en carbone sustenté par deux foils automatiques redéfinit les critères de confort en navigation. Un coup de maître, fruit d’une collaboration entre Princess et Pininfarina, qui pourrait préfigurer les évolutions de la plaisance de demain…
Mission accomplie ! Il y a deux ans, lorsque Princess a annoncé que ses équipes planchaient sur la conception d’un open à foil, nombreux ont été les voix à douter de la réalisation d’un tel projet. Trop compliqué à mettre en oeuvre, pas en phase avec l’image de la marque, les arguments des sceptiques fusaient comme les hypothèses sur la résolution du Brexit… Même la fastueuse présentation officielle, dans un château de Mandelieu privatisé pour l’occasion, à la veille de l’ouverture du dernier Cannes Yachting Festival, n’avait pas suffi à faire taire les plus dubitatifs. C’était sans compter sur l’infaillible volonté du chantier de Plymouth de livrer un modèle doté d’une technologie innovante, visant autant à anticiper les attentes du marché qu’à faire le buzz en réalisant un joli coup marketing.
Une communication efficace
Pour y parvenir, Princess, peutêtre le plus emblématique des chantiers britanniques, a fait appel au cabinet italien Pininfarina, connu notamment pour ses nombreuses collaborations avec Ferrari. Et il n’a pas hésité au passage à franchement rajeunir son image, comme en témoigne le style ultra vitaminé du dessin animé visible sur internet qui a précédé le lancement de la R35. Jamais auparavant les méthodes de communication issues du monde de l’automobile n’avaient à ce point été appliquées au motonautisme ! Soucieux de ne rien laisser au hasard, le constructeur a d’ailleurs reporté l’essai du bateau, initialement prévu à l’automne dernier, pour être certain de proposer un modèle irréprochable. Une pré
Les foils soulagent légèrement l’arrière du bateau et diminuent la traînée.
caution aussi peut-être dictée par le tarif du bateau, un peu plus de 800 000 €, autrement dit le prix d’une Princess V50…
Un savoir-faire impressionnant
C’est ainsi conscient du privilège de bénéficier de l’essai exclusif de l’un des modèles les plus atypiques du moment que nous arrivons en ce début juin sous le soleil de Mandelieu. Arborant une robe bleue du plus bel effet, le bateau de notre essai est le même que celui présenté à Cannes voici un peu moins d’un an, et donc la première coque livrée par le chantier. Depuis, neuf autres sont sorties du nouveau bâtiment spécialement construit pour produire les modèles de la série R. Tout juste mis à l’eau, le dernier en date, blanc nacré, fera office de tender pour le yacht d’un armateur russe. Si nous avions déjà eu l’occasion d’observer la R35 en détail, force est d’admettre que ses lignes ne peuvent que difficilement laisser indifférent. Signée par le cabinet Pininfarina, cette unité d’un peu moins de 11 mètres de longueur horstout affiche une silhouette galbée, presque voluptueuse, qui ne peut renier ses origines italiennes… Sur les flancs, les importantes dimensions des prises d’air se confondent habilement avec les traits de caractère du bateau, tandis que l’arrière du navire s’évase discrètement sur trois niveaux. Mais venons-en au fait. Car audelà du glamour de sa silhouette, parfaite pour séduire sur le marché méditerranéen, la R35 demeure avant tout un véritable bijou technologique, concentrant une somme de recherches et un savoirfaire impressionnant. Intégralement construit en carbone – le chantier s’est équipé de deux fours prévus à cet effet – le bateau ne
Une silhouette galbée qui ne peut renier une certaine inspiration italienne.
dépasse pas 4,5 tonnes sur la balance. Un poids plume en adéquation avec les besoins de son programme de navigation. Nous voilà au coeur du sujet... Au démarrage des deux Volvo V8 développant chacun 430 chevaux, deux patins de 30 cm de longueur sortent automatiquement sous la coque. En navigation, ceux-ci se déplacent constamment d’avant en arrière de façon à corriger l’assiette dans le but de maintenir le bateau à plat. Baptisé Princess Active Foil System, celui-ci a été spécialement mis au point par le cabinet d’architecture navale BAR Technologies, partenaire, notamment, du défi britannique à l’occasion de la dernière Coupe de l’America. Sur l’eau, le ressenti est immédiat. En poussant les manettes de gaz, le pilote sent instantanément que le bateau semble vouloir coller à la mer, sans rien perdre de ses facultés d’accélérations. Sur le léger clapot qui crénelait la baie de Cannes lors de notre essai, la R35 demeure parfaitement à plat, en ne tapant pas le moins du monde, même à plus de 40 noeuds ! En termes d’expérience, les comparaisons sont surtout à aller chercher du côté du monde de l’automobile, avec des sensations rappelant celles que l’on peut connaître au volant d’une voiture de sport ! Semblant aspirée par la mer sans en ressentir les à-coups, la vedette offre de nouveaux critères en matière de confort de navigation, comme si le bateau glissait en toute sérénité sur un rail pneumatique. Affichant un mouvement continuel, les patins permettent au bateau de s’adapter aux conditions en temps réel, quelle que soit sa vitesse. À ce propos, la R35 navigue à son régime de croisière entre 30 et 35 noeuds et a atteint 45 noeuds à plein régime lors de notre essai – 50 noeuds étant annoncés par le chantier en cas de conditions optimales. Un mot au passage sur le rugissement des deux V8 Volvo, qui ne pourra que combler les amateurs de belles mécaniques.
Technologie et navigation ludique
Le niveau élevé de technologie embarquée se retrouve également au niveau du tableau de bord. Pourvu du système Glass Cockpit de Garmin, ses deux écrans de 17 pouces permettent, outre les fonctions traditionnelles, d’afficher une vue virtuelle des deux foils et de leur position instantanée. L’aspect ludique n’a pas été oublié, avec un environnement