• Sunseeker Hawk 38
Lancé fin mai, le Hawk 38 marque le retour au plus haut niveau de Sunseeker sur le segment de l’offshore. Imaginé en partenariat avec Fabio Buzzi, le spécialiste mondial de la vitesse sur l’eau, ce day-boat de haute technologie atteint les 60 noeuds en po
Rendez-vous devant le pub Ship Inn face au vieux quai des pêcheurs de Lymington. Un semirigide vous y attendra et vous conduira à votre destination finale. » Le dernier message envoyé par la chargée de communication de Sunseeker avait un goût de chasse au trésor. Vous êtes dans le taxi entre l’aéroport de Southampton et la ville balnéaire chic du sud de l’Angleterre. En cette fin de mois de mai, c’est l’été avant l’heure. On prend le soleil même si l’air est balayé par une brise côtière rafraîchissante. A l’heure dite, la navette surgit de nulle part, vous embarque pour aussitôt repartir direction le Solent. Bienvenue dans le sanctuaire qui a vu naître le
« yachting plaisir ». Le Solent, c’est l’étroit bras de mer qui sépare la côte anglaise de l’île de Wight qui a bercé plusieurs générations de régatiers. C’est ici que Sunseeker a choisi de dévoiler aux médias le Hawk 38. La marque britannique est un peu dans son jardin. Le chantier naval de Poole est à moins de dix milles de distance.
Un offshore sportif et de luxe
La pointe des Needles, chapelet de falaises crayeuses à l’est de l’île, est un cadre familier pour organiser des essais toujours dynamiques vu l’état de la mer dans les parages. Le Hawk 38 n’y échappera pas ! Nous le retrouvons mouillé sur coffre devant la plage de Yarmouth. « C’est le numéro un, nous confirme Luke Stride, en charge du design et de l’ingénierie chez Sunseeker. Nous l’avons mis à l’eau hier matin ! » Pour le staff du chantier, ce bateau n’est pas qu’un modèle de plus. Il dégage une réelle dimension affective. Le Hawk marque le retour de Sunseeker sur le segment de l’offshore de luxe. Apache, Hawk, Tomahawk... Sunseeker a toujours eu la fibre sportive. Le défunt fondateur de la marque, Robert Braithwaite, était justement un grand amateur de runs endiablés. Le 38 lui est dédicacé. Braithwaite a encouragé ce type de production élitiste, souvent plus coûteuse à développer qu’elle ne rapporte, mais bénéfique pour l’image du constructeur. Tout le monde se souvient du XS2000 et de son
profil de torpille. La crise de 2008 a mis un terme à cette tradition maison. Sunseeker a patienté de longues années avant de juger que le marché était à nouveau mûr. « Nos revendeurs nous ont alertés sur l’émergence d’une génération de clients plus jeunes, plus joueurs aussi, prêts à sauter le pas pour des concepts à part, confie Luke. C’était vraiment le bon timing pour relancer un petit bolide. »
Priorité à la technologie
Sunseeker entre en contact avec Fabio Buzzi. L’expert italien de la vitesse sur l’eau n’est pas inconnu
pour le chantier britannique. Le récent recordman du monde de vitesse avec moteur diesel (276 km/h !) avait déjà dessiné la carène du XS2000, dix-huit ans auparavant. Toujours enthousiaste, le designer reprend donc à 76 ans du service pour la marque de Poole. En étroite collaboration avec le bureau de design Sunseeker, il imagine un projet de day-boat hybride avec des flotteurs stabilisateurs sur l’arrière comme il en existe sur ses patrouilleurs militaires (lire l’encadré ci-dessus). L’exigence technologique sera la matrice du concept. La carène dite « anti-enfournement » possède une étrave en forme d’ogive, striée de deux virures saillantes et longitudinales jusqu’au triple step. Une vraie machine de guerre ! La motorisation inboard laisse la place à une paire de hors-bord Verado 400 Racing, le nec plus ultra du motoriste américain. A l’instar des flotteurs Hypalon à pression automatique, la construction de la coque en fibre de verre est brevetée. C’est la raison pour laquelle toutes les oeuvres vives sont finalisées dans les locaux de FB Design sur le lac de Côme. Fabio Buzzi
y développe sa propre
méthode de fabrication baptisée « structural foam », qui n’est pas sans rappeler la manière dont sont conçues les coques insubmersibles de Boston Whaler. La coque et le contre-moule sont collés ensemble après avoir été préalablement renforcés par des raidisseurs longitudinaux en aluminium. Les parties vides sont compartimentées en six sections puis saturées de mousse polyuréthane à cellules fermées haute densité (65 kg/m ). Résultat ? Une rigidité structurelle démoniaque et une capacité à absorber les impacts que l’on perçoit dès le premier train de vague pris de face. Le Hawk 38 fait également l’objet d’études en soufflerie afin d’optimiser le profil aérodynamique du hard-top en fibre de carbone et de limiter les turbulences autour du pilote et de ses passagers. Prendre les commandes d’un tel engin est une expérience qu’on n’est pas près d’oublier. C’est un peu comme s’installer dans une Ferrari ou une Lotus. Les designers de Sunseeker se sont par ailleurs clairement inspirés de l’univers de la voiture de course et de son ergonomie pour dessiner le poste de pilotage. La barre a tout du volant auto avec ses comodos intégrés qui contrôlent l’écran Simrad 16 pouces interfacé avec toutes les fonctions du bord grâce à la technologie intégrée néozélandaise C-Zone. Les manettes de gaz « zero effort » de Mercury et la direction électrique complètent une panoplie à la technologie dernier cri. Pour le Hawk 38, le Solent est un terrain d’essai formidable. Le bateau se joue du clapot d’un demi-mètre. A quarante noeuds, vous avez le sentiment d’être à vingt. Manettes en coin, le GPS finit par marquer soixante noeuds après avoir pris la main sur le trim automatique. Vous êtes dans un jeu d’arcade. Accrochezvous ! Par mer arrière, le Hawk décolle sur les grosses vagues en restant bien à plat.
Un aérodynamisme exceptionnel
Les hélices à l’air libre font hurler les Verado 400R. Dans ces moments, l’équipage serre les dents, calé dans des fauteuils enveloppants signés Bezensoni. L’assise est réglable de façon à ce que vous trouviez la position la plus
Nous avons franchi la barre des 60 noeuds sur une mer bien formée. Le Hawk 38 peut faire mieux, c’est une évidence !
sécurisante. Car gare « au coup de raquette » dans les virages au cordeau, qui a vite fait de désarçonner les passagers les plus légers. Vous l’aurez deviné, le Hawk 38 n’est pas à mettre entre toutes les mains. Il vise les amateurs de pilotage et de sensations. Au-delà des performances, c’est le ratio poids/puissance qui impressionne. Le 38 pieds est un vrai briseur de records. Rallier Nice-Calvi en une heure et demie (?) est un objectif atteignable. Le reste tient de l’anecdote. Le plan de pont est classique, aménageable autant que le permet l’étroitesse extrême de la coque. On note la présence d’une plage de bain originale entre le cockpit et les moteurs avec l’installation d’une échelle de bain sur le côté. La façade avant de la console s’ouvre sur un cabinet de toilette.
Pour les amateurs de sensations fortes
Le client pourra enfin choisir sa combinaison de peinture de coque parmi une quinzaine de couleurs différentes. « Avec un tel engin, tu peux rejoindre le port de SaintTropez au Club 55 en moins de dix minutes », argumente le staff de Sunseeker. Pourquoi pas ? L'atout majeur reste en effet la vitesse et le plaisir de pilotage. Les propriétaires de yachts seront à coup sûr intéressés. Le lendemain de notre essai, une trentaine de clients Sunseeker ont fait le déplacement pour découvrir le joli petit monstre. Parions qu'il a trouvé preneur.
L’accroche dans les virages est phénoménale. Gare au « coup de raquette » !