Neptune Yachting Moteur

L’invention gonflée de Fender System

Vous en rêviez, Fender System l’a fait ! Cette start-up nordiste commercial­ise depuis trois ans un système de pare-battage automatiqu­e. Une technologi­e innovante made in France qui gagne à être connue !

- Texte Marc Fleury - DR et l’auteur

Le bateau s’approche doucement du quai. Sur le pont, personne ne semble s’inquiéter de l’absence de défenses. Soudain, quatre petites trappes, quasi invisibles, s’ouvrent en haut de chaque bordé. En sortent des éléments difficilem­ent identifiab­les, donnant naissance en se gonflant, en l’espace de quelques secondes, à une série de pare-battages parfaiteme­nt alignés.

Une mise en oeuvre simplifiée

Ceci n’est pas extrait d’un film de science-fiction anticipant la plaisance de demain. Ce système de pare-battage automatiqu­e, capable de se déployer et de rentrer dans la coque en une minute, existe bel et bien. Et, cocorico, c’est à une start-up française, installée dans les environs de Lille, à qui l’on doit cette technologi­e innovante et, avouons-le, assez géniale... « Je suis passionné à la fois de nautisme et de mécanique » , explique Jean-Luc Codron, le créateur de Fender System, en nous accueillan­t sur son site de production. « J’ai racheté il y a six ans le breve brevet pour l’installer sur mon batea teau de 38 pieds, à bord duquel je manquais de place pour ranger les pare-battages. Je l’ai acheté cher, car c’était une idée formidable. Le seul problème est que cela ne f fonctionna­it pas... » Il en fall lait plus pour arrêter cet ingé génieur méticuleux. Au terme d’in d’innombrabl­es essais, le concept est entièremen­t redévelopp­é afin de donner naissance à un système fiable à 100%. Lors de chaque sortie avec des amis, ceux-ci incitent Jean-Luc à commercial­iser le procédé. « J’ai fini par me laisser convaincre et je suis allé au METS. » À Amsterdam, à l’occasion de la grand-messe annuelle consacrée à l’équipement marin, Jean-Luc fait la rencontre de Dorus Wajer. Avec le fondateur de la désormais célèbre marque d’opens, dont le succès insolent ne se dément pas, le courant passe tout de suite. « C’est un ingénieur avant tout. Il m’a fait confiance et nous avons équipé le premier Wajer 55, mis à l’eau en 2016. » Depuis, le Fender System

est monté d’office sur les modèles de 55 pieds du constructe­ur néerlandai­s, et 20 unités en sont pourvues. « Avec huit pare-battages par bateau, cela fait tout de même 160 mécanismes qui tournent sans rencontrer le moindre problème », précise fièrement Jean-Luc. L’un des points forts de cette technologi­e réside dans la simplicité de sa mise en oeuvre. « Aujourd’hui nous vendons un système en kit. Les chantiers n’ont plus qu’à le monter après avoir fait les découpes dans les coques », explique le chef d’entreprise.

Activé depuis le poste de pilotage

Idéalement, la pose du dispositif se fait lors de la constructi­on du bateau, mais il est tout à fait envisageab­le de l’intégrer derrière le pavois ou bien sous le pont lors d’un refit. « C’est un peu plus compliqué dans la mesure où cela oblige à démonter du mobilier et

des vaigrages, mais l’opération n’a rien de rédhibitoi­re. » Concrèteme­nt, le système s’active depuis le poste de pilotage par le biais d’une commande intégrée. Les boîtiers d’entraîneme­nt de chaque parebattag­e font sortir et descendre les défenses. Une roue codeuse leur permet de prendre automatiqu­ement position à bonne hauteur avant qu’une turbine ne s’active pour alimenter une réserve d’air. Des électrovan­nes vont alors s’ouvrir dans le but d’alimenter les pare-battages par le biais d’une gaine souple dissimulée par un bout en polyester tressé.

Une vraie prouesse technologi­que

Une fois atteint le niveau de gonflage optimal, des capteurs de pression vont activer un volet de sécurité afin de fermer les électrovan­nes. Précisons que les membranes gonflables du pare-battage, élaborées dans un polyurétha­ne souple et résistant – en attendant de futurs modèles en kevlar – sont à mémoire de forme afin d’éviter l’usure inhérente à la répétition des expansions et contractio­ns. Elles sont revêtues de chaussette­s en polyester sans couture conçues pour résister à l’abrasion, aux UV et à l’eau de mer. Concernant le processus consistant à rentrer les défenses, la turbine se met en route en mode aspiration d’air. Les électrovan­nes s’ouvrent pour

permettre aux pare-battages de se dégonfler jusqu’à ce que les capteurs relèvent une différence d’air de 200 g. Les boîtiers vont alors tirer sur les bouts pour faire rentrer les membranes dégonflées dans leur logement avant que les trappes ne se referment. La présence de soufflet en caoutchouc derrière les trappes garantit une parfaite étanchéité. Le système demande une minute pour être déployé comme pour être rentré. Une véritable prouesse technologi­que, fruit d’un énorme travail de recherche et développem­ent qui porte aujourd’hui ses fruits. « L’une de mes plus grandes satisfacti­ons est de ne pas avoir à faire de SAV sur les modèles vendus, ajoute Jean-Luc. Le procédé est désormais plus que rôdé et nous voulons avoir des clients entièremen­t satisfaits. »

Des perspectiv­es de développem­ent

Côté tarif, Fender System fait des propositio­ns sur devis. Mais pour vous faire une idée assez précise du prix concernant un bateau de 50 pieds, vous pouvez vous référer au montant d’une plate-forme immergeabl­e dans une liste d’options... La jeune entreprise nordiste, qui emploie aujourd’hui une personne en charge de la commercial­isation, une autre pour la modélisati­on des pièces et un monteur, ne compte pas rester en si bon chemin. S’appuyant sur une technologi­e mature et avec un ambassadeu­r aussi prestigieu­x que Wajer Osprey, nul doute que Fender System devrait rapidement gonfler les défenses d’autres firmes high-tech.

 ??  ?? Jean-Luc Codron, à l’origine de Fender System (à gauche), et Clément Werbrouck, en charge de la partie commercial­e, posent devant la maquette permettant de présenter le procédé lors des salons nautiques.
Jean-Luc Codron, à l’origine de Fender System (à gauche), et Clément Werbrouck, en charge de la partie commercial­e, posent devant la maquette permettant de présenter le procédé lors des salons nautiques.
 ??  ?? 48 Les trappes, étanches une fois fermées, peuvent avoir des finitions personnali­sées.
48 Les trappes, étanches une fois fermées, peuvent avoir des finitions personnali­sées.
 ??  ?? Jean-Luc Codron a fait installer le système à bord de son propre bateau, un Baïa 54. La hauteur des défenses se règle automatiqu­ement.
Jean-Luc Codron a fait installer le système à bord de son propre bateau, un Baïa 54. La hauteur des défenses se règle automatiqu­ement.
 ??  ?? Le dispositif s’active depuis le poste de pilotage par le biais d’une commande intégrée ou depuis le quai avec une télécomman­de.
Le dispositif s’active depuis le poste de pilotage par le biais d’une commande intégrée ou depuis le quai avec une télécomman­de.
 ??  ?? L’ensemble du mécanisme, concernant un bateau équipé au total de huit pare-battages, pèse aux environ de 150 kg.
L’ensemble du mécanisme, concernant un bateau équipé au total de huit pare-battages, pèse aux environ de 150 kg.
 ??  ?? Le Fender System équipe en série les Wajer 55. 20 exemplaire­s du navire amiral du chantier néerlandai­s en sont déjà dotés.
Le Fender System équipe en série les Wajer 55. 20 exemplaire­s du navire amiral du chantier néerlandai­s en sont déjà dotés.
 ??  ?? Le procédé peut prendre place à bord de bateaux en polyester, en aluminium ou en carbone. La pièce orange représente ici la coque dans laquelle vient s’immiscer la trappe par laquelle sortira le pare-battage gonflable.
Le procédé peut prendre place à bord de bateaux en polyester, en aluminium ou en carbone. La pièce orange représente ici la coque dans laquelle vient s’immiscer la trappe par laquelle sortira le pare-battage gonflable.
 ??  ?? L’atelier de production est situé en région lilloise. Les systèmes sont vendus en kit et n’ont plus qu’à être montés par les chantiers. La technologi­e fait essentiell­ement appel à du matériel de qualité industriel­le.
L’atelier de production est situé en région lilloise. Les systèmes sont vendus en kit et n’ont plus qu’à être montés par les chantiers. La technologi­e fait essentiell­ement appel à du matériel de qualité industriel­le.
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 ??  ?? Les défenses sont reliées au bout par un raccord tournant assurant une rotation à 360°. La chaussette sans couture est en polyester haute résistance. Grâce à son encombreme­nt limité, le dispositif s’adapte aussi sur des modèles plus petits.
Les défenses sont reliées au bout par un raccord tournant assurant une rotation à 360°. La chaussette sans couture est en polyester haute résistance. Grâce à son encombreme­nt limité, le dispositif s’adapte aussi sur des modèles plus petits.
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La start-up ne se repose pas sur ses lauriers et cherche sans cesse à s’adapter aux besoins du marché.

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