La magie des Cinque Terre
Pour les plaisanciers avertis, le coeur de la riviera éternelle s’étend de Sestri Levante à Porto Venere. Le parc national des Cinque Terre, c’est 30 milles d’une côte vierge et escarpée, sertie de cinq villages de pêcheurs d’une beauté à couper le souffl
Monterosso, Vernazza, Corniglia, Manarola, Riomaggiore... Ces cinq noms de villages à consonance italienne ne vous disent probablement pas grand-chose. Ensemble, ils constituent ce qu’on appelle les Cinque Terre, une région côtière escarpée qui s’étend sur une petite dizaine de milles à l’extrême est de la riviera italienne. A l’évidence, les Cinque Terre ne sont pas sur les routes de naviga
tion des plaisanciers français. Pour s’y rendre depuis la France on n’a pas d’autre choix que de longer le très creux golfe de Gênes. Nice est à environ 120 milles de distance, l’équivalent d’une grande traversée continent-Corse. La découverte des Cinque Terre doit donc se faire dans la perspective d’une croisière d’une quinzaine de jours. On pourrait imaginer un parcours en forme de triangle depuis la Côte d’Azur avec escale à San Remo, Varazze, Gênes, Santa Margherita, La Spe
zia, Livourne, l’île d’Elbe et retour par Bastia en Corse. 350 milles en immersion italienne avec bien évidemment, les Cinque Terre en point d’orgue.
Des villages fortifiés médiévaux
Ces villages accrochés à la falaise sont uniques à plus d’un titre. Leur fondation remonte au XI siècle. Qu’est-ce qui a poussé les premiers habitants à venir s’isoler au coeur de cette nature tourmentée et inhospitalière, coincée entre une côte accidentée et une ligne de crête qui culmine à plus de 800 mètres d’altitude ? C’est encore un mystère. Vernazza et Monterosso sont les premiers à voir le jour. Au fil des siècles, les villages sont fortifiés et deviennent des places imprenables. On se méfie des razzias des pirates ottomans. La pêche est au
début la première ressource avant que les habitants, à force d’un labeur intense, taillent la montagne en terrasses de pierres sèches pour y cultiver la vigne et l’olivier. A la fin du XIX siècle, la voie ferrée construite entre Gênes et La Spezia met fin au splendide isolement des Cinque Terre. La route arrive un peu plus tard. Dans les années 1970, les villages se dépeuplent faute de travail avant que le tourisme ne leur redonne une seconde vie. Aujourd’hui, les Cinque Terre sont célèbres dans le monde entier, en particulier aux Etats-Unis. Ils reçoivent presque trois millions de visiteurs chaque année pour moins de 5 000 habitants ! Face à cet afflux, les autorités ont envisagé ces dernières années de mettre des quotas de visiteurs mais cela ne s’est jamais fait. Pour autant, les villages médiévaux des Cinque Terre n’ont
pas été dénaturés. Ils conservent leur charme d’antan et ce décor de carte postale dont on ne se lasse pas. Le touriste pédestre vient y chercher une forme d’authenticité et des itinéraires de balades à flanc de montagne qui ont fait la réputation du site. Le chemin côtier creusé dans la roche entre Manarola et Riomaggiore s’appelle le via dell’Amore. C’est le plus beau mais il est aussi fréquenté que le Mont Saint-Michel au 15 août, disent les mauvaises langues. Le sentier entre Vernazza et Corniglia
est lui condamné jusqu’à nouvel ordre en raison de glissements de terrain. Bénéficiant du statut de parc naturel national depuis les années 1980, la région s’est vue aussi octroyer une aire marine protégée. Les plaisanciers qui veulent se rendre sur place doivent montrer patte blanche en souscrivant un permis de naviguer (lire le carnet de voyage en dernière page). Celuici donne le privilège de pouvoir utiliser les corps-morts à bouées blanches qui sont disséminées non loin des villages car l’ancrage y est très réglementé. Il y en a une vingtaine à Vernazza et à Monterosso, une dizaine à Corniglia et Manarola. Le mouillage reste malgré tout inconfortable. Les Cinque Terre n’offrent pas de protection contre les vents dominants si bien n qu’il faut que la météo soit au beau u fixe pour envisager de rester la nuit au