Neptune Yachting Moteur

Cannes Yachting Festival

- Dossier réalisé par Antoine Berteloot et Michel Luizet Photos Jérôme Kélagopian et les auteurs

L’édition 2019 du salon de Cannes a amplement justifié l’appellatio­n de festival. Rarement autant de nouveaux modèles ont été présentés à flot.

Le Cannes Yachting Festival, qui s’est déroulé du 10 au 15 septembre, demeure le rendez-vous incontourn­able de la rentrée pour les chantiers européens. L’édition 2019 restera dans les annales comme l’un des meilleurs crus en particulie­r pour les principale­s marques de yachts qui ne se sont jamais aussi bien portées depuis la crise de 2008.

Un salon de Cannes sur deux pattes. Pour cette édition 2019, la voile a pris le large. Pas très loin toutefois puisque c’est juste en face du vieux port de Cannes, à Port-Canto et face à l’île SaintMargu­erite, que les exposants de voiliers et d’accastilla­ge se sont installés. Pour beaucoup d’observateu­rs, cette réorganisa­tion technique était inévitable. Le Cannes Yachting Festival était au bord de la crise de nerfs et n’avait plus la capacité d’accueillir tout le monde dans la même enceinte. Les bateaux à moteur ont ainsi pu prendre leurs aises comme les voiliers et les brokers côté Port-Canto. Des navettes maritimes assuraient la connexion entre les deux sites ce qui n’était pas pour déplaire aux visiteurs qui pouvaient s’offrir à l’oeil une balade en bateau à courte distance de La Croisette. De l’avis même de la majorité des exposants, la nouvelle formule est une bonne chose sauf peut-être pour ceux qui ont des activités dans chaque port comme le groupe Bénéteau, Fountaine Pajot ou les catamarans polonais Sunreef.

Pour les commerciau­x des deux bords, c’est un véritable casse-tête. Certains jugent enfin sévèrement ce principe de dualité. « En séparant voile et moteur, confie un cadre de Fountaine Pajot, on fait mine d’ignorer les passerelle­s qui existent entre les deux univers et on limite de facto les effets d’aubaine. Chez nous, la frontière voile/moteur est beaucoup plus perméable. »

Un milieu ultra concurrent­iel

Ces considérat­ions effleurent à peine les constructe­urs 100% moteur au premier rang desquels les Italiens, qui ont fait de ce salon de rentrée la vitrine privilégié­e de leurs nouveaux modèles. C’est aussi le moment pour eux de montrer leurs muscles face à la concurrenc­e. Le marché il est vrai ne s’est jamais aussi bien porté depuis la fameuse crise de 2008 qui a fait mordre la poussière à une quantité de chantiers navals. Les majors européens du secteur que sont Azimut, Ferretti, Sanlorenzo, Princess, Sunseeker ou encore le groupe Bénéteau ont dépassé leurs résultats d’avant-crise. Dans un communiqué d’avant-salon, le chantier britanniqu­e Princess a déclaré cette année avoir réalisé le meilleur chiffre d’affaires de son histoire (384 millions d’euros) en hausse de 27% par rapport à l’année précédente. La demande est si forte qu’il a fallu embaucher à tour de bras. L’effectif a ainsi bondi de 1 800 à 3 000 personnes en trois ans ! Même son de cloche pour Azimut-Benetti qui enregistre un CA de 900 millions d’euros cette année, à comparer avec les 669 millions d’euros du groupe Ferretti. Quant au groupe Bénéteau, il caracole en tête avec plus de 1,2 milliard d’euros de CA, voile, moteur et habitat confondu il est vrai. La progressio­n du groupe vendéen est de 4 à 6% cette année. Not bad ! Cette sorte d’euphorie peut rappeler dans une certaine mesure la situation d’avant 2008. Les investisse­ments n’ont jamais été aussi importants (plus de 150 millions pour Sanlorenzo sur trois ans). Paolo Vitelli, le charismati­que patron d’Azimut qui fête cette année le cinquantiè­me anniversai­re de la marque qu’il a fondée en 1969,

regrette qu’une guerre des ego se soit installée dans ce milieu ultraconcu­rentiel. « Tous sont persuadés être meilleurs que le voisin, déclaret-il. Cela crée des tensions inutiles entre les chantiers. » Si le marché est en pleine forme, cela profite surtout au segment des grands bateaux, ceux qui affichent des longueurs supérieure­s à 15 mètres. Chez Sanlorenzo comme chez Azimut, la majorité des nouveautés 2019 est concentrée dans une fourchette entre 23 et 33 mètres. C’est là que se font la plupart des ventes, sans compter les incursions au-delà de 40 mètres pour ces mêmes chantiers italiens.

Une image élitiste

Les dirigeants du Cannes Yachting Festival encouragen­t cette tendance en bannissant du plan d’eau les bateaux inférieurs à 10 mètres de long. Le salon cultive son image élitiste. Sur les quais Saint-Pierre, Pantiero et Albert-Edouard, les unités à moins de 500 000 euros n’ont plus le droit de cité. « Il y a un incontesta­ble nivellemen­t par le haut, reconnaît un vieux routier du salon de Cannes, mais cela correspond à la réalité du marché motonautiq­ue actuel. On peut le regretter, mais c’est comme ça ! »

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 ??  ?? 30 Excepté un premier jour sous la tempête, le Cannes Yachting Festival a eu lieu toute la semaine sous un soleil radieux.
30 Excepté un premier jour sous la tempête, le Cannes Yachting Festival a eu lieu toute la semaine sous un soleil radieux.
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 ??  ?? Embouteill­age monstre dans le port de Cannes à l’heure des «essais clients» en mer.
Embouteill­age monstre dans le port de Cannes à l’heure des «essais clients» en mer.
 ??  ?? Le Silent 55 nouvelle version. Le chantier autrichien était présent à Cannes pour la seconde année consécutiv­e avec son catamaran à propulsion 100 % électrique.
Le Silent 55 nouvelle version. Le chantier autrichien était présent à Cannes pour la seconde année consécutiv­e avec son catamaran à propulsion 100 % électrique.
 ??  ?? La passerelle permet de faire le tour du salon installé sur tout le périmètre du vieux port de Cannes.
La passerelle permet de faire le tour du salon installé sur tout le périmètre du vieux port de Cannes.
 ??  ?? Durant le salon, la majorité des yachts se visite sur simple rendez-vous. L’occasion de s’extasier devant des postes de pilotage hors normes comme celui de Vismara, yacht hybride de 31 m de long.
Durant le salon, la majorité des yachts se visite sur simple rendez-vous. L’occasion de s’extasier devant des postes de pilotage hors normes comme celui de Vismara, yacht hybride de 31 m de long.
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 ??  ?? 34 Lancé l’année dernière, le Sanlorenzo SL 102 (31 mètres de long !) fait toujours très forte impression. Notez le passavant supérieur qui permet de relier le fly-bridge à la plage avant. L’extension Yachts réunit les plus grandes unités présentes au salon. En tête d’affiche cette année, le Mangusta Grand Sport 45 et ses 45,30 m de longueur. Première sortie du Bluegame BGX70, yacht atypique de 22 m de long construit au sein du chantier Sanlorenzo.
34 Lancé l’année dernière, le Sanlorenzo SL 102 (31 mètres de long !) fait toujours très forte impression. Notez le passavant supérieur qui permet de relier le fly-bridge à la plage avant. L’extension Yachts réunit les plus grandes unités présentes au salon. En tête d’affiche cette année, le Mangusta Grand Sport 45 et ses 45,30 m de longueur. Première sortie du Bluegame BGX70, yacht atypique de 22 m de long construit au sein du chantier Sanlorenzo.
 ??  ?? Eclairages Leds et lumières sousmarine­s sont de sortie pour la nocturne du salon qui a eu lieu la veille du week-end. Le Solaris 48 Open, imaginé par Norberto Ferretti, était l’un des plus beaux opens du salon. Il fait suite au lancement du Solaris 55 mis à l’eau au printemps. Le stand Azimut vu de l’extérieur. Le constructe­ur italien est le plus gros contribute­ur du salon avec les groupes Ferretti et Bénéteau. 35
Eclairages Leds et lumières sousmarine­s sont de sortie pour la nocturne du salon qui a eu lieu la veille du week-end. Le Solaris 48 Open, imaginé par Norberto Ferretti, était l’un des plus beaux opens du salon. Il fait suite au lancement du Solaris 55 mis à l’eau au printemps. Le stand Azimut vu de l’extérieur. Le constructe­ur italien est le plus gros contribute­ur du salon avec les groupes Ferretti et Bénéteau. 35

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