• Ocean Alexander 45D
Avec l’Ocean Alexander 45 Divergence, le chantier éponyme opère une véritable révolution culturelle en passant du grand motoryacht classique à un open contemporain équipé en hors-bord. Essai en baie de Cannes.
Ocean Alexander a été fondé en 1978 à Taïwan par Alex Chueh (19332011), avec l’ambition de construire de grands yachts, ce qu’il fit sept ans plus tard avec un 70 pieds qui devint le premier plus grand yacht jamais fabriqué en Asie. Puis il s’est très vite tourné, et avec succès, vers les Etats-Unis pour la distribution de ses modèles comme pour l’ingénierie et le style. Aujourd’hui, Ocean Alexander possède un site de construction en Floride et des représentants dans tous les Etats-Unis. Jusqu’en 2018, le chantier collait bien au style américain avec des yachts à fly confortables et élégants de 70 à 120 pieds. Mais l’annonce en début d’année de deux nouveaux modèles, le 90 Revolution et le 45 Divergence, a démontré que le chantier savait innover et oser avec l’ambition de conquérir l’Europe et le monde. L’OA 45D, que nous avons découvert lors du salon de Cannes à la mi-septembre, s’inscrit dans la tendance actuelle de concevoir des grands opens qui célèbrent la vie à l’extérieur dans un luxe assumé, avec une confortable cabine offrant plus qu’un abri.
Une énorme puissance en HB
Contrairement aux autres modèles présentés dans ces pages, l’OA 45D a choisi une motorisation en hors-bord de 4 x 350 ch, qui correspond à la culture US, et dont les avantages et les inconvénients, connus, devront être mis face à ses concurrents. Les concepteurs, au premier rang desquels l’architecte londonien Evan K. Marsahll, ont tout de suite imaginé un bateau pour plusieurs usages, comme la pêche, la plongée ou la simple promenade, ou
pouvant mixer les trois activités. La pêche par exemple nécessitera des équipements supplémentaires comme des porte-cannes, des tangons et des viviers, tout comme la plongée avec des racks pour les blocs, une échelle spéciale ou l’emplacement d’un compresseur, mais tout est déjà prévu. Quelle que soit la destination du bateau, l’architecture du plan de pont ne change pas avec, en commençant par la partie arrière, un joli salon central composé de deux banquettes en vis-à-vis et d’une table dont le plateau se replie. Celle-ci s’escamote totalement et automatiquement sous le plancher par l’action d’un vérin électrique. La banquette arrière est adossée au tableau qui abrite un rangement dans sa partie basse et des petits coffres et bacs dans sa partie supérieure. Sous le hard-top, un massif abrite la cuisine avec un grill, une plaque vitro céramique, un évier et, dans sa partie basse, des rangements et un réfrigérateur tiroir. La face avant de ce meuble reçoit trois fauteuils capitonnés et réglables permettant au pilote et à deux passagers de suivre la marche de bateau, confortablement installés et protégés du vent de vitesse par un pare-brise intégral. Le pilote au centre dispose de tout l’arsenal nécessaire pour naviguer à haute vitesse et gérer l’ensemble
des paramètres des moteurs. Trois écrans tactiles affichent les informations souhaitées sur la route et les données des moteurs ainsi que celles du bord sur les batteries, l’énergie ou les réservoirs. La double commande électrique gère les quatre moteurs et un joystick autorise des accostages précis. Et c’est toujours étonnant de voir les moteurs se désaccoupler et s’orienter indépendamment les uns des autres.
De nombreux rangements
Si l’on continue vers l’avant, un salon vous accueille. Il est composé d’un sofa sous le pare-brise, assez vaste pour être un bain de soleil, prolongé sur l’avant par un salon en arc de cercle, qui épouse l’étrave, et d’une table transformable également en bain de soleil. Le bateau ne manque pas de rangements et l’on compte quatre coffres sous le plancher, répartis latéralement le long du poste de pilotage et du salon. Un cinquième donne accès à l’espace disponible sous le cockpit qui abrite les équipements techniques, comme les pompes, le système électrique et les réservoirs. L’Alexander Ocean réserve encore d’autres surprises avec notamment des pavois basculants qui se dé
ploient au-dessus de l’eau, faisant passer la largeur du cockpit de 4,19 m à 5,82 m. Cette partie du pavois intègre également un portillon latéral facilitant l’accès à bord, lorsqu’on est amarré le long d’un quai. Sous la console, la cabine est soignée, avec une bonne hauteur sous barrots. Elle comprend un salon en U autour d’une table qui devient un couchage double en abaissant cette dernière. Une salle de bain indépendante avec douche complète l’aménagement.
Un surpoids pénalisant
Nous attendions avec impatience les tests de vitesse et la promesse de runs échevelés poussés par les 1 200 ch des moteurs. Disons-le sans ambages, nous sommes un peu restés sur notre faim, avec 37 noeuds enregistrés dans la baie de Cannes, mais nos confrères américains ont, pour leur part, mesuré 40 noeuds lors de tests aux US. Ces résultats demandent une explication à savoir que le bateau est grand (presque 15 m), relativement lourd (13 t) à vide. Le modèle de notre essai embarquait beaucoup d’options, comme la clim, un groupe électrogène diesel et son réservoir, et d’autres équipements
qui ont leur poids, et, rappelonsle, le déplacement est l’ennemi de la vitesse, d’autant que, pour atteindre 37 ou 40 noeuds, la conso grimpe en flèche et dépasse les 400 l/h. Au niveau du comportement, l’OA 45 Divergence offre une navigation douce et sans défaut, avec une carène réactive qui chasse les embruns vers l’extérieur, gardant le pont au sec. Un bon point pour cet open haut de gamme.