Le chasseur de records
Son tableau de chasse en matière de nombre de victoires et de records défie l’imagination. En cinquante ans de compétition, Fabio Buzzi aura incarné le destin exceptionnel d’un champion hors-norme, toujours en quête d’un nouveau défi.
On ne résume pas facilement une carrière longue d’une cinquantaine d’années. De même, dans les annales, les champions morts en compétition à l’âge de soixante-seize ans ne sont pas légion. Fabio Buzzi s’est lancé dans la compétition à seulement seize ans, avec un petit hors bord Molinari de la catégorie BU. C’était lors de la fabuleuse PavieVenise, en s’inscrivant sous l’identité de son frère aîné alors qu’il n’avait pas encore l’âge du permis.
Le charme trouble de la Sérénissime
Cette épreuve en direction de la Sérénissime marque le début d’une longue histoire d’amour avec le fleuve et la mer. Il s’ensuivra un interminable palmarès s’égrenant comme un chapelet qui aurait enfilé plus de quarante records du monde et cinquantedeux couronnes mondiales pour lui, ses bateaux et son entreprise FB Design, fondée en 1971. Dans le monde de l’offshore, peu de bateaux peuvent être comparés à l’imbattable Cesa, la coque la plus titrée de l’histoire du sport. Il a été lancé en 1985 sous les couleurs de Rolly-Go, propulsé par quatre moteurs Iveco remplacés en 1987 par quatre Seatek diesel derniercri, conçus et mis au point par Fabio Buzzi qui va se couvrir de gloire à son volant. Avec des moteurs Fiat comme à l’origine, igine, le vénérable monocoque va affronter à nouveau la compétition n en 2008 et 2010, gagnant la célébrissime classique Cowes-Torquay. Avec son humour coutumier, r, le
pilote-constructeur a tenu alors à souligner, à propos de la longévité presque anormale de son bateau : « Cela doit aussi vouloir dire que les autres n’ont pas fait beaucoup de progrès pendant toutes ces années ! »
Elle sourit toujours aux audacieux
Mais, pour Fabio, rien ne surpassera jamais son attirance profonde pour la confrontation avec les éléments et la nature qui s’étirent de Pavie à la lagune de Venise : « Le cours du fleuve qui relie deux grandes cités historiques me prend littéralement dans ses bras, comme dans la sinuosité des gestes d’une danse amoureuse. Et cette attraction, je la ressens de plus en plus ; ma fascination pour Venise, la lagune et les canaux ne fait que croître avec les années. Encore aujourd’hui, après une vie entière passée à lutter contre les vagues de toutes les mers du monde, je ne peux me passer du noble flegme du grand fleuve dans la lutte qu’il m’impose dans l’apparente lenteur de ses courants. Je l’ai presque toujours dominé, en trente-quatre participations à la course, dans un rapport formidablement intime avec lui. Je peux même dire que je l’ai approché au plus près, dans sa matière même, faite d’eau et de sable très fin. Avec ses innombrables îles presque invisibles, il cherche à vous tendre des pièges. Mais, une fois, je suis arrivé tellement vite que j’ai creusé un profond sillon sur une jolie distance, parvenant à franchir l’obstacle sans m’échouer. On a voulu lui donner le nom de “Canal Buzzi », mais il est difficile à cartographier car tout est mouvant là-bas. »