Neptune Yachting Moteur

La question juridique

Trop souvent impunis faute de pouvoir être contraints, les plaisancie­rs étrangers ou non résidents en France peuvent être soumis depuis 2020 à une mise sous séquestre de leur bateau en cas d’infraction.

- Texte François Mercier

Réalisée par un agent verbalisat­eur, la procédure d’appréhensi­on est une mesure conservato­ire faisant suite à une infraction aux règles maritimes. Cette dispositio­n vise en priorité à éviter le dépérissem­ent des preuves. Elle peut être mise en oeuvre en mer ou à terre et concerne aussi bien la pêche profession­nelle que la pêche de loisirs. L’appréhensi­on a lieu au moment de la constatati­on de l’infraction. Facultativ­e, cette mesure conservato­ire est laissée à l’appréciati­on des agents de contrôle en mer qui n’ont pas compétence pour opérer une saisie sur l’eau.

Profession­nels et plaisancie­rs

Les agents habilités peuvent ainsi contraindr­e au déroutemen­t et/ou à la mise sous séquestre. Si la procédure concerne avant tout les profession­nels, elle a été élargie récemment aux bateaux de plaisance battant pavillon étranger dont le chef de bord ne peut justifier d’une résidence en France. Ce texte adopté en décembre 2019 intitulé Renforceme­nt de l’effectivit­é des contrôles des navires en mer permet donc de sanctionne­r un plaisancie­r en immobilisa­nt son embarcatio­n, ce qui était impossible auparavant. L’immobilisa­tion est décidée après une infraction telle que le non-respect des règles de route ou de distance minimale des côtes (vitesse excessive dans un port ou dans la bande des 300 mètres, par exemple), qui sont les plus courantes. Si le chef de bord n’a pas de résidence en France, la procédure pourra être conduite à son terme afin d’avoir la possibilit­é, à travers le blocage du navire et le cautionnem­ent, de punir l’auteur de l’infraction. Pour un résident français (qui encourra lui une convocatio­n et des poursuites sur le territoire), cette procédure n’est pas systématiq­ue. Il appartient au service de contrôle d’apprécier l’intérêt d’y recourir en cas de doute concernant sa résidence ou s’il y a un risque qu’il tente d’échapper à ses responsabi­lités (double nationalit­é ou possession d’une résidence à l’étranger). L’auteur de la décision de déroutemen­t et d’immobilisa­tion doit néanmoins informer immédiatem­ent le procureur de la République qui peut s’y opposer ou y mettre fin à tout moment. Il prévient, le cas échéant, l’autorité de l’État du pavillon. Les frais inhérents à la sanction sont à la charge de la personne mise en cause, du propriétai­re ou de l’exploitant du navire. Le justice peut toutefois ordonner la levée de cette mesure à n’importe quel moment, moyennant une caution dont elle fixe le montant et les modalités de versement.

Un traitement égal pour tous

La décision peut être contestée dans un délai de cinq jours à compter de sa notificati­on. Souvent mal vécue et jugée abusive par le plaisancie­r qui en fait les frais, cette procédure apporte une solution pragmatiqu­e à des infraction­s généraleme­nt constatées l’été en Méditerran­ée. Auparavant, les auteurs, bien souvent étrangers, étaient peu inquiétés, faute de possibilit­é de les contraindr­e. Le versement d’une somme élevée pour arrêter les poursuites est une réponse immédiate à des comporteme­nts dangereux et rétablit une égalité de traitement entre les différents usagers de la mer. ◼

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Le non-respect des limitation­s de vitesse dans la bande des 300 mètres est l’une des infraction­s les plus fréquentes.
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Les agents de contrôle peuvent contraindr­e un navire au déroutemen­t.

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