• Leopard 53 PC
Le chantier sud-africain Robertson and Caine s’offre un coup de jeune avec ce nouveau Leopard plus cossu, plus spacieux et très bien agencé. Un vrai tournant pour le leader mondial du cata à moteur qui cible ouvertement une clientèle charter autant que propriétaire.
Le 53 PC, c’est d’abord un choc visuel pour le visiteur qui découvre à l’intérieur ce vitrage vertical sans rupture ceinturant la timonerie. La lumière y entre à foison et met en valeur un espace où le pare-brise n’est plus qu’une immense baie assortie d’une porte centrale en verre. Ce traitement ultracontemporain fait partie de la nouvelle orientation prise par le chantier sud-africain avec le 53 PC. Ce Leopard vient en remplacement du 51 pieds lancé en Europe en 2015 et produit à près de 140 exemplaires. Un énorme succès, qui a contribué aussi à celui de la société de location The Moorings, partenaire historique de la marque, qui a multiplié ces vingt dernières années les destinations charters en cata à moteur (lire l’encadré page 59). Le nouveau modèle constitue néanmoins une vraie rupture avec l’ancienne génération. Le constructeur insiste sur le fait que le 53 PC est une conception 100 % motorisée. Celle-ci n’a rien de commun avec son équivalent voile qui servait souvent de mètre-étalon à la version avec moteur, tant pour la coque que pour l’agencement intérieur.
Une meilleure isolation phonique
La nouvelle approche passe en premier lieu par une réorganisation technique. L’implantation des moteurs évolue. Ces derniers sont désormais logés dans les jupes
arrière, à l’intérieur d’un compartiment clos totalement dédié et séparé des cabines par une cloison antibruit. La soute est profonde et suffisamment spacieuse pour qu’il soit possible de tourner autour des blocs Yanmar et assurer la maintenance. Dans le prolongement, on trouve également un local fermé, sorte de lazaret qui héberge les pompes hydrauliques, le parc batteries et le pilote. Meilleure isolation phonique, meilleure accessibilité aux éléments techniques, Leopard semble cocher toutes les cases. Comparé à son prédécesseur, le 51 PC, le nouveau modèle gagne par ailleurs 3 noeuds en vitesse pure avec une motorisation quasi similaire (2 x 370 ch Yanmar). Lors de notre essai devant Saint-Raphaël (83), nous avons atteint les 22 noeuds en pointe. Le chantier a quant à lui effectué de nombreux tests au moment du lancement pour parvenir à dépasser les 24 noeuds en demi-charge.
Une révolution sur le pont
Ce petit supplément de vitesse offre une souplesse d’utilisation accrue en croisière avec un rendement au litre qui demeure assez linéaire, que l’on navigue à 12 ou à 22 noeuds (5 litres au mille contre 6,5 l/m). Il faudra réduire le régime à 2000 tr/min pour accéder au monde de la navigation ultraéconomique et consommer moins de 25 l/h à 9 noeuds (environ 2,5 l/m). Leopard en profite pour muscler l’autonomie, le réservoir à carburant passant de 1500 à 2130 l, histoire de prolonger le voyage et de ne pas avoir à refueler trop rapidement. Parallèlement aux considérations techniques, Leopard opère une petite révolution au niveau du plan de pont. Cela ressemble en réalité à une entreprise de simplification afin d’offrir davantage d’espace libre et une circulation plus aisée dans les zones de vie clés du bateau. Le cockpit est le premier bénéficiaire de cet aggiornamento. Le précédent modèle multipliait les paliers et les contre-moules, rendant à force peu naturels les déplacements vers le fly, les passavants ou les plateformes arrière. Le changement est radical. Le cockpit restaure un plancher de plainpied sur toute sa largeur. Un coin repas avec banquette en L fait face à un sofa lounge élargi. On peut
évoluer autour de cet îlot de détente. L’élégante table en triangle est optionnelle et peut être remplacée par un modèle classique de grandes dimensions. À la poupe, le constructeur renforce le dispositif de mise à l’eau. Il reste fidèle à la plateforme-ascenseur immergeable mais assortie d’un mécanisme éprouvé et plus robuste que le précédent. Celle-ci sert de plage de bain ou de terrasse suspendue une fois remontée au niveau du cockpit. Le fly géant correspond lui aussi à un exercice d’optimisation.
Un espace vaste et lumineux
Sous le hard-top, l’immense salon en U côtoie un poste de pilotage décalé sur tribord afin que le skipper puisse mieux appréhender les distances dans les manoeuvres de port. Un saute-vent efficace ceinture désormais la partie avant. Le pont supérieur se veut plus cossu avec la présence d’un bain de soleil près du balcon-terrasse. L’indispensable bloc-cuisine enfin, avec sa plancha électrique, trouve sa place à proximité du carré. Outre les vitrages panoramiques, l’agencement intérieur n’a plus rien à voir avec l’ancienne version. L’espace s’ouvre en grand sur une cuisine double avec d’un côté la partie cuisson et de l’autre de grands rangements pour la vaisselle, ainsi que la zone froid équipée d’un
réfrigérateur colonne. Le modèle fait l’impasse sur le traditionnel carré pour lui préférer un très confortable salon pleine largeur avec table basse design et écran plat escamotable dissimulé derrière le dossier du sofa tribord. Le 53 PC se veut aussi plus polyvalent en plaçant un poste de pilotage intérieur, ce qui n’est pas dans les habitudes du chantier. De la plateforme arrière jusqu’à la baie qui fait office de pare-brise, le plancher nivelé sur toute la longueur donne une impression de continuité. Au-delà de la porte vitrée, c’est le retour à un aménagement simplifié, constitué de deux grands solariums reposant sur une surface plane intégrale. La plage avant a été rehaussée à dessein afin d’augmenter le volume intérieur. Le Leopard 53 PC se décline, comme il se doit, en trois ou
quatre cabines doubles. La version propriétaire se révèle spectaculaire avec sa coque tribord transformée d’un bout à l’autre en mastercabin. Lit avec dégagement sur les côtés, bureau, banquette de repos, dressing se succèdent jusqu’à une salle de bain à double vasque et une cabine de douche king size. La baie vitrée au-dessus de la tête de lit donne la touche finale à un espace particulièrement lumineux.
Un gros travail de design et de déco
La coque bâbord intègre deux cabines, chacune dotée d’une salle de bain avec douche séparée. La cabine avant profite de la surélévation du pont en disposant d’un lit perpendiculaire à l’axe. Cette redistribution inédite des espaces va de pair avec un gros travail de design et de déco. Le 53 PC est moins rustique que les précédents modèles. Cela se traduit par l’adoption d’équipements de plus grande qualité: têtes de lit, lampes d’agrément, éclairages à LED indirects, plafonds décaissés et pont en teck synthétique sont désormais proposés en standard ou disponibles en option. Le chantier offre aussi plusieurs choix d’intérieurs et alterne les teintes autant
pour les tissus que pour les boiseries et les planchers. Le constructeur sud-africain se met ainsi au diapason d’un marché toujours plus exigeant en termes de qualité perçue, comme l’a fait avant lui son concurrent Fountaine Pajot.
C’est un signal clair envoyé à une clientèle de propriétaires à la recherche de bateaux de croisière davantage personnalisables et qui ne sont plus uniquement destinés à faire carrière dans le charter sous un régime de gestion-location. La présence d’un poste de pilotage intérieur rappelle enfin qu’il existe d’autres possibilités de navigations en catamaran à moteur que celles réalisées sous les tropiques ou en Méditerranée. Le 53 PC en est la parfaite illustration.