Location charter : les grandes manoeuvres
Loïc Bonnet, fondateur de Dream Yacht Charter Le groupe Bénéteau met un pied dans la location en prenant 87 % du capital de Dream Yacht Charter. Loïc Bonnet, le fondateur de cette société spécialisée, fait le point sur un marché en pleine expansion.
Qui sont vos clients ? Avez-vous constaté des changements récemment ?
Les acheteurs sont plus ou moins les mêmes, ils viennent à nous pour nos offres de financement. Ceux qui ont changé sont les locataires : on a clairement vu arriver avec la Covid une nouvelle tranche de clients, souvent plus jeunes, pour qui notre produit coche toutes les cases : vous partez où vous voulez, où vous pouvez, selon les périodes de restriction. Vous embarquez avec qui vous voulez, ce qui est aussi un privilège de nos jours, et vous êtes libre. Libre d’aller où le vent vous porte, libre de ne pas débarquer et de rester au mouillage. Bref, en cette période mouvementée, c’est sans surprise que ce type de formule a attiré à nous des personnes qui n’y avaient jamais pensé avant. J’en veux pour preuve que la demande de location avec skipper a littéralement explosé. Nous avons par exemple enregistré une croissance à trois chiffres en Méditerranée sur cette formule. Là où la croisière à la cabine a logiquement chuté : on veut savoir avec qui on va naviguer ! Et il y a une tendance qui, d’après moi, va perdurer post-Covid : les séjours de moins longue distance. Il y a plein de destinations méconnues par nos clients, même à côté de chez eux. À nous de les leur faire découvrir et d’être à la hauteur de leurs attentes, notamment en termes de qualité. On l’a vu en Floride, avec la clientèle locale : elle a une approche du nautisme qui, à ses yeux, doit correspondre quasiment à une prestation hôtelière.
Bénéteau vient d’annoncer son alliance avec un autre investisseur pour vous sauver la mise. Comment résumer ce deal ?
Il s’agit d’une augmentation de capital qui sera réalisée le 30 septembre. Elle verra cohabiter Bénéteau et PPF, un groupe investissant dans différents secteurs tels que le tourisme et les médias, au capital de la holding belge. Ils détiendront conjointement 87 %. Il y a aussi NextStage, qui était déjà entré aux côtés de Fountaine Pajot en 2017, mais dans des proportions moindres. Le chantier vendéen n’a en effet pas souhaité « suivre », comme on dit. Il sera donc fortement dilué par cette opération.
Voyez-vous un avenir au développement de l’offre moteur ? Votre nouvel actionnaire a révélé l’extension de la gamme Prestige sur le segment des multicoques…
Le moteur a toujours été marginal chez nous. Alors, oui, avec l’annonce faite par Jeanneau, du groupe Bénéteau, qui va lancer des catamarans Prestige, votre question est légitime. Mais je trouve paradoxal de parler de développement durable d’un côté et de pousser des produits moteur de l’autre. Si on pouvait tout passer à l’électrique, on gagnerait du temps ! Ou au moins, avoir une offre « hybride », ça serait déjà bien.