Le tour du monde d’Astra
Réaliser pour la première fois un tour du monde contre vents et courants à bord d’un bateau de moins de 24 m, tel est le défi que s’est lancé l’équipage d’« Astra », un ancien navire de sauvetage suédois. Ce modèle en acier d’une fiabilité à toute épreuve semble avoir les qualités requises pour y parvenir.
Il est des projets pour lesquels il faut pouvoir avoir une confiance totale dans son embarcation… Quand on ambitionne d’être le premier équipage de l’Histoire à réaliser un tour du monde d’est en ouest par les trois caps à bord d’un bateau à moteur de moins de 24 m, rien ne peut être laissé au hasard. Pour parvenir à ses fins, Iain Macneil a sans doute réussi à dénicher la perle rare. Après une trentaine d’années passées à naviguer dans la marine marchande, cet Écossais de 60 ans a porté son choix sur Astra, un ancien navire de sauvetage suédois évoluant sur une coque en acier et coiffé d’une superstructure en aluminium. Construit en 1994 par le chantier Smogens Plat & Svetsindustri AB – situé au nord de Göteborg – ce modèle mesurant 23,35 m de longueur horstout a servi dans la Société suédoise de sauvetage en mer (SSRS) de 1995 à 2017.
Paré pour les conditions hostiles
Au cours de ses vingt-deux années de service, Astra a connu trois stations, réparties entre la mer Baltique et la côte atlantique. Conçu pour naviguer en hiver sous de hautes latitudes et dans des conditions météorologiques extrêmes sans l’aide d’un brise-glace, le navire a été construit en respectant un niveau très élevé de normes et de contrôles. Ayant répondu pendant plus de deux décennies aux exigences de l’un des métiers les plus difficiles et les plus dangereux au monde, Astra présente une silhouette de bateau de travail, dur au mal et paré à affronter les mers les
plus hostiles. Clairement, nous sommes face ici à un modèle où la solidité et les aspects fonctionnels priment sur le reste. Quelques données permettent d’ailleurs de se faire une idée plus précise du type d’embarcation auquel nous avons affaire… À commencer par son tirant d’eau de 3,20 m, qui lui offre une stabilité optimale. Mesurant 16 mm d’épaisseur, la coque en acier présente également certaines garanties.
La ligne générale conservée
Concernant les capacités en carburant, celles-ci se montent à plus de 30000 litres, de quoi être en mesure de parcourir plus de 5000 milles en naviguant à une vitesse moyenne de 8,5 noeuds. Du côté de la salle des machines, celle-ci est toujours occupée par le moteur installé avant la mise à l’eau du bateau. Il s’agit d’un bloc Mitsubishi diesel développant 1 350 chevaux, dont le régime maximal s’établit à 1060 tr/min. Si on jette un oeil sur les courbes de consommation, on remarque que celles-ci s’élèvent à 23 l/h à 5 noeuds, à 48 l/h à 8,4 noeuds et à 110 l/h à 11 noeuds. Notez qu’un moteur auxiliaire Volvo assurera l’essentiel en cas de panne du moteur principal. Voilà pour les chiffres. Pour le reste, la mue opérée pour adapter Astra à son nouveau programme de navigation n’a que très peu modifié son apparence extérieure. Au niveau
du plan de pont, la plus grosse différence est à aller chercher devant la timonerie, où un pont portugais a fait son apparition pour faciliter la circulation de l’équipage.
Une gigantesque salle des machines
Pour ce qui est des couleurs, le rouge et le jaune de la Société suédoise de sauvetage en mer ont laissé place à un gris beaucoup plus neutre, venant renforcer l’image de navire professionnel que dégage le bateau, loin des canons associés à l’univers des yachts de croisière. Les aménagements intérieurs non plus n’ont pas été
fondamentalement modifiés. Iain Macneil a bien songé à réagencer complètement l’Astra après l’avoir acheté dans l’idée d’en faire une embarcation plus luxueuse, mais il a finalement décidé de conserver les quatre cabines situées au niveau du pont inférieur, aux côtés d’un salon dont les dimensions ont été réduites pour permettre l’ajout d’une salle de bains supplémentaire. Précisons que la salle des machines occupe plus de la moitié du pont inférieur. La cabine du capitaine prend place à l’arrière de la timonerie sur le pont principal, où l’on trouve également un espace repas, la cuisine et une salle de bain. Au-dessus du pont principal, la configuration de la passerelle souligne la vocation initiale du bateau. Au-delà de son allure, qui doit rappeler au capitaine ses années passées dans la marine marchande, celle-ci dispose aujourd’hui d’une instrumentation complète adaptée à la navigation hauturière. Dans le cadre du nouveau programme de l’Astra, de nombreux équipements ont été installés. Un grand congélateur a par exemple pris place à bord (quatre mois pour cinq membres d’équipage) ainsi qu’un espace de stockage sec de belle capacité. Un système de climatisation a également été implanté et quatre stabilisateurs rotatifs électriques MagnusMaster limitent désormais le roulis en mer. De quoi naviguer jusqu’au cap Horn en pleine confiance! n
Un bateau dur au mal, paré à affronter les conditions les plus difficiles.