Ils sont partis !
Depuis l’archipel des Canaries qu’ils ont quitté le 1er décembre 2021 pour un tour du monde d’est en ouest, “Astra” et son équipage ont vu du pays. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le bateau vogue en direction de Tahiti. Extraits du livre de bord.
DE LANZAROTE À SAINT-HÉLÈNE 3000 milles/20 jours 1 décembre 2021 er
Après avoir quitté Puerto Calero, Astra a pris un cap orienté sudouest, à l’est de Gran Canaria, bien aidé par un vent de nord-est et face à des vagues de 3 m. Nous avons fait fonctionner les stabilisateurs lors de cette première partie du voyage. Les temps de passage ont été respectés et il a fallu nous mettre en veilleuse en approchant d’une zone connue pour son activité pirate. Cela consiste à couper l’AIS, fermer les volets et éteindre toutes les lumières sur le pont. Il s’agit là d’une précaution, et nous serons bientôt à nouveau visibles sur les trackers marins. Au cinquième jour, Astra maintient un rythme de 8,5 noeuds, naviguant sur une mer d’environ 1,3 m et avec des vents calmes de NNW. Nous pouvons donc arrêter les stabilisateurs.
15 décembre 2021
Aujourd’hui, la houle est montée jusqu’à 3 m et avec des vents de force 5-6, les conditions étaient difficiles. Cependant, notre RPM est resté constant et à aucun moment nous n’avons entendu le bruit de l’hélice sortant de l’eau. Nous sommes toujours très impressionnés par la conception d’Astra et par sa capacité à tenir la mer. Nous avons effectué notre première « grosse » modification sur la base des conseils de la météo, en changeant de cap de 20° pour nous écarter des courants contraires qui s’approchent. Nous avons viré à bâbord sur 200’ pour les éviter. Le dernier transfert de carburant du pont vers nos réservoirs principaux a été réalisé. La consommation de carburant est conforme au calendrier, soit 16000 litres.
Lundi 20 décembre
À 4h environ, à plus de 30 milles de distance, nous avons aperçu les lumières de Sainte-Hélène. Le jour s’est levé et nous avons pu voir clairement toute l’île à 1618 milles, mais le plus haut sommet (820 m) était dans les nuages. Sainte-Hélène est une falaise très abrupte, mais nous avons trouvé un point d’ancrage dans 20 m d’eau à quelque 300 m de la paroi. Avec une journée au mouillage, nous avons une interminable liste de tâches à accomplir, y compris les vérifications du moteur principal, qui vient sans doute de connaître sa plus longue course depuis sa construction.
DE SAINT-HÉLÈNE À MONTEVIDEO 3000 milles/14 jours Mercredi 22 décembre
Nous partons de Sainte-Hélène en suivant un cap de 251° pour un waypoint au sud de Rio de Janeiro. Cela nous permettra de nous maintenir dans les courants de Sainte-Hélène vers l’Amérique du Sud, ce qui nous aide à atteindre des vitesses constantes de plus de 8 noeuds. En quittant l’île, un bateau de pêche local nous donne trois thons à nageoires jaunes, que Luke prépare, ce qui nous a procuré 10 kg de viande de thon. Nous le dégustons pour le dîner lors des deux premiers jours en mer et mettons le reste au congélateur. Chacun à bord était d’accord pour dire que c’était probablement le meilleur thon qu’il ait jamais mangé.
Jeudi 23 décembre
Nous procédons à de nombreuses optimisations de l’alimentation
électrique. Ce n’est pas tout à fait Apollo 13, mais cela y ressemble parfois. Notre nouveau chargeurconvertisseur est très sensible aux pics de puissance et nous recherchons maintenant les combinaisons qui génèrent ces pics. Le 23e jour, nous avons réussi à faire fonctionner Astra sur un seul jeu de stabilisateurs. Cela permet d’utiliser moins de puissance, de consommer moins de carburant, de créer moins de traînées et donc d’aller plus vite!
Lundi 27 décembre
Nous avons maintenant franchi le tropique du Capricorne et, à mesure que nous avançons vers le sud, les jours s’allongent progressivement des deux côtés, le soleil se levant désormais à 5h30 et la nuit ne tombant pas avant environ 20h. […] En fin d’après-midi, nous avons rencontré un front stationnaire dirigeant un système météorologique se formant au sud de Rio. Iain est arrivé sur le pont à 17 h, nous pouvions le voir à 8 milles devant nous et se profiler sur le radar. Le vent à ce momentlà était un léger nord-ouest de 10 noeuds, mais nous espérions une forte pluie pour atténuer la mer dans laquelle nous étions, ce qui nous permettrait de couper les stabilisateurs pendant quelques heures et de parcourir une poignée de milles supplémentaires. À 17h50, le vent soufflait en rafales à plus de 30 noeuds et notre vitesse de vent relative s’établissait à 36-39 noeuds! À 19h, nous avons terminé et le vent a tourné au sud puis au sud-est, revenant à 10 noeuds. Pendant le grain, Iain avait réduit l’allure de 15 %, mais, environ trente minutes plus tard, alors que la mer montait
rapidement (jusqu’à 2-3 m à partir de notre position à 11h), nous avons commencé à subir un tangage inconfortable.
Mardi 4 janvier
La journée s’est terminée par notre arrivée au poste d’amarrage de Montevideo. À ce moment-là, nous avons découvert qu’en tant que navire battant pavillon étranger, nous avions non seulement besoin d’un pilote… mais aussi d’un remorqueur mesurant environ deux fois notre taille!
DE MONTEVIDEO À USHUAÏA 1 400 milles/10 jours Mercredi 5 janvier
Nous avons débuté avec une vitesse moyenne d’environ 3,54 noeuds car nous tanguions fortement pour sortir du Rio de la Plata. Cela a duré jusqu’à 8 h, heure à laquelle la profondeur de l’eau était de 21-22 m et, alors que le vent et la hauteur des lames n’avaient pas changé, la période des vagues est passée à 8 secondes entre les crêtes. Cela nous a permis de remonter notre allure à 8 noeuds. Dès que les conditions l’ont autorisé, nous avons inspecté
Ce modèle de 23 m hors-tout dispose d’une autonomie de 5 000 milles.