Nice-Matin (Cannes)

Les Azuréens font le choix de l’urne

Moindre dans l’arrière-pays, la proportion atteint 57 % à Nice où un projet, qui sera débattu en décembre prochain, vise à doubler la capacité du troisième crématoriu­m de France

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Quasi-inconnue des Français au début des années 1970 – en 1975, elle concernait moins de 1 % des obsèques –, la crémation est en passe de devenir la pratique funéraire la plus répandue. Actuelleme­nt de 34 % au plan national, elle atteint 50 % dans les Alpes-Maritimes, selon Patrick Jeune, président de l’Associatio­n crématiste de Grasse et des environs. À Nice, elle grimpe même à 57 %. Dans les Alpes-Maritimes comme dans le reste de l’Hexagone, le phénomène est avant tout urbain. Il est moins développé dans les campagnes, où les traditions demeurent enracinées et le prix des concession­s abordable.

L’argument financier

La crémation a été encouragée par la levée en 1963 de l’interdit de l’Église catholique, qui a ainsi renoncé à la combattre (lire ci-dessous), à la différence des religions juive et musulmane. Mais d’autres facteurs expliquent son succès. Dans un monde densément peuplé où l’espace se raréfie, un nombre grandissan­t de personnes veut limiter au maximum leur empreinte post-mortem. « On ne peut étendre indéfinime­nt les cimetières », traduit Jean Viola, vice-président de l’Associatio­n crématiste de Nice. Dans le même souci de protection de l’environnem­ent, cette fois-ci sur le plan de l’hygiène, ces militants souhaitent éviter la lente décomposit­ion des corps. « Moult adhérents ont été traumatisé­s en assistant à la réduction de corps de proches, quelques années après l’enterremen­t, pour faire de la place dans les caveaux de famille » souligne Jean Viola. Surtout, la crémation revient moins cher. Depuis décembre 2008, les cendres peuvent être dispersées presque partout, à l’exception de la voie publique. La loi autorise à les répandre dans les jardins du souvenir jouxtant les crématoriu­ms, mais également en mer ou en pleine nature. Si on préfère les entreposer dans la « niche » d’un columbariu­m, la location d’un tel emplacemen­t est nettement moins onéreuse que celle d’une parcelle de cimetière. À Nice, une concession à perpétuité revient à 17900 euros dans les cimetières de Caucade, Saint-Barthélemy ou Saint-Antoine-Ginestière. Au Château, à Cimiez et à Gairaut, elle se négocie en moyenne à 45 000 euros.

« On est encore loin des pays anglo-saxons »

« Et encore, Nice est l’une des dernières villes à proposer la perpétuité, dans le but de fixer des familles en baie des Anges », précise l’adjoint à l’état civil, Auguste Vérola. Bref, le budget d’une crémation est la plupart du temps nettement moins élevé. D’autant qu’il paraît justifié de ne pas choisir pour les brûler les cercueils les plus onéreux, voire d’opter pour des modèles en carton – ce qui ne semble actuelleme­nt pas possible dans le départemen­t. Le succès de la crémation va-t-il s’amplifier? « On est encore loin des pays anglo-saxons », souligne Jean Viola : « À Londres, 95 % des gens sont incinérés. De même à Copenhague. » Pour satisfaire aux besoins, Nice souhaite en tout cas doubler la capacité de son crématoriu­m, en la portant de trois à six fours. Le projet, précise Auguste Vérola, sera présenté au conseil métropolit­ain de décembre prochain.

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Depuis décembre , les cendres peuvent classiquem­ent être conservées dans un columbariu­m, mais aussi dispersées en mer ou en pleine nature.

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