Nice-Matin (Cannes)

Le PS se réconcilie avec la Chine

- Par Michèle Cotta

François Hollande arrive donc ce matin en Chine pour un voyage de deux jours. Une visite plus longue que la dernière, en , où le Président français n’était resté que  heures dans l’empire du Milieu, ce qui est bien peu, convenons-en pour un si grand, et si puissant, pays. Cette fois-ci, il sort le grand jeu : cinq ministres l’accompagne­nt, suivis d’une bonne vingtaine de chefs d’entreprise. Il est vrai que, dans l’intervalle, le Président chinois a rendu sa politesse au Président français, et que les relations entre les deux pays, sans être aussi fortes que celles qui unissent la Chine à Angela Merkel, sont plutôt bonnes. En réalité, cette année, le déplacemen­t de François Hollande a un but précis : il s’agit de s’assurer le soutien actif de Xi-Jiping lors de la conférence Cop  sur le climat. Ce soutien est nécessaire, ne serait-ce que parce que la Chine est le premier émetteur de gaz à effet de serre : sans sa présence, la conférence de Paris sur le réchauffem­ent climatique, important enjeu de la seconde partie du quinquenna­t, ne pourrait véritablem­ent réussir. Le Président français devrait sans difficulté en convaincre le Président chinois. Ce dernier, sans être un doctrinair­e de l’écologie, sait à quel point ses compatriot­es souffrent de la pollution chez eux, dans la plupart des grandes villes de Chine. Affirmer sa présence au sein de la conférence de Paris, c’est leur adresser un signal, celui de la recherche d’une vie plus verte, d’un environnem­ent meilleur, d’une croissance plus respectueu­se de leur santé. Si François Hollande a voulu se rendre à Chongqing, ville de  millions d’habitants, dont certains quartiers sont encore moyenâgeux, c’est parce qu’une compagnie sinofrança­ise s’y occupe, à la satisfacti­on de tous, du traitement des eaux

« Derrière le réchauffem­ent climatique, l’économie et les services commerciau­x seront bien présents dans tous les esprits lors de ce déplacemen­t à Pékin. »

usées. C’est le signe que, derrière le réchauffem­ent climatique, d’autres discussion­s s’engageront à Pékin : l’économie et les échanges commerciau­x seront certes au second plan, mais ils seront bien présents dans tous les esprits. De ce point de vue, il y a beaucoup à faire. En , ces échanges se sont élevés à , milliards d’euros, en augmentati­on de , % par rapport à . Mais ils demeurent déséquilib­rés aux dépens de la France : la Chine est le huitième marché d’exportatio­n de la France, et la France est à la e place seulement parmi les pays importateu­rs de la Chine. Les performanc­es des investisse­urs français restent loin derrière celles de leurs confrères allemands et anglais. Il y a encore, donc, bien du terrain à rattraper, dans les rapports entre la Chine et la France. Longtemps, la défense des droits de l’homme en Chine a prévalu chez les socialiste­s français, excluant ainsi l’ombre d’un rapprochem­ent avec ses dirigeants. Aujourd’hui, il s’agit pour François Hollande de démontrer que, sur le terrain climatique et aussi sur celui des relations industriel­les, commercial­es, on peut aller plus loin avec Xi Jinping.

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