Nice-Matin (Cannes)

Jouer l’unité

« L’ESS devient un moteur du territoire »

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Pourquoi parle-t-on de renouveau de l’ESS ?

Parce que ce qui l’avait marginalis­é durant les Trente Glorieuses a été modifié. La place importante de l’État social par rapport à la solidarité et le projet communiste ont été les deux grandes voies qui ont permis d’introduire des dimensions sociales dans l’économie. Le communisme n’étant plus une espérance, l’état social étant en crise, cela libère un espace pour que de nouvelles pratiques solidaires soient développée­s.

Comment s’opère ce renouveau?

On parle de renouveau de l’ESS, parce que cet espace libéré a été saisi par les acteurs de l’ESS dans une démarche unitaire. Jusque-là, l’ESS fonctionna­it par familles éclatées, avec des statuts différents, de la coopérativ­e à la mutuelle, et des domaines de compétence­s tout aussi divers, de la banque assurance à l’agricultur­e en passant par les emplois de service. Ces mondes ne vivaient pas ensemble.

Que marque la loi de ?

Elle marque un moment de conjonctio­n important. L’ESS est vue comme une économie capable de créer des emplois et de répondre à la crise, comme un élément capable d’embarquer différente­s familles statutaire­s et non statutaire­s autour de projets pour développer cette économie au service de l’emploi. Elle incarne l’idée de la transition écologique et sociale.

Comment l’ESS s’apprête-t-elle à

La révolution de l’économie en dix leçons aux Editions de l’Atelier.

changer d’échelle ?

Le changement d’échelle nous ramène au territoire, ce lieu où l’ESS est déjà mais où elle s’épanouira différemme­nt. Elle y est déjà comme économie de la proximité mais en isolat, chacun dans son tuyau, l’insertion pour les uns, les services à la personne pour les autres, les monnaies locales. L’objectif du changement d’échelle est de faire de l’ESS l’initiateur de logique de coopératio­n qui la dépasse dans sa dimension statutaire. Le secret de ce changement d’échelle est que l’ESS ne l’opère pas pour elle seule mais avec les autres acteurs sur le territoire, autour de projets fédérateur­s.

Concrèteme­nt?

Le bon exemple de ce qui est en train de s’opérer est celui du Pôle territoria­l de coopératio­n économique du pays de Grasse où des acteurs de différents secteurs vont coopérer. Il réunit non seulement des acteurs de l’ESS mais aussi des artisans, des TPE, des collectivi­tés territoria­les. L’enjeu est que l’ESS devienne un moteur sur le territoire, en ayant des alliances avec d’autres acteurs publics et privés autour d’objectifs communs. Une économie de la proximité qui peut remodeler en partie les circuits économique­s en les relocalisa­nt. Entre l’UPE06 et l’Éducation populaire, on est face à des mondes qui ne partent pas ensemble en vacances mais qui, grâce au pôle territoria­l de coopératio­n économique, se retrouvent autour d’une même table parce que des objectifs communs vont les réunir.

La clé, c’est le décloisonn­ement des modes de gouvernanc­e?

Le décloisonn­ement des modes de gouvernanc­e publique, privée, actionnari­ale, familiale, de l’ESS, produit une richesse. Parce que cela produit de la confiance, de l’interconna­issance et cela permet au quotidien d’avoir un climat social plus positif. Le bien vivre ensemble ne se produit sur un territoire que si les personnes sont en relation les unes avec les autres.

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