Nice-Matin (Cannes)

Azurée Cannes : la chaussure made in Côte d’Azur

De la sandale pour hommes taillée dans des toiles de tente de l’armée américaine à la chaussure fantaisie pour femmes, la PME a su se développer tout en conservant un esprit familial

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Sa marque de fabrique : la chaussure Crystal en vinyle, ultra-féminine, qui habille les pieds des élégantes. Mais Azurée Cannes, c’est aussi trois génération­s, bientôt quatre, de Chassigneu­x qui se sont succédé à la destinée de l’entreprise. La saga commence en 1942 à Cannes. Alain Chassigneu­x, président, la raconte. « Mon père, André, y avait ouvert un atelier de fabricatio­n de chaussures. Il lui donne le nom Azurée qui était celui de la villa où il habitait à Cannes. Il y réalisait principale­ment des sandales pour hommes. » La petite histoire veut qu’il en ait fabriqué dans des toiles de tente réformées de l’armée américaine. « À l’époque, c’était compliqué de trouver des matières premières. » Gervais, le père d’André qui est fabricant de parapluies et grossiste en chaussures, devient son principal client.

L’identité Côte d’Azur

Après la guerre, la demande en chaussures explose et André embauche et l’atelier situé en plein centre de Cannes est une ruche bourdonnan­te où une quinzaine d’employés fabriquent pour les détaillant­s multimarqu­es des modèles pour hommes et femmes. « Dans les années 60, mon frère, ma soeur et moi sommes venus rejoindre mon père et petit à petit, la production s’est orientée vers la chaussure femme en privilégia­nt des matériaux originaux comme le vinyle transparen­t, les bijoux

« Depuis 1942, nous avons fantaisie ou la peinture à la main… » C’est le style d’Azurée Cannes : des modèles habillés fantaisie. « Des chaussures Côte d’Azur. Nous chaussons les femmes élégantes et coquettes pour les occasions habillées mais aussi, et de plus en plus, pour tous les jours. » En 1978, André Chassigneu­x prend sa retraite et laisse à ses enfants la société qui poursuit sa courbe ascendante. « Nous ouvrons une boutique à Juan-les-Pins à la fin des années 80 avant de quitter Cannes en 1993 pour installer notre usine à Grasse. » Des locaux de 800 m2 où 50 salariés s’occupent de la comptabili­té, de la logistique et de la production. Mais la crise frappe de plein fouet les fabricants de chaussures qui ferment les uns après les autres : « Nous fabriquion­s tout sur place et étions trop cher par rapport aux importatio­ns venues du tiers-monde. » Azurée Cannes dépose le bilan en 1998 et Alain Chassigneu­x, rejoint par sa fille Pascale qui prend le poste de directrice commercial­e, délocalise une partie de la production au Portugal puis en Espagne.

Développem­ent à l’export

Restructur­ée, Azurée Cannes qui ne garde que 25 de ses salariés, redevient rentable. « Nous avons tenu à conserver notre identité et son savoir-faire de fabricant français. Les magasins indépendan­ts constituen­t notre clientèle traditionn­elle car nous avons refusé d’être commercial­isé dans les grands réseaux. Six représenta­nts sillonnent l’Hexagone. Le marché français ayant tendance à se rétrécir, nous nous sommes tournés vers l’export en jouant sur l’identité Côte d’Azur. Nous avons développé un réseau d’agents en Europe (Suisse, Allemagne, Autriche, Belgique, Angleterre, Italie, Pologne) mais aussi en Australie, Nouvelle-Zélande, Japon. » La stratégie s’avère payante car Azurée progresse de 10 % entre 1998 et 2008. « En 1999, notre chiffre à l’export était de 5 %, aujourd’hui, il est à plus de 50 %. » Les chaussures made in Côte d’Azur sont distribuée­s dans quelque 800 boutiques indépendan­tes dont la moitié à l’internatio­nal auxquelles s’ajoutent les deux points de vente en nom propre d’Azurée « à Juan-lesPins et Villeneuve-Loubet sur le port de Marina. Elles sont gérées par ma

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Alain Chassigneu­x entouré de sa fille Pascale et de sa nièce Julie. « Aujourd’hui encore, notre identité, c’est le transparen­t, un produit Côte d’Azur que nous exportons à  %. » (Photos Franz Chavaroche)  :

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