Le boom des monnaies locales complémentaires Développer les liens sociaux
Depuis quelques années, les monnaies locales fleurissent un peu partout en France. Dans le Var et les Alpes-Maritimes, plusieurs projets sont en cours. Comment fonctionnent-elles ? Quel est leur intérêt ? Eléments de réponse
L’abeille, le grain, le coco, l’euskot... une trentaine de monnaies locales complémentaires (MLC) sont en circulation en France et autant sont en projet. Alors que 5000 MLC existent dans le monde, la France est le seul pays à les avoir officiellement reconnues avec la loi Hamon sur l’Economie Sociale et Solidaire de juillet 2014. Indexées sur l’euro (1 unité de MLC = 1 euro), les monnaies locales sont émises et gérées par des associations et ne peuvent être utilisées que sur un territoire délimité, auprès de commerçants qui ont adhéré au projet. Première ville du Var à avoir adopté un tel système d’échange, la Londe-lesMaures compte quelques centaines d’habitants et une cinquantaine de commerçants utilisateurs du cigalonde, créé en 2012. «Les gens l’utilisent surtout pour les petits paiements dans les commerces de bouche, mais de manière très fidèle, remarque Pierre Volpi, secrétaire de l’association ACAL, porteuse du projet. Ce n’est pas une monnaie fondante, elle ne perd pas sa valeur au fil du temps. Au contraire, les utilisateurs gagnent 2,5 % sur leurs achats. La monnaie se décline en quatre types de billets de 1, 5, 10 et 20 cigalondes. Pour les obtenir, les habitants échangent leurs euros contre des cigalondes dans les commerces. »
Valoriser l’achat local
Objectifs de ces monnaies : favoriser un développement local durable, créer du lien social et soutenir le commerce de proximité. C’est dans cette optique que la Fédération des associations de commerçants et d’artisans de Cagnes-sur-Mer planche sur une monnaie locale. « D’ici cinq ans, 200 000 m2 de surfaces commerciales seront sortis de terre dans notre secteur entre Polygone Riviera, l’extension de Cap 3000, Nice One et Ikea, explique Nicolas Gibbes, président de la Commission animation. Notre MLC se veut
un outil pédagogique pour inciter les habitants à consommer local. Nous sommes actuellement en phase d’adhésion des citoyens. L’avantage pour les utilisateurs est que les euros échangés sont garantis. Si la personne veut récupérer son argent, elle le retrouvera sur un compte garanti par une banque. La MLC va donc inciter le consommateur à acheter local et le commerçant à se fournir localement. Le territoire devient ainsi résilient, plus autonome. C’est un cercle vertueux. » D’autres projets sont en cours dans les Alpes-Maritimes, comme dans la Communauté de communes des Alpes-d’Azur et dans la Communauté d’agglomération du Pays de Grasse. Sur ce territoire, le centifolia pourrait être mis en circulation au second semestre 2016. « On observe une vraie attente des habitants, mais il faut du temps pour optimiser le fonctionnement de cette monnaie, souligne Philippe Chemla, président d’APESE, l’association porteuse du projet. La MLC est un des leviers pour favoriser le développement local durable et les liens sociaux. Pour les collectivités locales, c’est un outil de politique publique. Plusieurs expérimentations sont possibles : le paiement des parkings pourrait se faire avec la monnaie locale, ou la collectivité pourrait récompenser par des centifolias les gestes éco-responsables, comme le tri des dosettes à café ou des canettes. Il faut que cette MLC puisse servir à autre chose qu’à des échanges marchands.»