Alain Souchon & Laurent Voulzy : ans d’amitié
Interview Alors que l’album scellant leur longue collaboration est triple disque de platine, les deux artistes, en tournée, seront le 4 novembre à Nice et le 7 novembre à Toulon
C’était en août 2014. Nous les avions rencontrés en exclusivité à l’African Queen, à Beaulieu-sur-Mer, où ils étaient venus peaufiner leur tout premier opus interprété ensemble. Et en prenant congé d’eux, nous étions restés sur l’image de Voulzy et Souchon, Souchon et Voulzy, silhouettes complices déambulant côte à côte dans la lumière irisée baignant La baie des fourmis, à laquelle ils ont d’ailleurs consacré un titre éponyme. Plus de trois cent mille albums vendus plus tard, alors que l’opus est certifié triple disque de platine et que ces deux inséparables sont en pleine tournée, nous avons repris la suite de notre « conversation ». « C’est ça, confie Souchon à propos de leur travail de création, qui est amusant dans le métier de chanteur-compositeur-auteur : c’est qu’au moment où l’on fait les chansons, on est très libres dans nos emplois du temps. On travaille le jour ou la nuit à notre guise, on peut s’arrêter n’importe quand pendant quarantehuit heures, continuer à échanger nos idées sur le petit bateau à voile rouge de Laurent avec quelques tomates et du gruyère...C’est un énorme avantage dans la société dans laquelle on vit! » Mais d’avouer aussi : « Et puis en même temps, quand l’inspiration ne vient pas, on a le cafard, on ne dort pas. Après cette première phase, il faut enregistrer le disque, et là on se retrouve enfermé dans un studio avec ces gens qui ont un grand plaisir à faire marcher tous ces appareils électroniques. Moi, ça m’embête un peu... Mais voir le disque prendre tournure, c’est génial. La troisième vie commence alors, celle des répétitions avec les musiciens dans un hangar, puis vient le moment des tournées. Pour moi qui suis un agité, c’est un bonheur d’avoir quatre modes de vie aussi différents! » D’autant qu’avec Voulzy, ils ont décidément trouvé « un bon boulot»:« On a la chance avec Laurent d’être amis depuis quarante ans, et de ne jamais nous être fâchés pour des histoires d’ego ou d’argent. Avec cet album, qui a été un exercice de composition difficile parce qu’il fallait que ça convienne à nos deux personnalités, nous avons enfin concrétisé cette si longue amitié. On avait vraiment ce désir-là, ainsi que celui d’être ensemble sur scène. » La Marne, le Surrey, le Perche, la Bretagne, le Blésois ou la Baie des fourmis, tous ces lieux où ils aiment à s’isoler pour « se concentrer sur une petite réflexion, sur la beauté des filles, la légèreté de certains politiques ou la brièveté de la vie », sont présents dans cette synthèse de leurs univers. « La baie des fourmis, c’est un nom et un lieu tellement charmants que nous devions en faire une chanson. Les gens qui y vivent sont d’authentiques Provençaux, mais on y voit aussi des jeunes femmes Russes descendre des bateaux avec des talons roses de 150 mm incrustés de diamants, j’adore, on ne voit ça que sur la Côte ! » Heureux que son petit « Ours », alias Charles, son fils cadet, s’apprête à sortir son troisième album, tandis que Pierre, l’aîné, collabore avec Nolwenn ou Sandrine Kiberlain, cet éternel adolescent nous aurait presque fait oublier son âge. Mais à en juger par l’accueil du public, « la Souche », pas plus que « Lolo » est loin, très loin, d’être ko, descendu des plateaux de p’hono...
Notre complicité n’a jamais été ternie par des histoires d’ego ou d’argent