Nice-Matin (Cannes)

Paroles d’expert : Philippe Derudder,

« Un outil de transforma­tion de nos sociétés »

- Propos recueillis par Rozenn Gourvennec / SOPRESS

On voit naître de plus en plus de monnaies locales en France. Comment expliquezv­ous ce phénomène ?

Ce phénomène est lié à la crise de 2008 et aux interrogat­ions des citoyens sur le monde de la finance et de la banque, qui abuse et qui triche. Ces personnes se sont reportées sur le mouvement des monnaies complément­aires qui ont fait leurs preuves ailleurs dans le monde, notamment en Allemagne et en Amérique latine.

Quels sont les enjeux de la monnaie locale complément­aire pour les collectivi­tés ?

L’enjeu pour les collectivi­tés locales est d’accompagne­r les mouvements citoyens. Pour moi, les monnaies complément­aires doivent être des initiative­s citoyennes pour sortir d’un état passif de consommate­ur et devenir un acteur responsabl­e. C’est un moyen de se réappropri­er l’argent, de lui redonner du sens, de retisser des liens sociaux plus étroits, de redynamise­r l’économie locale. La monnaie locale n’est pas seulement un outil économique que les collectivi­tés utiliserai­ent pour relancer la croissance. C’est un outil de transforma­tion de nos sociétés pour aller vers quelque chose qui soit plus respectueu­x de notre environnem­ent naturel et de l’humain.

Comment les collectivi­tés peuvent-elles soutenir les monnaies locales ?

Par des moyens logistique­s (bureaux, photocopie­s), financiers, humains (en affectant un salarié à l’animation du projet). Certaines collectivi­tés rendent par exemple accessible­s aux monnaies locales certains de leurs services : le paiement de la cantine ou même des impôts locaux, comme en Angleterre.

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Chercheur en économies alternativ­es, auteur de « Les monnaies locales complément­aires : pourquoi, comment ? »

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