Un mois après
La catastrophe du 3 octobre a emporté vingt vies, fait des milliers de sinistrés et des centaines de millions d’euros de dégâts. Malgré un élan de solidarité inédit, le chantier reste immense
A l’image de l’entreprise SA Plast, avenue Michel-Jourdan à Cannes, les stigmates des intempéries des et octobre restent visibles. Sur la Côte, l’aide financière se fait attendre.
Reconstruire. Repartir. Effacer, à défaut de pouvoir oublier. Ce challenge, des milliers de sinistrés ont entrepris de le relever depuis un mois. Depuis qu’une pluie diluvienne et des torrents de boue ont défiguré les Alpes-Maritimes, l’ouest en particulier. Et ce challenge est immense. Vingt morts. Des milliers de sinistrés. Des centaines de millions d’euros de dégâts. De Biot à Mandelieu, de Cannes à Villeneuve-Loubet, le temps de l’urgence a laissé place à un chantier immense. Certes, une vague de solidarité sans précédent a répondu à ce cataclysme. Bien sûr, l’état de catastrophe naturelle a été reconnu d’emblée. Mais sur le terrain, malgré la bluffante débauche d’énergie des services de secours et des bénévoles, les plaies restent à vif. Et les stigmates, omniprésents. Sur une Côte d’Azur où la vie a, malgré tout, repris son cours normal, le quotidien de ces habitants et commerçants sinistrés ne l’est plus. Il leur faudra de la patience, du soutien et des aides pour tourner la page.
« Bonjour, j’ai été inondé et j’aimerais comprendre. Avec qui doit-on communiquer ? Avec notre conseiller en assurance ou avec l’expert ? Comment ça va se passer ? Peut-on avoir une discussion sur les indemnisations ? » Un mois après la catastrophe, JeanPhilippe Ros, 45 ans, n’en a pas fini avec les questions. Cela tombe bien : des experts sont là pour ça. Hier après-midi, au golf de Biot, une quinzaine de sinistrés écoutent les conseils de la Fédération des experts d’assurés (Fedexa). Six cabinets issus de toute la France sont là pour les aiguiller sur la voie sinueuse de l’indemnisation. « Nous ne sommes pas là dans une démarche commerciale, mais parce que beaucoup de sinistrés sont encore en attente d’infos, insiste Nicolas de Barrau, président de la Fedexa. Il n’est pas trop tard pour constituer un bon dossier d’indemnisation en passant par un expert indépendant, de confiance. » Le temps, toujours le temps. « Quel délai a-t-on pour saisir l’assurance ? », s’enquiert un sinistré. Les experts le rassurent : « En théorie, il y a des délais à respecter. Mais en pratique, on ne vous fera aucune complication. »
Éviter les profiteurs
Et de répondre aux interrogations par autant d’éclairages… et de mises en garde : « Il est toujours bon d’avoir un devis comparatif » ,ouencore « Ne vous laissez pas abuser par des gens qui vous demandent directement de l’argent! » Manifestement, l’émotion n’a pas empêché la récupération. « Certains experts d’assurés ont de la déontologie, d’autres moins, tacle Dominique Jaussein. Les honoraires oscillent entre 3 % et… 15 %. Je pense qu’il faut être raisonnable. » Nicolas de Barrau se veut rassurant : « Nous percevons nos honoraires une fois que vous êtes indemnisés. Nos intérêts convergent avec les vôtres! » Oui, mais, objecte un autre Nicolas, lui-même assureur : « Quel intérêt pour l’assuré de vous solliciter, et à partir de quel montant? » Là encore, la Fedexa vante ses troupes : « Notre charte de déontologie nous interdit certaines pratiques commerciales. Un expert de la Fedexa va faire son métier proprement, quand d’autres promettent n’importe quoi… » Morale de l’histoire : demander des conseils d’expert pour être indemnisé le mieux possible. Après une heure d’échanges, Jean-Philippe Ros repart « avec quelques réponses. Même si, quatre-cinq semaines après, ça fait un peu tard… »