Réouverture le 16 novembre
Le procureur de la République de Nice estime que les premières expertises accablent l’exploitant du camion fou de l’A8. Le chauffeur du poids lourd reste en détention provisoire
Un mort, huit blessés… c’est le bilan du tragique accident survenu jeudi dernier au péage Saint-Isidore, à NiceOuest. Un camion roumain en provenance d’Italie est devenu incontrôlable dans la descente de l’A8 et a pulvérisé la barrière de péage, tuant sur son passage un motard et blessant huit automobilistes. Une information judiciaire a été ouverte samedi soir. Les premières constatations d’un expert mandaté par la justice sont accablantes : « Il explique d’ores et déjà que les capacités de freinage du camion étaient excessivement réduites par rapport à ce qu’elles auraient dû être », a expliqué hier le procureur de la République Jean-Michel Prêtre. Le magistrat a précisé « qu’à l’évidence, aucun des systèmes de freinage n’a fonctionné puisque le véhicule n’a cessé, depuis sa sortie du tunnel à 50 km/h, de prendre de la vitesse. » Le tracteur et sa remorque chargée de voitures sont arrivés sur le péage à près de 120 km/h, détruisant tout sur leur passage.
Un contrôle technique qui pose question
« Il y a des défauts graves, substantiels, constatés sur ce véhicule », a insisté le magistrat pour justifier le placement en détention provisoire du chauffeur qui a sollicité un délai pour préparer sa défense. « Il y avait deux chauffeurs dans ce camion, l’un était au volant. Il a été blessé très légèrement. Son voisin, qui a tenté de maîtriser le camion, a eu les deux jambes cassées. » Le chauffeur a été mis en examen pour homicide involontaire pour non-respect d’une obligation de prudence et inobservation des règlements. « D’après les premières expertises techniques, on reproche au chauffeur d’avoir pris le risque de lancer un camion dans cette pente alors que, compte tenu de l’état du camion, il ne pouvait ignorer que son véhicule présentait un très fort risque de perte de contrôle. » Toujours selon le parquet, des documents découverts par les gendarmes de l’Escadron de sécurité routière (EDSR) montrent que le poids lourd avait fait l’objet d’un contrôle technique en mai dernier qui l’avait déclaré apte à la circulation. « Nous avons été en contact avec la société roumaine. Nous espérons avoir des informations
plus précises à ce sujet, souligne le procureur. Nous espérions que le propriétaire se présente samedi soir comme il nous l’avait indiqué. Malheureusement, il n’est pas venu. » Le juge d’instruction, épaulé par les gendarmes de l’EDSR et des experts cherchent aussi à comprendre pourquoi le camion n’a pas emprunté les refuges prévus
en cas de défaillance des freins. « Est-ce par négligence, par défaut de formation, par mauvais réflexe ? Est-ce l’état du camion qui n’a pas permis de le faire. Est-ce à cause de la circulation environnante ? Il y a une enquête très fine à faire », a observé le procureur de la République.