Circonscrire la colère
VALLAURIS Le sous-préfet et le maire de la commune sont allés à la rencontre des habitants des Hauts-de-Vallauris, excédés par de récents actes de délinquance
La nuit s’écrase sur les tours. Mais au pied du bâtiment 8, les discussions s’animent. Au même moment, des voix s’échappent du premier étage. Dans la lumière blafarde d’une petite salle, des habitants de la cité se sont rassemblés. Face à eux : le maire, Michelle Salucki, et Sébastien Humbert, sous-préfet. La tension semble pénible à canaliser. Les visages sont crispés. Ils sont venus en famille. Il est question de leur cadre de vie et de tout ce qui bousille régulièrement la réputation des Hauts-de-Vallauris. La délinquance. Cette poignée de voyous qui casse, tague, brûle. Qui saccage et décourage. « Heureusement que ce n’était pas dans Nice-Matin. » La phrase du premier magistrat tombe comme un aveu. Est-il question de réputation ? Fallait-il absolument taire les derniers événements ? Ne pas parler, par exemple, des dégradations opérées du côté du local de l’ancien centre social ? Ce lieu que l’on réhabilite depuis des mois pour qu’il se (re)dresse en « maison du public ». Et sur lequel des espoirs se cristallisent déjà. Malgré tout.
Un certain mal-être
« Le problème, c’est que si vous continuez à mettre à l’intérieur des gens qui n’écoutent pas et qui se foutent du quartier, ça va mal se passer ! » Le jeune homme éructe. Il ne menace pas. Il en a marre. Il insiste, doigt en l’air : « Donnez les manettes aux bonnes personnes ! C’est la seule solution. » Un autre prend le relais, les yeux rougis : « Et vous savez ce qui se passe quand il y a un souci ici ? On appelle les secours et ils ne viennent pas ! » C’est vraisemblablement ce qui a mis le feu aux poudres. Le feu tout court. Et provoqué la rencontre de jeudi soir. La salle gronde. Michelle Salucki lève les bras et coupe court au fracas : « Écoutez, on va se dire les choses. Si quand la police et les pompiers montent, ils se font caillasser… ils n’ont plus très envie de venir. » Un homme âgé rebondit : « Quand ça a brûlé, on a dû appeler plusieurs fois pour que ça bouge… C’est normal, ça?» Il est excédé. Il n’est pas le seul. « Bien sûr que ce n’est pas normal », Le jeune Vallaurien du début relève la main et s’arc-boute : « Moi, tout ce que je peux vous conseiller c’est de bien sélectionner les personnes qui vont venir travailler ici. C’est tout. » Il tourne les talons. Quitte la pièce et le bâtiment. Le maire rassure : « Nous ne mettrons en place que des gens que
laisse tomber le souspréfet. vous connaissez. » Puis concède : « Vous avez eu une première mésaventure avec le centre social de l’époque mais parce que c’était une association… J’ai dit que je voulais une maison du public ! Ce sera très différent. »
« Soyez responsables »
Il y a des soupirs. De la satisfaction. Un peu d’agacement. Beaucoup de mal-être… Elle continue : « Nous avons rénové ce local… enfin, ça a été un peu cassé quand même. Hein ? Il faut quand même le dire. Ça n’aide pas à avancer. Mais nous allons vous y amener plein de services. » Travail, logement, jeunes, vieux… Les Vallauriens se déchaînent. Ils ont trop à dire. Le sous-préfet se lève. Et hausse le ton : « Le marché, le logement, tout ça… On n’est pas là pour ça. Vous avez des problèmes ? Moi aussi, j’ai des problèmes ! Mais ce n’est pas ici que l’on va les traiter. Ce qui s’est passé est grave ! Et ça aurait pu être plus grave encore. » Il crie. Il ne veut plus que ça arrive. Il ne veut plus de flammes. Et promet de revenir. A priori, les délinquants ne sont pas dans la salle. Qu’importe. Il faut que le message passe. Le maire martèle : « Votre réputation est tellement entachée qu’à un moment donné, on ne peut plus vous aider. Alors soyez responsables de vous, de vos enfants et de votre réputation. »