Isère : début du procès du lynchage qui avait bouleversé la France
Douze accusés de 19 à 24 ans, deux jeunes victimes – Kevin et Sofiane – lynchées en 2012 lors d’un déchaînement inouï de violence qui avait ému la France entière : le procès de la rixe mortelle entre deux quartiers de la banlieue de Grenoble, La Villeneuve et Échirolles, s’est ouvert hier après-midi devant les assises de l’Isère. Les six semaines d’audience pourraient se tenir à huis clos, deux des accusés étant mineurs au moment des faits(1). Cheveux ras et vêtements sombres, les accusés, dont trois comparaissent libres, sont arrivés sous grosse escorte policière. Ils ont pris place derrière un nouveau box vitré, conçu spécialement pour ce procès qui se déroule sous haute tension. Une compagnie de CRS a d’ailleurs été déployée aux abords du palais de justice de Grenoble.
« On ne balance pas »
Les familles des victimes sont restées muettes à leur entrée dans le tribunal, le visage fermé, refusant de faire des déclarations à la presse, tout comme leurs avocats. Plus de 80 journalistes ont été accrédités pour suivre le procès. L’enquête a permis d’identifier la plupart des agresseurs, mais sans déterminer avec certitude qui a porté les coups mortels. Les armes du crime n’ont jamais été retrouvées et les accusés, sauf deux, ont refusé d’enfreindre la règle du quartier selon laquelle « on ne balance pas ». La justice a donc retenu le principe de la « co-action » : les douze sont accusés d’avoir tué Kevin et Sofiane. Ils encourent 30 ans de réclusion criminelle.