François-Xavier Demaison : « Déjà dix ans. Fulgurant! » Interview
FX rôde à Nice. Dans un troisième one-man-show à découvrir de jeudi à samedi au théâtre de la Cité, l’humoriste multiplie les portraits délirants, sans épargner ses propres parents…
Mais où va-t-il chercher tout ça? FX Demaison le reconnaît : souvent, loin. C’est le cas lorsqu’il croque un chef indien réclamant des comptes à Christophe Colomb. Ou une mère de famille faisant la doublure voix de Michel Sardou avec l’accent de Carcassonne. Ou encore un castor (seul rescapé de son précédent one-man-show) mis en examen pour trafic… de sciure ! Parfois, l’inspiration vient de son entourage immédiat. Ainsi l’humoriste se moque-t-il gentiment de ses parents partis se mettre au vert en Normandie après une carrière trépidante à Paris. Personne n’est à l’abri, surtout pas lui, comme on le vérifiera au théâtre de la Cité. Demaison est à Nice après avoir rôdé dans le Nord : affûté, le garçon!
Comment se passe ce rodage ? J’en suis à une vingtaine de dates et c’est déjà un plaisir. Le titre provisoire, Demaison rôde, pourrait devenir Troisième tour. Mais le contenu est ficelé : un mélange de stand-up et de portraits où, m’adressant au public, je fais vivre toutes sortes de personnages délirants. On va en Corse, on s’arrête dans un petit village du centre de la France dont le stade de foot a été racheté par le Qatar. places, quand même ! Il y a aussi mes parents qui, s’étant convertis au bio, sont très « peace », très « zen » et ne mangent que des légumes oubliés : on comprend pourquoi. Bref, un voyage d’une heure et quart, assez généreux.
« Un voyage d’une heure et quart. Délirant, assez généreux. »
Où allez-vous chercher tout ça ? Je pars toujours d’un peu de réel. Mes parents, notamment, viennent effectivement de s’installer à la campagne. Les connaissant, je me demande comment cela va se passer. Ma mère vient de Corse, mon père de Montluçon, et après une vie à Paris, ils se fixent en Normandie. C’est l’aventure : on va compter les points…
La Corse vous est chère ? J’y vais plusieurs fois par an, je suis parrain du festival de l’humour d’Erbalunga, où le Niçois Tano a joué l’an passé. C’est un endroit que j’ai dans le coeur. Ma mère est de Saint-Florent, elle s’appelle Ghisoni. Et mon deuxième prénom, c’est Toussaint.
En revanche, rien du côté de cette ménagère qui double Sardou? (Il imite Sardou avec un accent de Carcassonne) Non, je ne sais pas d’où elle sort. Un délire, une folie, comme ce castor qui parle et dont j’ai fait ma mascotte. C’est peut-être quelque chose qui vient de l’enfance ?
Et l’entraîneur en tongs ? Pareil : je n’en sais rien. C’est lui qui raconte l’arrivée du Qatar dans ce club où l’on s’est offert Messi, Zlatan, Ronaldo, Drogba. Le tout à Montigny-les-Cagneux, habitants l’hiver.
On ne risque pas de s’ennuyer… D’autant que l’on rencontre aussi un rugbyman si gros que, lorsqu’il se pèse, sa balance lui demande de descendre. Il est devenu curé dans un village du Sud-Ouest où la moitié des jeunes l’appellent « mon père » et l’autre « papa ». Avant de prendre la robe, il a souvent tombé le pantalon !
C’est tout ? Non. On croise un directeur de théâtre qui cherche son chihuahua, Bernard. Et l’on entend une complainte réaliste d’artiste qui chante avec ses tripes : limite si le public n’en profite pas. Une vraie chanteuse en D ! Ah, j’oublie l’homme politique. Un vrai élu du peuple : mises en examen, condamnations, non-lieux. En un mot, serviteur de l’État. Et ça continue avec un poème provençal, jusqu’au final dont je garde le secret. Tout cela n’étant qu’un prétexte pour se marrer avec le public. On rigole !