Ça tourne en boucle sur ses platines
Thierry Arnaud Cosmic Trip Disquaire à Draguignan a craqué pour THE LIBERTINES Anthems For Doomed Youth
(Mercury) On peut être sûr qu’il y a quelques années, n’importe laquelle des Madame Irma des rockers, n’aurait parié une livre sur l’hypothétique sortie d’un troisième album des Libertines. Alléluia donc, car cela tient plus ou moins du miracle, onze ans après leur deuxième LP, voici qu’ils nous livrent ces hymnes pour une jeunesse condamnée. Entretemps, pas mal de leurs disques ont continué à tourner sur nos platines. En solo ou en groupe, aussi bien pour Pete Doherty que pour Carl Barât, ponctués de hauts et de bas, des ébats, et des débats, aussi malheureusement. Alors maintenant concentrons-nous sur la musique, et seulement la musique : deux voix, deux grattes, une basse, une batterie, et… que les punks traditionalistes se bouchent le nez, des claviers… Mais à dose homéopathique. Nos hommes sont allés se ressourcer, se rassembler et enregistrer en Thaïlande, autour d’un Doherty, émigré sanitaire. Exit le Clash à la console, pour une production plus soignée et réfléchie, mais pas d’affolement on n’est pas chez Alan Parsons, faut pas exagérer non plus. Quant au songwriting, spécialité de la maison anglaise, on reste en pays connu, plus apaisé avec l’âge, mais cela ne devrait pas gêner leur public qui a aussi murit avec eux. Alors finalement qu’avons-nous gravé dans la cire ? Quelques belles réussites : Gunga Din, le premier single chaloupé, Fame & Fortune àla british touch irrésistible, la ballade déchirante You’re My Waterloo, et les envolées échevelées à l’ancienne (Barbarians, Heart Of The Matter). Alors même si l’album s’essouffle quelque peu sur la fin, on sera moins exigeant, comme on peut l’être avec un convalescent, et on espère que ce disque thérapie leur ouvrira les portes d’un futur plus serein que leur passé pour le moins agité.