Le billet de Philippe Bouvard Alors on pérennise ?
Les pas en arrière sont devenus la figure préférée des danseurs de tango qui nous gouvernent. D’abord, le Fisc va rembourser des impôts grâce à une mesure qui sera « pérennisée » (sic) seulement pendant dix-huit mois. Ensuite, on pérennise également – mais pour plus longtemps – le moteur diesel, en n’augmentant son carburant que de centime par litre et par an tout en remontant le seuil de pollution autorisé. Enfin, dans les voitures connectées, les conducteurs auxquels tout bavardage téléphonique était interdit, seront invités à parler aux autres conducteurs, aux cyclistes et même aux piétons. Comme il n’est pas question d’utiliser un portevoix qui pousserait jusqu’à l’intolérable les nuisances sonores, la communication se fera par radio entre automobilistes et par GPS avec les cyclistes et les piétons. On imagine la courtoisie des appels. À un autre véhicule : « Chère madame qui me devancez sans avoir passé la deuxième vitesse, voulez-vous serrer à droite afin que je puisse vous doubler ? » À un cycliste : « J’admire votre courage et vos mollets mais je vous rappelle qu’on va moins vite sur deux roues que sur quatre. » À un vieux piéton : « Cher ancêtre, l’augmentation de l’espérance de vie devrait vous inciter à patienter un peu au lieu de traverser systématiquement la voie publique dès que nous prétendons y rouler. » Les réponses seront sans doute plus succinctes grâce aux bras d’honneur.