Nice-Matin (Cannes)

Collectivi­tés territoria­les : l’État repousse la réforme

Le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé hier le report d’un an de l’entrée en vigueur de cette réforme controvers­ée

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À près d’un mois des régionales et quelques jours après le zigzag sur les impôts des retraités modestes, Manuel Valls a annoncé, hier, le report d’un an de l’entrée en vigueur de la réforme controvers­ée des dotations aux collectivi­tés territoria­les. La réforme des clés de répartitio­n de la Dotation globale de fonctionne­ment (DGF), prévue par le projet de budget de l’État, n’entrera en applicatio­n qu’au 1er janvier 2017, et non au 1er janvier 2016, a finalement tranché le Premier ministre devant les députés socialiste­s réunis à huis clos. La DGF est le premier concours financier de l’État aux collectivi­tés, avec un montant global de plus de 36 milliards d’euros. Annoncée durant l’été, sa réforme, dont l’objectif affiché est davantage de « justice » entre collectivi­tés, a suscité l’hostilité des principale­s associatio­ns d’élus communaux, qui ont dénoncé un projet insuffisam­ment préparé et réclamé un texte de loi dédié.

Solution « d’apaisement »

Devant les sénateurs, le chef du gouverneme­nt a dit vouloir « prendre son temps » pour établir une réforme conçue « sur des bases de très grande transparen­ce ». Elle devra tenir compte de la nouvelle carte intercommu­nale, qui sera achevée le 31 mars 2016, avant que le gouverneme­nt ne l’inscrive « pleinement dans la loi de finance 2017 », a-t-il ajouté. Les grands principes seront « arrêtés dès ce projet de loi de finances, avec une clause de revoyure en avril » , moment où les modalités devront être « finalisées » ,et avec une entrée en vigueur en 2017, a-t-on précisé à Matignon. Solution « d’apaisement », a jugé un vice-président du groupe PS, Olivier Faure. L’Associatio­n des maires de grandes villes de France et l’Associatio­n des communauté­s urbaines de France se sont d’ailleurs félicitées « du temps (donné) pour améliorer la réforme ». Critiquant une « prise de conscience tardive », le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a réclamé encore «une loi spécifique ». Avant l’examen de l’article sur cette réforme mercredi soir en commission à l’Assemblée, puis lundi prochain dans l’hémicycle, les réunions entre ministères (Bercy, Marylise Lebranchu, André Vallini) et parlementa­ires se sont multipliée­s – encore tôt hier à Matignon – alors que certains socialiste­s pressaient pour des ajustement­s importants, notamment concernant les villes moyennes jugées défavorisé­es. Mme Lebranchu, ministre de la Décentrali­sation, avait encore estimé jeudi qu’il fallait réformer sans attendre la DGF, « plus lisible ».

« Ceux qui crient le plus fort »

Auteur avec les socialiste­s Estelle Grelier et Nathalie Appéré d’une série d’amendement­s allant jusqu’à demander la suppressio­n de la réforme, le député de l’Ardèche Olivier Dussopt, également président de l’Associatio­n des petites villes de France, s’est félicité du report, qui va « permettre de prendre en compte les nouveaux périmètres des intercommu­nalités » issus de la récente réforme territoria­le, qui seront arrêtés au 31 mars. Le report d’un an a cependant fait grincer des dents jusque dans la majorité. Christine Pirès Beaune, rapporteur­e spéciale sur ce volet, s’est dite « dépitée » qu’aient été « entendus ceux qui crient le plus fort ». «Jeregrette que le non-cumul (des mandats) n’ait pas été appliqué plus tôt », a-t-elle glissé à l’AFP, alors que plusieurs députés ont pu donner l’impression de défendre l’intérêt de leurs collectivi­tés.

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(Photo AFP) Devant les sénateurs, Manuel Valls a déclaré vouloir établir une réforme conçue « sur des bases de très grande transparen­ce ».

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