Fall à pas de géant
Le pivot des Sharks (2,18m), décisif au Havre, impressionne par sa progression
Money time, samedi dernier au Havre, 81-81, 12 secondes à jouer. A.Michel récupère un rebond pour les Havrais, tente un shoot mais se prend une bâche en retour. Moustapha Fall est passé par là. Sur la contre-attaque, Will Solomon enchaîne quelques dribbles avant d’asséner le shoot de la gagne au buzzer (84-81). Épatant contre ChâlonsReims (18 pts, 7 rebonds), Fall a donc joué la sentinelle décisive en Normandie. A 23 ans, la progression de l’ex-joueur de Poitiers (9,8 pts à 79,4% en 20mn, leader de Pro A à la réussite aux tirs) ne passe pas inaperçue. Le garçon culmine à 2,18m, la plus haute toise de Pro A. « C’est un intimidateur. Sa présence nous donne de la confiance. Personnellement, j’adore jouer avec lui », note Tim Blue, le top scoreur antibois après six journées.
Débuts à ans
L’histoire de ‘’Mous’’ Fall n’est pas banale. Quand il souffle ses 17 bougies, l’ado de SeineSaint-Denis mesure déjà plus de 2m. Son papa mesure 1,93m, sa maman, 1,80m. Mais personne dans la famille n’a encore jamais touché un ballon de basket. «Jeneregardais même pas les matches, ça ne m’intéressait pas. Je préférais jouer au foot » . En 2009, un copain lui présente le coach de Neuilly-surMarne (Départementale), qui le convainc de venir essayer. Tilt ! La saison suivante, ‘’Mous’’ intègre les cadets France de Villemomble, où il commence à faire parler de lui. Il choisit le centre de formation de Poitiers, alors en Pro A. On est en 2010. Le gamin, fin comme une lianne, à l’époque, a tout à apprendre au niveau des fondamentaux. C’est en 2013-14 que son temps de jeu, en Pro B, prend du volume. Monaco le récupère la saison passée, avant de le laisser filer aux Sharks l’été dernier. En juin 2015, il est invité par les Utah Jazz à un camp de prise de contact, à Salt Lake City. « On était 30 joueurs, on a surtout passé trois jours à courir ». Si la NBA garde un oeil sur ce gabarit hors norme, mobile pour sa taille, Moustapha Fall, pour l’instant, ne voit pas si loin. « Mon objectif, c’est de m’imposer en Pro A. J’ai encore une marge de progression, notamment pour les appuis, le physique, le shoot ». « Mous est un garçon intelligent, curieux de tout, bosseur et motivé, note Julien Espinosa, le coach-bâtiseur des Sharks. Il a la vista, cette capacité d’avoir un temps d’avance pour recevoir les bonnes passes de ses équipiers, près du cercle. Pour devenir un pivot dominant en Pro A, il doit encore élargir son registre. Chez nous, il est très complémentaire d’Akil Mitchell, très réactif sur les pick-and-roll ».
Frédéric Weis : « Il m’impressionne »
« Il m’impressionne, je ne pensais pas le voir à ce niveau aussi vite », commente un géant qui a marqué l’histoire de l’équipe de France, Frédéric Weis (2,17m), médaillé d’argent aux JO de Sydney en 2000. « Dès le premier match, contre Monaco, il a donné le ton. Je trouve qu’il a de bonnes mains, de réelles capacités d’anticipation. S’il continue sur cette voie, il peut faire une très belle carrière. Physiquement, aussi, je trouve qu’il s’est étoffé par rapport à la Pro B». Sans doute le fruit des heures à soulever la fonte, l’été dernier. Avec ses 115 kg, aujourd’hui, ‘’Mous’’ peut encaisser. Avec lui, pour l’instant, ce sont les Sharks qui ont tiré le gros lot.