Nice-Matin (Cannes)

Il porte Le Petit Prince à fleur de peau

Sur le corps musclé de Karim, électricie­n de 44 ans, le héros légendaire d’Antoine de SaintExupé­ry se décline en une flopée de tatouages colorés, avec des extraits du conte! Insolite

- GAËLLE ARAMA garama@nicematin.fr

Il a le Petit Prince dans la peau. Le conte d’Antoine de Saint-Exupéry sorti en 1943 gravé à l’encre de couleurs dans ses pores. Sur son corps musclé, Karim, 44 ans, cumule une dizaine de tattoo mono-thématique­s. Le blondinet ébouriffé à l’écharpe rouge et redingote verte. Sinon rien. Le personnage enfantin s’illustre en saynètes allégoriqu­es avec les autres protagonis­tes : le serpent, le renard, la rose, la planète… Son bras droit, sur fond d’étoiles et de ciel bleu, est une véritable oeuvre d’art. Un coup de foudre littéraire ? « J’ai lu le livre enfant comme tout le monde. Je suis retombé dessus quand j’avais une vingtaine d’années. Il ne m’a plus quitté, il était tout écorné », explique ce père de famille, électricie­n dans le nautisme, installé à Mouans-Sartoux.

« Raconter l’histoire »

C’est l’époque du premier tatouage à Chambéry : un seul Petit Prince sur la poitrine. Unique motif modeste durant plus de vingt ans. Raisonnabl­e. Jusqu’à il y a trois ans. Karim fête ses 40 ans. Un ami lui offre une énième version du chef-d’oeuvre, pop, avec de jolis pliages. Et le colosse au coeur tendre de replonger dans l’univers poétique et métaphoriq­ue de l’ouvrage culte. Ce sera une fresque du biceps au poignet! À raison d’un tattoo par an, gravé chez un ta- toueur de Cannes. Budget : 600 €. Même son mollet devient princier ! « L’objectif est de raconter l’histoire sur ma peau. Les dessins du côté droit, les textes à gauche » . Sur sa cuisse gauche, déjà un extrait de plusieurs lignes en écriture enfantine! « On ne voit bien qu’avec le coeur » etc. Une maxime qui parle à Karim « qui marche au ressenti dans la vie » . L’identifica­tion? « Non, c’est la philosophi­e de l’histoire qui me touche. Le côté naïf des dessins est magnifique ».

« Avec l’écriture de ma fille »

Attention, l’hommage graphique et cutané n’est pas achevé. « J’aimerais faire tatouer un autre extrait avec l’écriture de ma fille Lou, 10 ans. C’est le moment où le renard demande au petit Prince de l’apprivoise­r… » . Difficile pour ce grand pudique de décrypter les raisons intimes de cette obsession épidermiqu­e. « Il a le côté enfantin du Petit Prince, c’est un gentil, un optimiste », glisse son épouse, Célia, qui estime que « c’est un peu trop quand même, non? » . Pas pour Karim. La crainte de se lasser ne lui effleure même pas la couenne. « C’est un thème éternel. La fin avec le serpent me fait toujours pleurer » . Reste une question :à quand un baobab géant dans le dos?

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(Photos Gilles Traverso) Pudique, Karim montre rarement ses tatouages : « C’est la philosophi­e de l’histoire qui me touche ».
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