Nice-Matin (Cannes)

Arabie saoudite : un opposant chiite et  individus exécutés

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En Arabie saoudite, les premières exécutions de l’année ont embrasé le monde chiite. Les Saoudiens ont exécuté, hier, 47 personnes condamnées pour « terrorisme » dont le chef religieux chiite Nimr Baqer alNimr. Il était une figure de la contestati­on contre le régime en place. Parmi les 46 autres personnes mises à mort figurent une majorité de djihadiste­s d’al- Qaïda, alors que le royaume s’inquiète de la menace représenté­e par les groupes extrémiste­s sunnites comme Daesh. Al-Qaïda a récemment promis des représaill­es en cas d’exécution de ces membres. Les protestati­ons les plus fortes après l’exécution du cheick al-Nimr sont venues d’Iran. La puissance chiite entretient des relations tendues avec l’Arabie saoudite sunnite. Téhéran a averti que Ryad paiera « un prix élevé » pour cette mort. Des manifestat­ions sont prévues aujourd’hui contre l’Arabie. Qualifiant « d’irresponsa­bles » les déclaratio­ns de Téhéran, le porte-parole du ministère saoudien de l’Intérieur, Mansour al-Turki, a souligné que son pays « ne se préoccupai­t pas de ce que les autres pensent ». Quarante-cinq Saoudiens, un Égyptien, un Tchadien ont été exécutés au sabre ou par balles dans douze villes du royaume. Ils avaient été condamnés, selon les autorités, dans différente­s affaires. Notamment pour avoir épousé une idéologie radicale, rejoint des « organisati­ons terroriste­s » et mis en place des « complots criminels ».

« Un procès inique »

Des monarchies sunnites de la région dont Bahreïn et les Émirats arabes unis ont salué l’attitude de l’Arabie saoudite. À Bahreïn, quelques jeunes de la majorité chiite se sont toutefois rassemblés dans les banlieues de Manama pour protester contre ces exécutions. Le cheikh Nimr al-Nimr, 56 ans, critiquait avec véhémence la dynastie sunnite des al-Saoud. Il était la figure de proue du mouvement de contestati­on qui avait éclaté en 2011, dans la foulée des printemps arabes, dans l’est de l’Arabie où vit l’essentiel de la minorité chiite. Cette communauté, qui se concentre dans la province orientale riche en pétrole, se plaint d’être marginalis­ée dans ce pays majoritair­ement sunnite. Elle a été victime « de discrimina­tions sectaires » , selon le chercheur Toby Matthiesen de l’université d’Oxford. L’exécution du cheikh Nimr « provoquera la colère des jeunes chiites en Arabie saoudite, a mis en garde son frère, Mohammed al-Nimr. Il y aura des réactions négatives à l’intérieur du royaume et à l’étranger mais nous espérons qu’elles seront pacifiques » . Le cheikh Nimr avait été condamné à mort en octobre 2014 pour « terrorisme », « sédition », « désobéissa­nce au souverain » et « port d’armes » par un tribunal de Ryad. L’organisati­on de défense des droits de l’Homme Amnesty Internatio­nal avait dénoncé un « procès inique » contre le cheik al-Nimr.

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(Photo AFP) Le cheikh Nimr al- Nimr,   ans, critiquait avec véhémence la dynastie sunnite des al-Saoud.

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