Nice-Matin (Cannes)

« Je me sens à ma place »

GOLF AUX ÉTOILES DU SPORT, À LA PLAGNE L’été dernier, le talent de Romain Langasque avait explosé à la face du monde lors du British Open. Depuis, le Cabrienc peaufine ses fers avant de passer profession­nel courant 2016

- PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT WATTECAMPS

À tout juste 20 ans, Romain Langasque a la tête bien posée sur son tee. Et sait exactement où il veut déposer son drive. Le natif de Cabris (AlpesMarit­imes), vainqueur en juin dernier du British Open amateur, a vu s’ouvrir en grand les portes du monde profession­nel. Invité à participer cet été au British Open, aux côtés des Jordan Spieth, Tiger Woods, Bubba Watson ou Jason Day, Romain a surpris tout son monde en passant le cut, terminant 65e et meilleur Français. Une performanc­e de premier ordre pour un débutant à ce niveau. Mais c’est à petits pas que le golfeur veut effectuer le grand saut. La prise d’élan, elle, est bien lancée. Elle passait par les Étoiles du sport, à La Plagne, où nous l’avons rencontré.

Qu’est-ce qu’on ressent quand, à  ans, on se retrouve au départ du trou numéro un du British Open, sur le parcours mythique de Saint Andrews ? C’est très spécial. J’ai eu la chance ne pas me déconcentr­er par tout de jouer ce tournoi en tant ce qu’il y avait autour. Sauf à un qu’amateur quatre ou cinq fois, moment. Tiger Woods est parti un donc je savais où je mettais les peu après moi. Et lors de deux pieds. À la base, on ne peut pas premiers tours, quand j’étais sur rater le coup du un. Mais le jour le green du , il était sur celui du du British, ça devient tout à coup , à dix mètres de moi. Tiger, c’est beaucoup plus une légende.

‘‘ étroit. Il y a une C’est une idole

Le British a énorme tribune pour tout le à droite, il y a du monde. Là,

été la cerise public, il y a du c’était plus dur

sur le gâteau” bruit. Et à de rester dans l’annonce de ma bulle. J’avais mon nom, c’est une sensation envie de le regarder putter! unique. Vous avez réalisé un rêve On réalise à ce moment-là qu’on d’enfant en participan­t à cet fait partie des grands ? Open... Je ne suis qu’une petite souris au Carrément. Quand j’ai commencé départ. Mais j’avais fait un gros le golf, le but était de vivre ces travail toute la saison sur la moments-là. Et maintenant que je concentrat­ion, sur ce que j’avais à l’ai vécu, j’ai envie d’y retourner le faire. Ça m’a beaucoup servi. J’ai plus vite possible.. réussi à rester dans mon truc et à Malgré tout, vous allez continuer Romain Langasque, drive en main, a pu côtoyer l’été dernier le gratin du golf lors du British Open. Il ne devrait pas tarder à en faire partie. (Photos AFP)

quelques mois chez les amateurs... Oui, car ma victoire lors du British amateur m’a permis de bénéficier d’invitation­s pour le British Open, le Masters d’Augusta et l’US Open. Si j’étais passé pro, je n’aurais pas pu les jouer. Je ne vais pas attendre l’US Open pour basculer pro, mais je vais jouer le Masters en avril en tant qu’amateur. La semaine suivante, je serai profession­nel. Du coup, je pourrai gagner de l’argent en jouant au golf, ce qui n’est pas possible dans le monde amateur. Même quand j’ai passé le cut du Bristish Open, je n’ai rien gagné. Comment s’est déroulée cette dernière saison chez les amateurs? Il y a un an, j’ai hésité à passer pro. J’ai décidé de rester amateur pour tout casser. Même si j’avais pas gagné le British amateur, ma

saison était réussie. J’avais gagné quatre tournois dont un avec neuf coups d’avance. J’aurais peut-être été  mondial et pas , mais

e j’avais passé un cap. Le British a été la cerise sur le gâteau. Ce qui a été important lors de cette saison, c’est que je me suis mis souvent en position de gagner. Et même si je n’ai pas gagné à chaque fois, le fait d’être en position était très important. Car à un moment, ça tombe. Aujourd’hui je me sens à ma place, prêt pour passer cette nouvelle étape Avec Victor Dubuisson, Alexander Levy, Romain Wattel et vous, il y a une sacrée génération qui émerge. Comment expliquez-vous cela? Cela est possible grâce à l’investisse­ment de la fédération. Ils ont mis des moyens en place. Cela permet aux joueurs de parcourir le monde, de découvrir des parcours différents, de progresser au contact des meilleurs. Du coup au British, je me sentais un peu à l’écart car je ne connaissai­s personne. Mais au niveau du jeu, du parcours j’étais à l’aise. Peut-on envisager qu’un Français gagne prochainem­ent un Majeur? C’est dans la mesure du possible. On en est capable en tout cas. Victor a gagné deux tournois méga-relevés (le Turkish Airlines Open en  et en , Ndlr), Alex s’est mis en position. Ça pourrait donner une nouvelle envergure au golf. L’aider à se développer en France. Quelle va être la suite de votre programme? Je ne pars pas en vacances pendant les fêtes, je reste à la maison pour travailler. Je devrais reprendre la compétitio­n mijanvier. D’ici là, je vais bosser le putting. C’est la clé chez les pros. Cela permet de sauver un par, et de rester dans la partie. Ou de faire birdie et d’installer une bonne dynamique.

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